Université de Franche-Comté

GRAND FORMAT

Sport, entreprise et science
sur le même podium

Imminence des Jeux olympiques de la jeunesse de Lausanne ce mois de janvier 2020, préparatifs en vue des JO de Tokyo de juillet, fébrilité à l’idée des Jeux de Paris de 2024, l’olympisme et le sport de manière générale sont sur le devant de la scène…

Reconnaissance ad vitam aeternam pour les athlètes de l’Antiquité

Stèle de Me[gakles] et sa soeur – Marbre – Hauteur totale avec le chapiteau et le sphinx de couronnement : 4,23 m Vers 530 av. J.-C. (Richter Ic)

On le sait, les Jeux olympiques tels que nous les connaissons, remis au goût du jour à la fin du XIXe siècle et qui ont depuis fait l’objet de nombreuses évolutions, puisent leurs racines dans l’Antiquité.
Les concours olympiques institués dès le VIIIe siècle avant J.-C. s’intégraient à des célébrations religieuses organisées en l’honneur des dieux. La célèbre devise, prêtée à tort à Pierre de Coubertin « l’important, c’est de participer » n’a pas cours à cette époque, où l’important au contraire pour un athlète était de gagner, de se voir auréolé de gloire et par là même sa famille et sa cité. Pour célébrer les vainqueurs et leurs exploits, on érigeait des statues et on composait des odes dans lesquelles se mêlaient poésie, musique et danse.

Les Olympiques sont un recueil de 14 odes écrites au Ve siècle av. J.-C. par le poète grec Pindare, chacune immortalisant le triomphe d’un athlète dans des disciplines telles que la course de chevaux montés, la course de chars, le pugilat, la lutte, la course à pied et le pentathlon. Cette œuvre majeure a fait l’objet dès l’Antiquité d’abondants commentaires portés en marge du texte même de Pindare : les scholies. Rédigées en grec, les scholies n’avaient jamais été traduites en français ni donné lieu à un commentaire systématique approfondi : cet important travail de recherche est désormais conduit à l’ISTA par une équipe menée par Michel Fartzoff, professeur de langue et littérature grecques à l’université de Franche-Comté, et bénéficie de collaborations nationales et internationales. « La poésie des Olympiques est très savante, la comprendre est un vrai défi linguistique et stylistique ; elle fait de plus largement référence à la mythologie, à l’histoire et à la vie politique, intéressant les spécialistes de ces domaines. »

Tous experts de l’Antiquité, Michel Fartzoff, Sylvie David, Claire Poulle et Cécile Daude, pour l’équipe bisontine, ont réuni leurs forces pour se lancer dans la traduction commentée des scholies à l’œuvre de Pindare, qu’ils rendent accessibles et intelligibles grâce à des notes philologiques, littéraires et historiques. La première Olympique, écrite en l’honneur de Hiéron Ier, notable de Syracuse qui s’illustra dans la course de chevaux montés en 476 av. J.-C., composée de 186 vers, a ainsi donné naissance à un ouvrage de près de 500 pages, édité en 2013. C’est que le livre propose la première traduction française du texte original de ces commentaires, qui à travers les siècles ont accompagné ses différentes éditions. « Les odes de Pindare se sont complétées de scholies dès le IIIe siècle av. J.-C., par les savants de la bibliothèque d’Alexandrie, puis à l’époque romaine, et plus tard encore au Moyen Âge et à la Renaissance. Outre la compréhension et l’analyse du texte original, l’interculturalité et la réception de l’Antiquité à différentes périodes de l’histoire, dont témoignent ces écrits séculaires, sont passionnants pour la recherche. Et ils constituent l’une des plus anciennes sources de réflexion sur ce que signifient l’effort, la compétition, l’échec ou la victoire dans les compétitions sportives. »

 

 

Les concours olympiques : aux sources de l’histoire de l’art

Pendant le court instant de la victoire, l’athlète se rapproche des dieux. Comme la poésie, la peinture et la sculpture immortalisent sa consécration et l’état de grâce qui l’accompagne. La représentation des dieux, sans qui le triomphe n’aurait pas été possible, est incontournable. Certains vases antiques figurent sur une face le demi-dieu Héraclès, héros mythique indissociablement lié à l’histoire des Concours, et sur la face opposée l’athlète que l’on célèbre. Les statues en marbre prenaient place aux abords des temples, perpétuant le souvenir de la victoire auprès des visiteurs. « Le Ve siècle av. J.-C. marque un tournant dans la maîtrise des arts grâce au développement de nouvelles techniques, notamment en sculpture, qui dès lors peut représenter les corps en mouvement », explique Sophie Montel, spécialiste d’histoire de l’art et d’archéologie du monde grec à l’université de Franche-Comté.

Aryballe – Tête de guerrier et oiseau
H : 8,30 cm ; D : 8 cm. – Vers 600 – 575 av. J.-C.

Mais pendant plus de 1 000 ans, du 7e siècle av. J.-C. jusqu’à la fin de l’Antiquité, certains symboles investissent invariablement les représentations graphiques, aryballes contenant de l’huile parfumée pour s’enduire le corps, strigiles, sortes de racloirs en bronze pour le débarrasser, après les épreuves, de la sueur, de l’huile et du sable dont il était couvert, présence d’un serviteur portant le manteau de l’athlète concourant nu. Si ces éléments récurrents, de même que certains écrits, aident à déchiffrer le sens des œuvres, celles-ci possèdent néanmoins des clés de compréhension propres à chaque sculpteur et à chaque peintre.

« Le sujet des représentations antiques semble rebattu, pourtant il reste des pistes passionnantes à explorer, comme celle de la polychromie des statues. » Soigneusement entretenu, le mythe de « la Grèce blanche », de la pureté antique, continue à vivre de nos jours. Pourtant l’emploi de la couleur à cette époque est attesté, des mélanges de matériaux et l’application de peintures figuraient jusqu’aux traces de sang laissées par des blessures sur les corps des athlètes. « Mais la couleur n’a pas toujours survécu au temps, pérennisant la croyance de la blancheur soi-disant volontaire des statues. » Leur réelle apparence et leur impact visuel sur la société sont au cœur des recherches de Sophie Montel. Celles-ci pourraient bénéficier de nouvelles perspectives au sein du futur CEROU, le Centre d’études et de recherches olympiques universitaires.

 

 

 

De tout temps en lice : l’argent

Photo by Jonathan Chng on Unsplash

Les participants aux concours antiques étaient de jeunes gens riches, tyrans de cité pour la plupart, qui en réalité ne concouraient pas toujours eux-mêmes. Théron, tyran d’Agrigente en Sicile, vainqueur à la course de chars et célébré dans la deuxième Olympique de Pindare, possédait sa propre écurie, recrutait des jockeys et organisait les entraînements. Et pour ces raisons recevait la couronne de lauriers.
L’argent reste un moteur essentiel pour pouvoir accéder au sport de haut niveau, ce sont aujourd’hui les sponsors et les États qui jouent ce rôle.

 

Dans une table ronde organisée à La Chaux-de-Fonds en novembre dernier, Denis Oswald, professeur émérite en droit du sport à l’université de Neuchâtel, directeur du Centre international d’études du sport (CIES) et membre du CIO, souligne une organisation du sport très différente selon les pays. « En Suisse ou dans les pays scandinaves par exemple, le sport est une affaire privée. Le soutien des gouvernements est essentiellement accordé au sport scolaire et de masse, mais peu au sport d’élite et de compétition. D’autres ressources sont donc nécessaires pour que les clubs et les athlètes puissent se mesurer à l’international. » Médaillé de bronze en aviron aux JO de Mexico en 1968, Denis Oswald se souvient qu’à cette époque les athlètes de certaines régions du monde, notamment les Africains, étaient très peu représentés. « C’est grâce à l’aide financière de grandes entreprises, via le CIO, que ces athlètes ont pu entrer et progresser dans la compétition. Il y avait 112 pays participants à Mexico, ils sont aujourd’hui plus de 200 ! »
En France, l’État exerce une tutelle relayée par les fédérations, ce qui n’exclut nullement le soutien de sponsors. Directeur du Centre Lucien Febvre à l’université de Franche-Comté, historien du sport, Paul Dietschy souligne « le rôle des instances spécialisées, qui, dans cette organisation, exercent un contrôle de gestion sur les partenariats public / privé ». La crainte de l’ingérence de l’entreprise dans l’autonomie des clubs et de la potentielle fragilité de ces derniers vis-à-vis d’une source de financement privée, est une question qui concerne tous les niveaux en sport, de l’équipe locale à la team internationale.
Il semble que l’engagement et la force des dirigeants et des fédérations sportives soient, les premiers, garants du respect des valeurs du sport et du maintien d’un équilibre nécessaire entre sport et entreprise.

 

Le CEROU dans les starting-blocks

Première structure de cet acabit en France, le CEROU, Centre d’études et de recherches olympiques universitaires, est né de la volonté et de la longue expérience d’Éric Monnin, enseignant-chercheur en histoire et sociologie du sport au laboratoire C3S, spécialiste de la question olympique, vice-président de l’université de Franche-Comté délégué à l’Olympisme – Génération 2024. Son objectif ? Fédérer et gérer des projets de recherche, et développer les liens entre les chercheurs et le monde olympique, CIO en tête. La recherche en activités physiques et sportives est concernée au premier chef, mais pas seulement : des projets sont envisagés avec le CRESE (Centre de recherche sur les stratégies économiques), le CRJFC (Centre de recherche juridiques de Franche-Comté), l’ISTA (Institut des sciences et techniques de l’Antiquité), montrant à quel point l’olympisme est un sujet transverse et universel, à l’image des valeurs qu’il véhicule. « L’olympisme est un objet frontière, un objet carrefour d’idées ; il fédère les acteurs du sport, de la recherche, du social autour de projets intéressant une ville voire l’ensemble de la société », souligne Éric Monnin. Le CEROU promet de tenir une place particulièrement intéressante dans le paysage sportif français, à l’heure où se profilent les JO de 2024. Sa fondation renforce l’engagement de l’université de Franche-Comté, qui a été l’une des premières en France à obtenir le label Génération 2024, en février 2019.

 

Sport et entreprise : un objectif, la performance

« Sport et entreprise sont deux mondes que pendant longtemps on a tenu à séparer », indique Laurent Tissot, historien et professeur émérite de l’université de Neuchâtel. « Aujourd’hui il n’existe plus de frontière entre eux, en témoignent les concepts de performance et de rentabilité, qui leur sont communs. Ce sont tous deux des mondes d’inégalité, dans lesquels il est indispensable de se battre, de se surpasser pour réussir. » Deux mondes qui se comprennent donc, et dont les liens se forgent dès la Belle Époque.

À la fin du XIXe siècle, avec l’essor de l’industrie et du salariat à plein temps se sont établis des temps de pause normés. Pour occuper sainement ce temps libre, des entreprises comme Les Galeries Lafayette, la Société Générale ou Citroën ne tardent pas à créer des unions sportives auxquelles adhèrent un grand nombre d’employés, dont l’esprit d’équipe rejaillit favorablement sur l’efficacité de l’organisation du travail. Peugeot et Renault organisent des courses cyclistes et automobiles, participent à de grandes rencontres internationales.
« En 1903, Peugeot remporte les 500 miles d’Indianapolis, très vite les entreprises se servent du sport pour soigner leur image et faire vendre », raconte Paul Dietschy. Très vite aussi la fabrication d’articles de sport est lancée, encouragée par l’essor des sports d’hiver ou la pratique de loisir comme le tennis. La presse spécialisée apparaît, en France elle ne comptera pas moins de 1 500 titres de périodicités diverses entre 1880 et 1914. Les fabricants de biscuits, d’alcools ou de gomina se servent du sport pour soutenir leurs campagnes de publicité, et l’avènement de la société de consommation dans les années 1950 renforce la manne que représente le sport pour l’économie.

 

 

 

Regain d’intérêt pour l’histoire du sport en Suisse

L’histoire du sport connaît un regain d’intérêt dans le monde universitaire en Suisse, comme en témoigne la publication, par le CIES, de L’histoire du sport en Suisse, en français et allemand. Historien et chercheur scientifique au CIES, Thomas Busset en est l’un des co-auteurs : « Ce volume réunit les contributions de deux colloques organisés, l’un en 2017 à Lucerne, le second en 2018 à Neuchâtel, qui ont permis d’établir le bilan et les perspectives de la recherche en ce domaine, en intégrant notamment au propos les résultats de travaux actuels menés par de jeunes chercheurs ».

Thomas Busset est également l’instigateur, aux côtés de Laurent Tissot, du colloque Sports et entreprises organisé à La Chaux-de-Fonds en novembre dernier. Cette rencontre était accueillie au musée d’histoire, qui propose parallèlement et jusqu’en août 2020 l’exposition Culture clubs, naissance d’une métropole sportive.

 

La science entre dans la mêlée

Associés de longue date, les mondes du sport et de l’entreprise agrandissent le cercle en accueillant celui de la science, qui apporte notamment sa contribution à une quête de la performance de plus en plus pointue. La création du LabCom LAME (Laboratoire athlète matériel environnement) en mars 2019 est une illustration exemplaire de ce fonctionnement ; ce laboratoire issu d’un partenariat public / privé est à ce jour le seul de ce type dédiée au sport.

LAME lie l’université de Franche-Comté, par le biais de l’U-Sports et du laboratoire C3S, et l’équipe cycliste professionnelle Groupama-FDJ. La première apporte l’expertise en physiologie, biomécanique et neurosciences de ses chercheurs, ainsi que la participation de ses étudiants, la seconde son expérience de terrain, ses équipements et la collaboration de ses cyclistes professionnels. Alain Groslambert, responsable de l’axe Sport et performance au C3S, et Frédéric Grappe, directeur de la performance à Groupama-FDJ, sont les codirigeants du LabCom. « C’est un partenariat gagnant-gagnant, la recherche publique bénéficiant de retours de terrain indispensables à l’avancée de ses travaux, l’entreprise et son équipe sportive d’une caution scientifique qui leur confère une véritable valeur ajoutée. »

Ingénieurs et doctorants travaillent notamment sur la thermorégulation des équipements des cyclistes, pour les meilleures conditions de confort possible. Les conditions approchant celles que devraient connaître les coureurs à Tokyo cet été, température et humidité élevées, font l’objet de simulations dans des espaces adaptés. Les tests portent sur des mélanges de textiles que les fabricants mettent en œuvre. Scénario identique pour l’étude des propriétés mécaniques et aérodynamiques de roues de vélo, en vue d’optimiser le rendement et la résistance de roulement au sol des pneus : un système susceptible d’être breveté a été développé ; il fonctionne en laboratoire et sur le terrain, puisqu’il peut être installé directement sur le vélo.
Le LabCom LAME a pris ses quartiers au COPS, le Complexe d’optimisation de la performance installé tout récemment dans des locaux privés à Besançon, qui dispose, entre autres équipements de pointe, d’une chambre de cryothérapie, d’une Thermo-Room reproduisant des conditions de chaleur jusqu’à 35 ° C, et bientôt de plusieurs appartements qui permettront de dormir en hypoxie en simulant le manque d’apport en oxygène rencontré à des altitudes supérieures à 2 000 m. S’appuyant sur le matériel et les compétences du COPS, le laboratoire C3S est membre du projet HYPOXPERF, qui vient d’être déposé auprès de l’ANR et devrait réunir onze laboratoires de recherche et dix fédérations sportives courant 2020. Porté pour UBFC par Philippe Gimenez, enseignant-chercheur au C3S, ce projet s’intéresse à la relation entre hypoxie et cryothérapie, dont les effets bénéfiques pourraient compenser les impacts délétères d’une privation d’oxygène dans les tissus de l’organisme. Les installations et les savoir-faire développés seraient dans ce cadre mis à disposition de plusieurs fédérations olympiques en vue des JO de Paris.

 

Des athlètes en forme malgré le jet lag

Le décalage horaire est également susceptible d’influer sur la performance des athlètes. Les JO de Tokyo se prêtent particulièrement bien à une étude sur le sujet : le décalage est important, 7 heures, et intervient de surcroît dans le sens d’une « réduction » de la durée de la veille, puisque le déplacement se fait vers l’est. Or notre horloge biologique interne fonctionne naturellement sur un rythme supérieur à

Photo Vadim Khromov / Unsplash

24 heures. Contraindre l’organisme à s’adapter brutalement à l’inverse est un exercice difficile, que des chercheurs souhaitent alléger par la mise en place d’une stratégie adaptative de gestion du décalage horaire. Fabienne Mougin-Guillaume et Élisabeth Petit-Chanteau sont toutes deux enseignantes à l’U-Sports ; chercheures au laboratoire Marqueurs pronostiques et facteurs de régulation des pathologies cardiaques et vasculaires de l’université de Franche-Comté, elles travaillent depuis de nombreuses années sur les relations entre sommeil et sport. « Les rythmes circadiens de la température corporelle et des secrétions hormonales, principalement celles du cortisol et de la mélatonine, sont largement impliqués dans la synchronisation du rythme veille / sommeil. En plus de ces rythmes endogènes, l’alternance lumière-obscurité est le synchroniseur extérieur le plus puissant impliqué, qui impacte donc nos besoins de sommeil », explique Fabienne Mougin-Guillaume.

Les athlètes des prochains JO seront confrontés, en plein été, à un coucher de soleil sur Tokyo à 17 h 30, une perturbation qui s’ajoute à celle provoquée par le décalage horaire. L’idée est de les préparer pour que leur horloge biologique interne se resynchronise le plus rapidement possible aux horaires du Japon et qu’ils tolèrent mieux le décalage. Pour y parvenir, les chercheurs préconisent la prise de mélatonine, à de faibles doses et selon des horaires très étudiés, et le recours à la luminothérapie, tout en décalant progressivement le rythme veille / sommeil. « Pour chaque athlète, nous étudions comment cette association influence le sommeil et sa composition, des facteurs clés de la performance sportive », précise Lucas Garbellotto, doctorant à l’U-Sports, dont c’est le sujet de la thèse CIFRE qu’il réalise sous contrat avec la Fédération française de cyclisme (FFC). Une étude préliminaire a pu être menée sur le terrain, lors de l’épreuve préolympique (Test Event) organisée en octobre dernier à Tokyo, et qui a concerné sept athlètes de la FFC pressentis pour les JO. La performance physique de ces sportifs de très haut niveau a au préalable été évaluée sur la plateforme EPSI (Exercice, performance, santé, innovation), développée par l’université de Franche-Comté et le CHU de Besançon, et qui sera à nouveau sollicitée pour les expérimentations suivantes.

 

Le cerveau peut-il aider les muscles ?

Photo Braden Collum / Unsplash

Les capacités du cerveau sont elles aussi interrogées par les scientifiques : stimuler certaines zones du cerveau rend-il possible l’amélioration de la performance physique ? À mi-chemin entre STAPS et neurosciences, un projet mené par Sidney Grosprêtre au laboratoire C3S tente de répondre à ce questionnement, en s’appuyant sur les compétences développées à l’université de Franche-Comté dans les deux domaines, en partenariat avec le CHU de Besançon. Les travaux en neurosciences s’attachent à aider les patients souffrant de maladies dégénératives, de dépression ou encore d’addictions. La stimulation transcrânienne est un outil au service de cette ambition, que développent depuis plusieurs années, avec succès, le professeur Emmanuel Haffen et son équipe au laboratoire de Neurosciences intégratives et cliniques de l’université. Une méthode désormais testée dans un tout autre cadre, celui de l’entraînement de sportifs de haut niveau. « L’étude porte sur le circuit électrique que constitue le cerveau. Ce sont des marqueurs objectifs qui nous renseignent sur des compétences cognitives comme le traitement de l’information, la prise de décision, le temps de réaction, le déclenchement d’une commande, selon que l’on active ou non certaines zones du cerveau. Nous regardons comment les signaux transitent du cerveau aux muscles », explique Sidney Grosprêtre. Le projet de recherche s’intéresse à deux publics, les « sportifs explosifs » qui ont à gérer des tensions très intenses et très courtes, comme des sauts ou du sprint, et les athlètes de l’endurance, qui ont à faire preuve d’une gestion totalement différente de leurs efforts. Le projet s’intéresse aussi aux sujets sédentaires et prendra en compte le niveau d’expertise des pratiquants sportifs, de l’amateur au sportif de haut niveau.

Inédit, le protocole consiste à administrer une stimulation électrique de très faible intensité (2 mA) en direction de différentes zones de leur cerveau. Pour éviter tout biais et garantir une fiabilité scientifique irréprochable à l’étude, le traitement est administré en aveugle, une fois réellement, une fois sans qu’aucune impulsion électrique ne soit envoyée. Aucun des participants n’a pu établir de différence de perception entre ces deux phases. Le recrutement est effectué auprès de sportifs de haut niveau, mais non professionnels, pour éviter toute insinuation de dopage lors d’une épreuve officielle. Si l’étude, en cours, ne peut pas encore livrer toutes ses conclusions, le chercheur révèle cependant que la stimulation semble bien avoir des effets positifs sur certaines performances motrices, et que ces performances sont différentes selon la zone du cerveau stimulée. Le projet prévoit d’inclure des sportifs de niveaux de pratiques variés, afin d’établir des comparaisons non seulement selon le type d’efforts à fournir, mais aussi en fonction des performances déjà atteintes. Sidney Grosprêtre souligne que « les neurosciences, de plus en plus prises en compte dans l’entraînement sportif, entrent parallèlement pleinement dans la recherche en activités physiques et sportives ».

 

Performance captée sur fauteuil handisport

La plateforme partenariale de l’ENSMM développe des projets menés par les étudiants et les enseignants pour répondre aux demandes des entreprises. Des sportifs de haut niveau aussi. Le Vésulien et athlète handisport Julien Casoli, plusieurs fois médaillé aux JO et aux championnats du monde, a sollicité ses compétences pour deux projets : après la réalisation de gants d’athlétisme en impression 3D à partir d’un modèle numérique, c’est le fauteuil du sportif qui est désormais au cœur des préoccupations.

Julien Casoli à Doha en 2015

« L’idée est d’équiper le fauteuil de Julien Casoli de capteurs lui permettant de connaître la puissance réelle qu’il développe au cours de ses entraînements », explique Damien Teyssieux, enseignant-chercheur en électronique et optique, tuteur de ce projet à l’ENSMM. Il existe bien des capteurs répondant à cette demande sur le marché, mais ils ne sont ici pas adaptés aux mouvements ». Des mouvements discontinus, puisque l’athlète procède par à-coups pour transmettre l’énergie de ses bras au fauteuil. Le cahier des charges impose donc des prises de mesures instantanées, bousculant les approches conventionnelles. Les capteurs sont fixés sur le support reliant la main courante à la roue. « Le support doit être bien équilibré en termes de résistance mécanique : la déformation doit être suffisante pour pouvoir être enregistrée, mais pas trop importante pour ne pas perdre d’énergie. » L’électronique prend ensuite le relais pour transmettre les informations sur smartphone. Le projet a donné lieu à la réalisation de deux prototypes en fin d’année 2019, et devrait être finalisé dans le courant de l’année 2020.

 

 

Exercices intensifs pour la fac de sport

Ça bouge à la fac de sport, à l’UPFR des Sports plus exactement, l’Unité de promotion, de formation et de recherche des sports de l’université de Franche-Comté, aussi abrégée en U-Sports, et qui chapeaute deux entités : l’UFR STAPS, dédiée à la formation et à la recherche, et Campus Sports, dont la vocation est de mettre la pratique du sport à la portée de tous les étudiants et personnels de l’université.

Photo Frederik Trovatten / Unsplash

L’ouverture de la mention de licence ESPM, Ergonomie du sport et performance motrice, est active en ce début janvier après trois semestres de tronc commun. Une année pleine est organisée à Montbéliard, en collaboration avec l’UTBM et son équipe de spécialistes en ergonomie menée par Jean-Claude Sagot. Cette nouvelle mention est une réponse apportée à l’augmentation du nombre d’étudiants inscrits dans la filière. Elle est aussi l’occasion d’étoffer l’offre de formation de l’U-Sports, qui propose désormais les cinq mentions de licence de STAPS. « La mise en place du master IEAP est à l’étude pour une poursuite de cursus, sur place, dans cette spécialité », précise Vincent Peseux, directeur de l’UFR STAPS.
Parallèlement à la gestion de l’explosion du nombre d’inscrits, passé en première année de 278 en 2011 à 600 en 2019, l’U-Sports met en œuvre le Plan réussite du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, en organisant par exemple le passage de la licence en quatre ans, l’accompagnement personnel de tous les étudiants de première année et la mise en place d’actions de tutorat. « Nous proposons également une aide à l’orientation, notamment aux jeunes trop en difficulté, par le biais de soirées métiers, de rencontres avec les partenaires et d’ateliers projet professionnel inclus dans la formation », explique Cédric Robert, directeur des études.
Plusieurs diplômes d’université (DU) sont mis en place, permettant d’acquérir un complément de formation dans un domaine particulier. Ces diplômes pilotés par des enseignants spécialistes s’adressent aux étudiants et professionnels en formation continue désireux d’acquérir de nouvelles compétences ou d’actualiser leurs connaissances. Des Formations universitaires professionnalisantes (FUP) répondent par ailleurs à des besoins ponctuels et ciblés de la part des entreprises ou des collectivités. Ce sont des sessions à la carte, au volume horaire variable, organisées en cours d’année sur le sujet voulu.

 

La compétition, le loisir aussi

Photo Pixabay

Inciter à la pratique sportive en tant que loisir est une mission assurée par Campus Sports. Plus de 30 activités sont inscrites à son programme, de l’aïkido à la salsa cubaine en passant par le futsal ou les arts du cirque. « La pratique sportive a largement progressé auprès de nos étudiants puisqu’on dénombre aujourd’hui 6 570 inscrits contre 3 000 il y a 10 ans », raconte Claude Parratte, directeur de Campus Sports, et qui note une forte attirance pour les activités bien-être et santé, comme le pilates, le fit boxing ou encore l’acroyoga.
Autre signe des temps, la mutualisation des équipements sportifs de l’université et de la ville, ainsi que l’ouverture du campus aux habitants.
Et si la fréquentation des terrains de tennis, de beach volley ou de football, en accès libre depuis 10 ans, est importante, elle s’organise de façon spontanée et sans heurts. « Le dispositif suppose une maintenance en rapport, mais nous n’avons pas à déplorer de dégradations. » Le projet Area Sport 2020, financé par la Communauté urbaine Grand Besançon Métropole à hauteur de 3 millions d’euros, devrait renforcer cette entreprise ; il prévoit notamment la réhabilitation de la piste d’athlétisme et la création d’une Maison des sports, ouvrant la pratique sportive à d’autres disciplines.
Que le meilleur gagne ! ou L’important, c’est de participer… à chacun sa devise !

 

 

 

Publications :

Busset T., Jucker M., Koller C., Histoire du sport en Suisse / Sportgeschichte in der Schweiz, Éditions CIES, 2019
Dietschy P., Pivato S., Storia dello sport in Italia, Éditions Il Mulino, 2019
Prix Mario Alighiero Manacorda 2019 décerné par la Società italiana di storia dello sport (SISS)
Dietschy P., Le sport et la Grande Guerre, Éditions Chistera, 2018
Prix Lucien Febvre 2019 décerné par l’Association du livre et des auteurs comtois (ALAC)
Monnin É., De Chamonix à PyeongChang. Un siècle d’olympisme, Meolans-Revel, Éditions Désiris, 2017,
préfacé par le président du CIO, édité en français et en coréen.

 

 

Contacts :

Université de Franche-Comté

ISTA - Institut des sciences et techniques de l’Antiquité

Michel Fartzoff / Sophie Montel
Tél. +33 (0)3 81 66 54 53 / 51 70



Maison de l'université

Éric Monnin
Tél. +33 (0)3 81 66 50 04



LabCom LAME

Alain Groslambert / Frédéric Grappe
Tél. +33 (0)6 65 61 30 22



Laboratoire C3S – Culture, sport, santé, société

Sidney Grosprêtre
Tél. +33 (0)3 81 66 67 99



Centre Lucien Febvre

Paul Dietschy
Tél. +33 (0)3 81 66 54 33



Laboratoire Marqueurs pronostiques et facteurs de régulation des pathologies cardiaques et vasculaires

Fabienne Mougin-Guillaume / Élisabeth Petit-Chanteau / Lucas Garbellotto
Tél. +33 (0)3 63 08 25 85



U-Sports

Vincent Peseux / Cédric Robert / Claude Parratte
Tél. +33 (0)3 81 66 67 88 / 67 83 / 67 90 / 63 64



Centre international d’études du sport - CIES

Denis Oswald / Thomas Busset
Tél. +41 (0)32 718 39 00 / 39 11
www.cies.ch



Université de Neuchâtel - Institut d’histoire

Laurent Tissot
Tél. +41 (0)32 718 17 33



ENSMM - Plateforme partenariale

Damien Teyssieux
plateforme@ens2m.fr


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