Université de Franche-Comté

Productions pharmaceutiques innovantes à Besançon

Photo Testalize.me – Unsplash

En marge des collectes qu’elle organise et de sa mission de gestion des produits sanguins et dérivés, son rôle le plus connu du grand public, l’Établissement français du sang (EFS) développe des activités de recherche sur l’ensemble du territoire et assure la fabrication des médicaments issus de ces recherches. L’EFS est un établissement pharmaceutique composé d’un siège et de quatre plateformes de production de médicaments en France : Grenoble, Créteil, Nantes et Besançon. La plateforme bisontine de l’EFS BFC est depuis sept ans habilitée à produire des médicaments de thérapie innovante (MTI), un aboutissement de nombreuses années de recherches en immuno­thérapie menées au laboratoire RIGHT. Utiliser les cellules du système immunitaire comme un traitement est un domaine dans lequel les chercheurs bisontins se sont montrés précurseurs, et qui a reçu un écho favorable auprès du tissu industriel et académique local, en même temps qu’il a bénéficié de soutiens financiers, notamment de la part de la Région Bourgogne – Franche-Comté.

Dans les salles blanches dont la plateforme MTI est équipée, Jeanne Galaine est pharmacien adjoint ; elle participe à la certification des lots de MTI permettant d’attester que ceux-ci ont été fabriqués, contrôlés et identifiés conformément à la réglementation des Bonnes pratiques de fabrication pharmaceutiques (BPF) et dans le respect des exigences retenues pour l’autorisation de recherche biomédicale. Mise à disposition à l’EFS par le CHU de Besançon pour son activité pharmaceutique, Jeanne Galaine dispense aussi des cours à l’Université de Franche-Comté et mène des travaux de recherche à l’unité RIGHT. La chercheuse vient d’obtenir un financement de l’ordre de 30 000 € de la part de la Ligue contre le cancer pour la mise au point d’un modèle de souris permettant d’évaluer in vivo l’efficacité et la sécurité de CAR T­-­Cells allogéniques rendus universels. « Le projet que nous développons avec Yann Godet est complémentaire aux travaux que mènent au laboratoire RIGHT les équipes de Christophe Ferrand et Marina Deschamps, et de Francine Garnache­-­Ottou, respectivement à l’origine des start-up CanCell Therapeutics et Carla Biotherapeutics. »

Les recherches de ces équipes portent sur le développement de nouveaux récepteurs chimériques ou CAR (Chimeric Antigen Receptor), aptes à reconnaître de manière spécifique les cellules tumorales ; l’ADN codant pour ces récepteurs CAR est ensuite introduit dans les lymphocytes T, des globules blancs redoutables du système immunitaire capables de s’attaquer à la fois aux pathogènes comme les virus et les bactéries, et aux cellules cancéreuses : à la manière d’un GPS, le récepteur CAR guide le lymphocyte T vers les cellules cancéreuses pour qu’il les détruise, et qu’il ne détruise qu’elles. Les CAR T-Cells, ainsi dénommés, sont de purs produits de la thérapie cellulaire et génique. Les lymphocytes T sont prélevés dans le sang des patients, modifiés, puis sont réinjectés au même patient, une opération parfaitement maîtrisée mais qui suppose plusieurs semaines de délai avant de pouvoir être disponible.

Le projet porté par Jeanne Galaine vise à optimiser cette thérapie, en préparant en amont des lymphocytes T « universels », modifiés avec le CAR et susceptibles de remplir leur rôle de la même manière que ceux du patient. Les lymphocytes T proviennent ici de sang placentaire, voire du sang de donneurs, dont on retire les molécules allogéniques pour qu’ils soient compatibles avec le sang de tous les patients. Congelés, ils pourraient constituer une banque de CAR-T Cells et seraient disponibles à la demande rapidement. Jeanne Galaine souligne que la stratégie de CAR-T Cells allogéniques pourrait autoriser la production de plusieurs lots de MTI au cours de la même campagne, ce qui permettrait d’abaisser les coûts unitaires des MTI et de rendre les traitements plus abordables. Cette stratégie promet des avantages en termes non seulement de coût, mais aussi d’efficacité, puisqu’elle fait appel à des lymphocytes T de meilleure qualité, plus jeunes, et n’ayant pas été affectés par les traitements anticancéreux des premières lignes thérapeutiques. Les tests in vivo qui seront prochainement réalisés au laboratoire RIGHT devraient en valider le concept.

Contact(s) :
Laboratoire RIGHT
EFS / uFC  / INSERM
Jeanne Galaine
Tél. +33 (0)6 69 72 50 06
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