Université de Franche-Comté

[Botanique]

Les herbiers de Rousseau, une passion visible sur le net

L’amour de la nature transparaît dans nombre d’écrits de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), avant de se matérialiser dans une passion pour la botanique qui animera l’écrivain-philosophe les quinze dernières années de sa vie. Loin d’envisager cette science comme un simple passe-temps, Rousseau se révèle en être un expert exigeant. Les herbiers qu’il a constitués à partir de ses propres collectes ou de dons de botanistes reconnus représentent un corpus de 3 700 spécimens environ, donnant de précieuses indications sur les plantes européennes et exotiques du XVIIIe siècle. Des planches réa­lisées avec un soin méticuleux et de façon souvent artistique, enrichies de ses notes manus­crites.

Herbier

Herbier Jean-Jacques Rousseau, Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel – Photo Guillaume Kaufmann

Issus de quatorze collections disséminées dans diverses institutions en France et en Suisse, les herbiers de Rousseau ont été numérisés et sont désormais tous réunis sur le net, où ils sont à la disposition de la communauté scientifique et du grand public : inauguré en novembre dernier, le site lesherbiersderousseau.org est le fruit d’un projet de recherche audacieux, mené à la croisée de l’histoire, de la botanique et de l’informatique à l’université de Neuchâtel1. « Le site est destiné à des chercheurs de différentes disciplines, ainsi qu’au grand public qui souhaiterait découvrir une facette peu connue du philosophe ; les écrits et activités botaniques de Rousseau suscitent un intérêt croissant depuis une vingtaine d’années », relève Timothée Léchot, historien spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle, coresponsable scientifique du projet.

En donnant accès aux numérisations des herbiers, qu’ils ont par ailleurs scrupuleusement documentées, les chercheurs participent à la construction de nouvelles connaissances sur une part de l’œuvre du grand homme, exilé pendant plusieurs années à Môtiers, dans la principauté de Neuchâtel. Rousseau confiait en 1765  : « Je raffole de la botanique : cela ne fait qu’empirer tous les jours. Je n’ai plus que du foin dans la tête, je vais devenir plante moi-même un de ces matins ». La mise au jour de ses herbiers est aussi un hommage à cette passion.

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