Les biopsies optiques 3D permettront aux dermatologues d’établir le diagnostic précoce d’un cancer de la peau de manière non invasive et à moindre coût. Une nouvelle mission pour les microscopes optiques sur puce électronique développés à l’Institut FEMTO-ST, concrétisée dans le projet collaboratif européen VIAMOS.
Plus performants que l’échographie et plus adaptés que l’IRM pour cette application, les systèmes optiques d’imagerie ciblent les lésions de la peau avec une grande précision et en profondeur.
Ainsi, le microscope confocal justifie d’une excellente résolution et d’une profondeur de pénétration de 200 μm. D’une résolution un peu inférieure, mais largement suffisante, la tomographie optique cohérente (OCT) assure une pénétration minimale de 500 μm dans les tissus. « La profondeur d’observation se révèle ici exceptionnelle, jusqu’à 1,5 mm, et fonde tout l’intérêt de la technologie OCT », explique Christophe Gorecki, directeur de recherche CNRS à l’Institut FEMTO-ST et coordinateur du projet VIAMOS.
Reste que l’encombrement et le coût de tels équipements les rendent très rares en France et les réservent définitivement à l’hôpital. D’où l’idée de décliner la technique OCT dans un système miniature à faible coût, pour la mise au point d’un dispositif de détection précoce accessible à tous les praticiens, à l’hôpital comme en ville. Partant d’une expertise internationalement reconnue en interférométrie optique appliquée aux microsystèmes, la proposition des chercheurs de FEMTO-ST remporte l’adhésion des spécialistes au CHRU de Besançon, et donne naissance à VIAMOS, un projet collaboratif regroupant partenaires académiques, centres de recherche et entreprises.
150 fois plus petit que les systèmes OCT massifs, le dispositif VIAMOS est aussi dix fois moins cher grâce à la fabrication collective de ses microcomposants. « Il sera mis directement au contact de la peau d’un patient pour restituer des images 3D captées à 700 μm de profondeur, dans une région significative à la jonction du derme et de l’épiderme », précise Nicolas Passilly, chargé de recherche CNRS à FEMTO-ST.
Professeur de dermatologie au CHRU de Besançon, François Aubin souligne le caractère très novateur du projet. « L’exploration non invasive de la peau permettra de mieux apprécier des lésions cutanées suspectes ainsi que leurs limites, sans avoir à recourir à la biopsie ou à l’exérèse classique, parfois traumatisante, souvent inutile. »
Les premiers essais précliniques devraient démarrer dès 2015 et seront pris en charge techniquement et administrativement par le Centre d’investigation clinique en Innovation technologique (CIC-IT), interface entre l’ingénierie et la médecine. Lionel Pazart, médecin responsable du CIC-IT au CHRU de Besançon, vérifiera avec son équipe la validité de la technique par rapport à des images OCT acquises au préalable. Les diagnostics posés par les biopsies optique et classique feront par ailleurs l’objet de comparaisons.
« Pour mener à bien ce projet d’envergure, la rencontre entre chercheurs, industriels et cliniciens s’avère essentielle, remarque Lionel Pazart. Chacun doit se montrer ouvert et disposé à comprendre les contraintes et les enjeux des autres. »
Un point fort du consortium réunissant, outre l’Institut FEMTO-ST, le CHRU et l’UFR Sciences médicales et pharmaceutiques de l’université de Franche-Comté : VTT Centre national de recherche technique de Finlande, l’université de Stuttgart en Allemagne, l’Institut Fraunhofer-ENAS (Allemagne), le Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), les entreprises DermoScan en Allemagne et STATICE en France. VIAMOS représente un budget de 4,5 millions d’euros, dont 3,4 millions sont financés par l’Union européenne au titre de son septième programme-cadre.
Contact : Christophe Gorecki
Département MN2S
Institut FEMTO-ST
Université de Franche-Comté / ENSMM / UTBM / CNRS
Tél. (0033/0) 3 81 66 66 07