Université de Franche-Comté

Vers une planète intelligente

Caméras de surveillance, cartes à puces électroniques et capteurs en tous genres… l’informatisation de notre vie quotidienne ne fait aucun doute. La technologie connaît un développement exponentiel, les concepts smart se multiplient, les débats s’animent autour de nouvelles réflexions. Comprendre cette évolution et mesurer ses impacts suscitent l’intérêt, à l’heure où se profilent des changements de société fondamentaux.

 

 

Sur une vingtaine de kilomètres, l’autoroute de contournement de Genève compte… des centaines de milliers de capteurs ! Détecteurs de fumée, de verglas, de température, d’objets immobiles sur la chaussée…, cette autoroute intelligente n’est pas unique en son genre, mais illustre parfaitement la façon dont l’informatisation s’empare de notre quotidien. Les exemples foisonnent d’ailleurs et témoignent d’une volonté de rendre la vie non seulement plus sûre mais aussi plus facile et plus confortable par le biais de la surveillance. Sur la route, le trafic est passé au crible, heures de pointe, fluidité, embouteillages… Il en va de même pour la fréquentation des trains, horaires surchargés, lignes délaissées. Toutes ces expériences poursuivent le même but : optimiser les infrastructures existantes pour améliorer la qualité de vie des usagers et réduire les coûts liés à des fonctionnements inadéquats. Auparavant limitée à certains champs, l’informatisation gagne les transports, l’énergie, l’eau, l’éducation, la ville… des domaines déclinés en autant de smart solutions pour organiser nos vies futures en bonne intelligence.

 

 

Vue d'une ville de nuit

 

 

Y a-t-il un policier derrière la caméra  ?

Enseignant-chercheur en géographie à l’université de Neuchâtel, Francisco Klauser s’intéresse de près à toutes ces questions et, après avoir consacré plusieurs années de recherche à la surveillance liée à la gestion des risques (accidents, violence, terrorisme…), il considère désormais ce concept comme une « base de notre existence ». Sans passion excessive ni alarmisme, Francisco Klauser veut faire preuve de « techno-réalisme » et regarde comment les systèmes s’intègrent à un fonctionnement. « Seule, la technologie n’est rien. Le relais humain est primordial. » Ainsi, des caméras de surveillance dans un parking supposent, pour être efficaces, des hommes dans une centrale, une équipe de policiers prête à intervenir en cas d’agression, des agents de maintenance… L’ensemble du dispositif doit être performant.

 

« Les citoyens n’ont pas d’a priori négatif envers la technologie. Mais une véritable distance physique et mentale s’installe entre eux et ce type de contrôle. Quand on leur soumet des solutions aux problèmes d’insécurité, ils font le choix de l’humain et de la proximité. »

 

Et de l’autre côté de la caméra, quelle est la distribution des rôles ? La technologie peut être perçue par un policier soit comme une aide très utile, soit comme un instrument susceptible de remettre en cause son autorité légitime ou le bon déroulement de certaines missions. La responsabilité des acteurs privés, fabricants de technologie, dont les ambitions commerciales sont incontestables, peut aussi être questionnée. Et quel cadre juridique définir autour de l’utilisation de ces systèmes en constant renouvellement, offrant sans cesse de nouvelles fonctionnalités ?

 

Tout autant que les caméras de surveillance, les technologies de l’information et de la communication s’immiscent dans notre quotidien avec le plus grand naturel et leur lot de questions. Fragiles, ces systèmes nous renvoient à notre propre vulnérabilité s’ils venaient à faire défaut…

 

Pour autant, nous ne nous posons pas en victimes devant la technologie. Francisco Klauser ne craint pas le spectre de Big Brother. « Nous savons nous positionner et opposer une certaine résistance à la technologie, quand par exemple nous écornons la vérité dans notre profil Facebook, ou quand nous délaissons le GPS le temps d’une balade. » Et puis, si le smart- phone prend le pas sur le Guide du routard, c’est toujours nous qui choisissons le restaurant !

 

Contact : Francisco Klauser

Institut de géographie

Université de Neuchâtel

Tél. (0041/0) 32 718 16 79

 

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