Ce n’est pas la vitesse qu’ils visent, mais l’autonomie : les véhicules présentés au départ sur le circuit de Linas-Montlhéry (Essonne) ont à faire la démonstration de leurs capacités à se repérer dans l’espace, à trouver leur route, à contourner un obstacle, à freiner en cas de ralentissement, à laisser la priorité…, sans pilote aux commandes.
La team CIAD / UTBM est au rendez-vous du challenge européen annuel1 organisé sur ce site mythique, pour juger sur pièces des avancées de la recherche et des innovations portant sur les véhicules autonomes. Yassine Ruichek, enseignant-chercheur en vision multi-capteurs et intelligence artificielle, responsable de l’équipe comtoise, rappelle qu’un véhicule autonome « n’est autre qu’un robot équipé de capteurs ».
Mélange de mécanique, d’intelligence artificielle et de robotique donc, le véhicule sans pilote est amené à se déplacer dans des zones difficiles et à se localiser : ces deux axes étaient ceux choisis par l’équipe, ou plutôt les deux équipes, la première constituée de chercheurs et la seconde d’étudiants de l’UTBM, pour leur prestation lors de l’édition du challenge de mai dernier.
Avec un parcours urbain réalisé en 3 minutes dans son intégralité, à la vitesse moyenne de 30 km/h, les chercheurs ont démontré la suprématie de leur voiture, les plaçant à la tête du classement. « Outre les performances de navigation, l’intégration des capteurs, des calculateurs et des batteries, que nous avons réalisée nous-mêmes, est un point fort qui a été remarqué par les spécialistes », souligne Yassine Ruichek. Le confort, distingué lui aussi pour sa qualité, entre en ligne de compte pour l’évaluation. « Limiter les à-coups ou les sensations de mouvement de lacet est important pour faire baisser l’appréhension des passagers, déjà inquiets par l’absence de conducteur. »
Épaulés par leurs enseignants, les étudiants ont de leur côté testé l’efficacité de la localisation avec ou sans carte : un véhicule autonome se repère en effet soit grâce à une carte qui lui apporte la connaissance de son environnement, soit en construisant ce plan au fur et à mesure de la navigation, en temps réel. Les étudiants ont démontré l’intérêt de combiner les deux approches pour une localisation optimale, décrochant au passage une deuxième place sur 9 dans leur catégorie. De très bons résultats pour l’équipe du Nord Franche-Comté, dont la participation annoncée à la compétition en 2024 promet de nouvelles innovations.
« Ce challenge représente une occasion inestimable de tester nos algorithmes et nos véhicules pendant 48 heures dans un centre d’essai doté de tous les équipements nécessaires et sur des pistes de dimensions adaptées », apprécie Yassine Ruichek. Les transports publics sont aujourd’hui le domaine d’application visé pour les véhicules autonomes. Car si le développement technologique devient suffisamment mature pour concerner aussi la voiture particulière, les conventions en termes de droit et d’assurance continuent à faire défaut en Europe.
