Début 2016, les techniciens et chercheurs de la Haute Ecole Arc Ingénierie présentaient un prototype de micromachine, une station d’usinage miniature capable de produire des composants horlogers avec un rendement et une qualité comparables à ceux des moyens de production traditionnels. La Micro5, aujourd’hui commercialisée par le biais de licences de fabrication industrielles, est le point de départ d’un projet plus vaste de micro-usine, prévoyant d’occuper plusieurs machines à différentes tâches, dans un espace restreint. Cette micro-usine regrouperait des opérations d’usinage, de polissage et de contrôle dans une sorte de grande armoire multifonction, avec des compartiments connectés entre eux de façon totalement automatisée. Directeur de la Haute Ecole Arc Ingénierie, Philippe Grize est l’instigateur du projet : « L’intérêt de cette solution, outre un faible encombrement et une consommation énergétique réduite, est de rendre l’appareil de production beaucoup plus flexible. » Plutôt qu’investir dans des machines coûteuses, qui, pour des raisons de rentabilité et d’amortissement, conditionnent la production à long terme, opter pour les moyens d’une micro-usine « modulable » et « agile » signifie ajuster facilement ses capacités de fabrication à la demande des marchés. L’idée est de fournir aux entrepreneurs une infrastructure comprenant intelligence, connectique et transitique standardisées, sur laquelle il leur sera possible d’implémenter eux-mêmes des « briques technologiques » en fonction de leurs besoins et de leurs compétences. « Avec l’évolution des techniques, on est passé au XXe siècle de l’artisanat à l’industrie, qui a permis la production de masse. On revient aujourd’hui à la notion de produit unique, mais en conservant l’efficacité industrielle », remarque Philippe Grize.
Le projet concerne spécifiquement la production microtechnique, avec les applications que l’on connaît dans l’horlogerie, le luxe ou encore les MedTech. Il prend le nom de Microlean Lab, un laboratoire dédié à la microfabrication et animé par ses acteurs, entreprises, structures de recherche et centres de formation, qui mettront en commun leurs idées et leurs expériences selon une mouvance collaborative bien dans l’air du temps pour expérimenter concrètement les défis de l’Industrie 4.0. Le projet est envisagé sur cinq ans avec un besoin de financement estimé à plusieurs millions de francs suisses.