Mulots, musaraignes et autres petits mammifères sauvages sont au cœur des recherches en écotoxicologie que mène Clémentine Fritsch au laboratoire Chrono-environnement : la chercheuse étudie l’impact des pesticides et polluants sur ce petit monde, selon des méthodes non létales et peu invasives, pour déterminer les expositions auquel il est soumis. L’enjeu est lui, de taille, si l’on considère que 55 000 à 70 000 tonnes de produits phytopharmaceutiques sont vendus chaque année en France, essentiellement pour les besoins de l’agriculture1. Les mesures et analyses réalisées sur les animaux sont corrélées à des données concernant les structures paysagères dans lesquelles ils vivent, afin de déterminer l’influence potentielle de cet environnement : cultures, prairies ou habitats semi-naturels, haies, agriculture conventionnelle ou biologique2…
Ces travaux valent à Clémentine Fritsch une magnifique médaille de bronze du CNRS 2023, une distinction qui veut récompenser des premiers et néanmoins fructueux travaux de recherche, et encourager les talents. Des recherches qui, ici, « apportent de nouvelles connaissances pour l’évaluation et la gestion des risques liés aux pollutions », comme l’indique le communiqué de presse du CNRS.
« Je suis touchée par la reconnaissance scientifique que cette médaille représente, par la confiance qui m’est portée, et rassurée sur mes choix. » Clémentine Fritsch pense aussi au laboratoire Chrono-environnement, par ricochet récompensé pour sa démarche scientifique et pour la qualité, et l’originalité, des travaux qui y sont menés.
Très investie dans ses recherches, Clémentine Fritsch l’est aussi au niveau collectif, comme en témoignent ces exemples… Au plan local, elle a collaboré au montage de la ZAAJ, la Zone atelier de l’Arc jurassien, et au sein de cet observatoire grandeur nature, a participé à des études visant à mieux comprendre les mécanismes de transfert de polluants dans les écosystèmes. Au niveau national, la chercheuse a contribué pendant deux ans à une expertise scientifique sur la question des impacts des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité. Commanditée par le gouvernement et confiée à l’INRAE et à l’IFREMER, cette expertise de grande envergure a réuni 46 chercheurs issus de 19 organismes de recherche, parmi lesquels Michaël Coeurdassier, également écotoxicologue à Chrono-environnement ; les spécialistes ont rendu leur rapport en mai 2022.
Clémentine Fritsch a récemment aussi coanimé un groupe de travail « exposition de la faune sauvage » dans un séminaire international portant sur l’amélioration des procédures d’évaluation du risque environnemental pour la faune sauvage lié aux produits chimiques, organisé avec des spécialistes européens, américains et canadiens. Outre la qualité de ses recherches, cet engagement et ce dynamisme ont sans doute aussi été remarqués et appréciés à leur juste valeur par les membres du jury du CNRS…