Université de Franche-Comté

Une collaboration guidée par la fibre environnementale

Rivière le Salon, Champlitte (70)

Métaux, fluorures, sels, substances organiques…, les rejets liés à l’industrie du traitement de surface sont une préoccupation environnementale de premier plan en Bourgogne – Franche-Comté. Cette question intéresse les chercheurs autant que les industriels, qui unissent leurs efforts dans des partenariats tels que celui qui, depuis quinze ans, lie le laboratoire Chrono-environnement et la PME haut-saônoise SILAC (groupe Emeraude Participation). Une collaboration fructueuse et un engagement sur la durée qui sont de bonnes raisons d’en établir le bilan : c’est chose faite avec l’organisation d’une journée d’études à Champlitte en juin dernier, actant les résultats obtenus depuis 2006 et qui a réuni universitaires, industriels, représentants d’agences environnementales, élus politiques et membres de la société civile.

 

 

Indicateurs au vert

Les indicateurs passent au vert pour le Salon, affluent de la Saône dans lequel se déversent les rejets : les fluorures sont mesurés à 165 kg par an contre 570 kg auparavant, et ce chiffre est bien en-deçà de la norme actuelle de 342 kg par an, plus exigeante que par le passé ; les teneurs en aluminium approchent 11 kg par an, quand les directives tolèrent jusqu’à 114 kg. La baisse des volumes et l’amélioration de la qualité des rejets, avec l’élimination progressive des substances dangereuses qui les composent, font partie des défis que relève le consortium au fil des années. L’objectif de diminuer les prélèvements en eau est également atteint, avec des besoins aujourd’hui réduits à 70 m3 par jour (contre 107 m3 autorisés).

Au cœur des processus : la station d’épuration de l’entreprise, dont les chercheurs savent améliorer les performances, pour le bien de l’environnement comme pour les coûts de fonctionnement. « Les stations d’épuration sont des systèmes agissant de manière immuable, qui ne peuvent pas prendre en compte les variations de volume et de nature des substances présentes dans les eaux à traiter, elles-mêmes dépendantes des mouvements de production de l’entreprise », explique Grégorio Crini, ingénieur de recherche en chimie et artisan de la collaboration avec SILAC. En jouant sur différents leviers physico-chimiques, les chercheurs rendent possible l’adaptabilité de la station pour une plus grande efficacité des procédés de traitement des eaux usées, des améliorations dont la pertinence est validée par les résultats obtenus.

Outre son intérêt environnemental et économique, le transfert des expériences de laboratoire vers des solutions industrielles est l’occasion pour les étudiants du master Sciences de l’eau, et plus particulièrement du parcours QuEST (qualité des eaux, des sols et traitements) de se frotter à la réalité du terrain. En quinze ans, le partenariat a donné lieu à la réalisation de treize stages en entreprise, de cinq thèses et de trois recherches post-doctorales, et à l’embauche de deux diplômés du master en CDI chez SILAC.

« Recherche et formation se font sur un site grandeur nature qui nous a ouvert ses portes en toute confiance réciproque » souligne Nadia Morin-Crini, ingénieure de recherche en chimie analytique et coresponsable du projet. La collaboration se poursuit, bénéficiant toujours de nouvelles avancées scientifiques. Au laboratoire Chrono-environnement, le dernier projet en date concernant le traitement des eaux usées est centré sur la mise au point d’une technologie à base de filtres de chanvre. Financé par la Région, il est mené en collaboration avec une coopérative agricole locale, les instituts FEMTO-ST et UTINAM, ainsi qu’avec d’autres équipes de recherche en France et en Europe.

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