Un chercheur en sciences du sport de l'UFR STAPS — Sciences et techniques des activités physiques et sportives — a mis au point un vêtement conducteur et doté de gel refroidissant pour améliorer les performances des cyclistes dans un environnement chaud. Mais le produit pourrait intéresser d'autres secteurs.

Un enseignant-chercheur de l'UFR STAPS qui créerait une entreprise textile, qui l'aurait imaginé ? Le raccourci est rapide, mais c'est bien ses travaux en psycho-physiologie du sport et de la performance humaine qui ont amené Alain Groslambert à imaginer un vêtement pour améliorer confort et donc performances du sportif. Et V-THERM, la petite entreprise de conception et diffusion du vêtement en question, est bien en cours de création dans l'Incubateur d'entreprises innovantes de Franche-Comté (IEIFC), sur Temis Innovation…

Au sein du laboratoire Sciences séparatives biologiques et pharmaceutiques, Alain Groslambert travaille avec différentes fédérations françaises sportives, dont celle du cyclisme, la FFC. « À l'approche des Jeux de Pékin, pour la FFC, nous nous sommes penchés sur les facteurs limitants de la performance humaine. Pékin, pour les cyclistes, c'était un environnement hostile, avec 35 à 40°C, et un taux d'humidité de 80 %. L'inconnu pour les athlètes français ». Dans un premier temps, l'équipe du chercheur franc-comtois a testé les cyclistes qu'elle avait sous la main : notamment ceux du pôle Espoir de Besançon. En laboratoire, elle reproduit l'atmosphère pékinoise, avec chaleur et humidité. Le constat est sans appel : ces conditions sont très éprouvantes psychologiquement et physiologiquement pour les athlètes. Car les mécanismes de contrôle de la chaleur sont connus : en pareilles conditions s'ensuit une diminution du rendement musculaire mais aussi une perte de motivation. L'étape suivante a alors consisté à mesurer ces effets au niveau des zones d'échanges thermiques les plus importantes, notamment le front et la nuque. Le constat est confirmé : « les athlètes sont extrêmement diminués », affirme Alain Groslambert qui, à partir de là, va se consacrer à élaborer une solution.

Le froid relâché doucement

Cette solution s'est imposée rapidement. Elle consiste en un vêtement destiné à refroidir la personne, à lui redonner idées claires et pouvoir de décision. Le chercheur et son équipe testent différents prototypes avant de s'arrêter sur un tissu conducteur permettant de transférer du froid, doublé d'un gel « eutectique ». « Au congélateur, ce gel emmagasine des frigo-calories qu'il restitue ensuite, à environ 6°C », explique Alain Groslambert. « Les poches de gel sont positionnées à des endroits ciblés, à proximité des gros vaisseaux. On agit réellement sur la température centrale. La hausse de la température est une alerte. Avec ce système, on ne débranche pas l'alarme, parce qu'on refroidit réellement. Un peu comme le radiateur refroidit le moteur d'une voiture… ».

V-THERM, l'incubée

Les travaux de recherche se sont déroulés de juillet 2007 à mars 2008. L'Ice Shirt — nom de baptême de ce T-shirt rafraîchissant — a été testé et approuvé par la FFC en championnat d'Europe avant d'intéresser le Comité national olympique. Et aux JO de Pékin, les six médailles rapportées par les cyclistes français (en VTT, BMX ou piste) l'ont été par des porteurs de cet Ice Shirt. Aujourd'hui, pour valoriser cette innovation qui intéresse le monde sportif, mais potentiellement également le monde médical ou du travail (personnes atteintes de maladies neurologiques, pompiers, militaires, ouvriers…), Alain Groslambert tente l'aventure du transfert au monde économique. V-THERM est en incubation depuis juin 2008, pour y peaufiner la commercialisation de l'idée et du produit.

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