Université de Franche-Comté

Un prix de l’Académie française pour Loïc Bollache

Loïc Bollache, professeur d’écologie au laboratoire Chrono-environnement, est lauréat du prix Jacques Lacroix de l’Académie française. Ce prix lui a été décerné pour son livre  Comment pensent les animaux, publié en 2020 aux éditions humenSciences. Retour sur cet ouvrage dans lequel l’auteur présente différentes formes de l’intelligence animale.

 

Mésange nonnette – Photo Oldiefan / Pixabay

L’intelligence, une notion à mettre au pluriel

Il serait bien restrictif de limiter l’intelligence aux seules capacités mesurées par un quotient intellectuel. L’imagination, la créativité, la curiosité, l’innovation font aussi intrinsèquement partie de sa définition.
Savoir faire preuve de capacités d’adaptation face à des situations nouvelles est le concept-clé de l’intelligence, quelles que soient les facultés convoquées. Ces considérations, qui peu à peu font leur chemin chez l’humain depuis le XVIII ᵉ siècle, progressent aussi dans le regard que nous portons sur l’animal.

Depuis les années 1950, des études sur le comportement des animaux sont menées en milieu naturel, complétant les expériences réalisées en laboratoire qui révèlent leurs facultés individuelles. « Cette double approche permet de dresser un tableau cohérent de l’intelligence animale, dont les preuves scientifiques s’accumulent au fil des années », explique Loïc Bollache, chercheur en écologie au laboratoire Chrono-environnement, dans son ouvrage Comment pensent les animaux ?

Une intelligence plurielle, nourrie par des capacités telles que la mémoire, le langage, le raisonnement, la sensibilité… L’ auteur en rapporte des exemples plus étonnants les uns que les autres.

Ainsi l’existence de la mémoire est prouvée chez les oiseaux, comme chez la mésange nonnette, capable de stocker et de retrouver plus de 10 000 aliments dans des cachettes toujours différentes.

Le développement d’une culture a été constaté chez des macaques, à la faveur d’expérimentations qu’ils ont réalisées par eux-mêmes ; sur la plage, ils ont découvert qu’ils pouvaient rincer les patates douces lorsqu’elles sont souillées de sable avant de les manger ; ils ont aussi compris que jeter des grains de blé dans l’eau pour les séparer du sable et les récupérer à la surface de l’eau leur permettait d’éviter un tri « à sec » fastidieux. Autant de nouvelles pratiques que ces macaques ont peu à peu intégré à leur façon de vivre.

Photo Monica Volpin / Pixabay

Certains aspects de vie en société se vérifient dans les basses-cours, où les coqs émettent des vocalises particulières pour signaler qu’ils ont trouvé une nourriture intéressante, et ainsi attirer les poules ; pour s’assurer les faveurs de leurs admiratrices et passer devant les coqs dominants, les subordonnés savent faire preuve de manipulation, produisant ces sons même s’ils n’ont déniché aucun ver à se mettre dans le bec.

L’empathie existe, entre autres, chez les rats, et les éléphants ou les primates savent manifester leur compassion par des gestes explicites à l’occasion du deuil d’un de leurs congénères.

Des milliers de poissons ou des centaines d’oiseaux sont aptes à se déplacer dans une fluidité exemplaire, selon un mouvement en essaim que l’homme est bien incapable de reproduire, en témoignent les bouchons sur les autoroutes les jours de départ en vacances ou les sorties de stades bondés.

« C’est en se plaçant du côté de l’animal, et non de l’homme observateur, que notre compréhension des particularités de l’intelligence de chaque espèce progressera », conclut l’auteur. L’humanité aurait sans doute aussi tout à y gagner.

 

Bollache L., Comment pensent les animaux ?, Éditions humenSciences, 2020

 

 

Article paru dans le n°293 (mars-avril 2021) du journal en direct.

 

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