Université de Franche-Comté

« Un long tourment »

Portrait de Céline en 1915Plus de cinquante ans après la mort de Céline, Odile Roynette, historienne à l’université de Franche-Comté, membre du laboratoire de recherche ELLIADD, éclaire d’un regard nouveau la vie et l’oeuvre d’un des écrivains les plus controversés de la littérature française. À partir de l’analyse de documents d’archives personnels, de correspondances et d’écrits de jeunesse témoignant de l’expérience célinienne durant le premier conflit mondial, l’auteur montre comment la Grande Guerre a marqué au fer rouge la pensée de l’homme et l’oeuvre de l’écrivain.

« Louis-Ferdinand Destouches naît en 1894 dans une famille conservatrice où les opinions antisémites sont déjà bien installées, et dans un contexte politique marqué par l’affaire Dreyfus. La première guerre mondiale radicalise ses positions politiques et idéologiques », explique Odile Roynette. « Le futur Céline est obsédé par la dégénérescence qu’il lit dans le monde occidental, et qui, selon lui, est à l’origine de la guerre. Cette décadence, dont il tient pour responsables les Juifs, puis les communistes, crée et installe chez lui un nihilisme complet, un anti-humanisme total. »

Céline, 1915

Céline tente de comprendre, grâce à la psychanalyse qu’il découvre dans les années 1920, « comment une société se suicide elle-même ». Les textes majeurs de Freud le font réfléchir au futur concept de pulsion de mort, dont la guerre autoriserait la libération dans l’espace public. L’antisémitisme de Céline, déjà présent dans sa correspondance de guerre, s’exprime clairement dans des pamphlets comme Bagatelles pour un massacre, qui paraît en 1937 après la publication des deux romans qui ont assuré son succès, Voyage au bout de la nuit en 1932 et Mort à crédit en 1936.

Roynette O., Un long tourment – Louis-Ferdinand Céline entre deux guerres (1914-1945), éditions Les Belles Lettres, septembre 2015.

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