Faute de moyens de conservation suffisamment efficaces, 50 % des greffons de cornée ne peuvent être utilisés et sont retirés des banques où ils sont stockés. Un dispositif innovant garantissant une meilleure conservation et un moyen de contrôle plus performant des greffons vient d’être mis au point par une équipe de recherche du laboratoire de nanomédecine de l’université de Franche-Comté, composée de Tijani Gharbi, physicien, son directeur, Guillaume Herlem, physico-chimiste, et Nadia Skandrani, biologiste. « Le renouvellement du liquide dans lequel baigne le greffon et le maintien de l’ensemble à une température constante de 31°C sont deux paramètres fondamentaux pour assurer une bonne conservation », explique Tijani Gharbi.
Le système répond donc à ce double impératif. Le greffon est placé dans une capsule autonome et intelligente, capable de gérer par elle-même les paramètres de conservation, et qu’il ne sera d’ailleurs plus possible d’ouvrir avant la greffe. À l’aide de pompes de taille micrométrique, s’opère une régénération par « lavage » du liquide nutritif dès lors que ce dernier change de pH, signe de contamination bactérienne. Le maintien d’une température constante est assuré en permanence, y compris lors du transport du greffon depuis son lieu de prélèvement jusqu’à la banque de stockage.
Enfin, l’innovation réside également dans le comptage des cellules, une opération de routine mais déterminante, un trop grand nombre de cellules mortes obligeant à jeter le greffon. Le comptage s’effectue ici à l’aide d’un dispositif optique, les cellules mortes ne transmettant pas la lumière comme les cellules vivantes. Outre sa fiabilité, le contrôle optique remplace avantageusement l’injection de bleu de trypan dans le greffon, la technique actuellement utilisée. « Ce révélateur est très efficace pour colorer les cellules mortes sur lesquelles il se fixe et faciliter leur dénombrement, mais il est aussi cancérigène », rapporte Guillaume Herlem.
Et puisqu’elle est un système intelligent, la capsule ne manque pas de communiquer à l’extérieur et en temps réel des informations sur le greffon, qu’il est même possible pour un opérateur de surveiller à distance. La capsule existe actuellement sous forme de prototype, et atteindra le stade de la fabrication et de la commercialisation grâce à une start-up que le trio de chercheurs va créer parallèlement au dépôt de brevets.
Contact : Tijani Gharbi / Guillaume Herlem
Laboratoire de Nanomédecine, imagerie, thérapeutique
Université de Franche-Comté
Tél. (0033/0) 3 81 66 64 61 / 63 70