Université de Franche-Comté

Traitement de surface bio

Beauveria bassiana est un champignon dont l’une des souches a développé une résistance au cuivre particulièrement farouche, à la suite de siècles de traitement au sulfate de cuivre dans les vignobles. Il est à la base d’une patine « bio », un traitement de surface innovant pour alliages cuivreux qui, appliqué de façon temporaire et sans aucune toxicité, assure une protection esthétique et pérenne aux statues et autres œuvres artistiques exposées en plein air. Des comparaisons ont été établies avec des cires traditionnelles : la « biopatine » stabilise durablement la corrosion et s’intègre esthétiquement au coloris vert caractéristique des patines naturelles en extérieur, alors que la cire s’avère moins efficace à long terme et a tendance à obscurcir la surface.

« Les variations chromatiques sont inévitables sur une statue exposée à l’extérieur. L’objectif est de rester dans une gamme de couleurs naturelles », explique Edith Joseph, chercheur en sciences de la conservation, et responsable du projet impliquant l’université de Neuchâtel et la Haute école Arc conservation-restauration.

La biopatine est capable de stabiliser non seulement des alliages cuivreux en extérieur, mais aussi des objets à base de cuivre issus d’un contexte archéologique, et pouvant souffrir de corrosion active. « Celle-ci entraîne une perte continuelle et progressive de matière si aucun traitement n’est envisagé rapidement. On s’attaque avec ce produit aux chlorures de cuivre à l’origine de la formation de piqûres dans le métal », précise Emmanuelle Domon Beuret, assistante de recherche sur le projet, et conservatrice-restauratrice au Laténium, parc et musée d’archéologie situé à Hauterive près de Neuchâtel.

La méthode scientifique basée sur l’utilisation à bon escient de micro-organismes pourrait s’adapter à d’autres métaux encore, comme le fer, mais aussi combattre les dommages encourus par d’autres matériaux du patrimoine comme le bois archéologique. En prévention comme en restauration, la biotechnologie a bien des arguments pour intéresser l’archéologie autant que les arts.

Contact(s) : Laboratoire de technologies pour les matériaux du patrimoine (LATHEMA)
Université de Neuchâtel
Édith Joseph
Tél. + 41 (0)32 718 22 35
Haute Ecole Arc Conservation-restauration
Tél. +41 (0)32 930 19 39
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