De la plus grande à la plus petite des échelles, TIRREX ¹ réunit l’ensemble des plateformes de recherche dédiées à la robotique en France. Prenant la suite de ROBOTEX en ce début d’année 2022, TIRREX est un projet comme son prédécesseur élu au titre du Programme d’investissements d’avenir, et comme lui accompagné d’un financement de l’État sur 8 ans. Un budget global de 12 millions d’euros, fléchés pour l’acquisition d’équipements, dote les 32 laboratoires de recherche fédérés par le nouveau réseau.
Six domaines, équivalant à autant de plateformes technologiques, forment désormais le maillage du territoire français : robotique XXL ; robotique humanoïde et interactions ; robotique aérienne ; robotique mobile terrestre ; robotique médicale ; micro-nano robotique, ce dernier constituant une spécialité de l’Institut FEMTO-ST.
À Besançon, le Centre de micro- et nanorobotique (CMNR), hébergé à l’ENSMM, verra ses installations monter en puissance grâce aux 863 000 euros que lui apporte TIRREX, et grâce au soutien financier de la Région Bourgogne – Franche-Comté et du contrat de plan État Région (CPER), qui double ce budget.
Les équipements supplémentaires ainsi financés donneront de nouvelles possibilités de développement au CMNR pour la mise au point de robots de très petites dimensions. « La plateforme est spécialisée dans la conception, la caractérisation, l’assemblage, la manipulation et la mesure des déplacements d’objets de dimensions inférieures à 100 µm », explique Guillaume Laurent, enseignant-chercheur en robotique à l’ENSMM / Institut FEMTO-ST, et coordinateur du projet TIRREX pour la plateforme bisontine.
La caractérisation d’objets de taille micro ou nanométrique, qu’ils soient fabriqués par l’homme, comme les microcomposants, ou biologiques, comme les cellules, est un préambule indispensable à la conception de micromachines de dimensions correspondantes, capables d’exercer une action sur ces objets. Ces microrobots invisibles à l’œil nu créent de nouvelles possibilités d’investigation et ouvrent la voie à des applications révolutionnaires, notamment dans le domaine de la santé.
À titre d’exemple, on peut citer la manipulation de cellules par pince optique, faisant intervenir un microrobot à l’interface entre les cellules et un laser infrarouge, dont l’action directe sur le matériel biologique serait dommageable ; cette manipulation à distance donne la possibilité d’analyser des cellules une à une, un procédé utile à la mise au point de thérapies cellulaires pour des traitements médicaux personnalisés. Un autre exemple très parlant est celui de microrobots à tubes concentriques, très fins et très adroits, capables d’investir à des fins de diagnostic des zones particulièrement difficiles d’accès du corps humain, comme les fosses nasales ou l’oreille interne.
« De nombreuses collaborations de recherche sont établies au CMNR en lien avec des industriels, auxquels il est également possible de fournir des prestations de service », souligne Guillaume Laurent.
Bien qu’elle n’ait pas encore la carrure de son aînée, la jeune plateforme CMNR peut se comparer à MIMENTO dans sa façon de fonctionner, et parce qu’elle aussi se développe dans le cadre d’un réseau national. À terme, l’objectif est que TIRREX se mue en Infrastructure de recherche, une configuration plus ambitieuse encore, dans laquelle la plateforme bisontine ne demandera qu’à grandir.