Université de Franche-Comté

Territoire porte-bonheur

Un territoire peut-il être vecteur de bonheur ? Cette interrogation peu banale est soumise à l’avis d’un collectif de chercheurs, chacun alimentant la réflexion des compétences liées à sa discipline. Car il n’existe pas d’expert en bonheur territorial ! Mandatés par le service prospective de la Région Bourgogne – Franche-Comté pour se pencher, avec ses chargés d’étude, sur une question qui en appelle mille autres, ils sont treize chercheurs issus de différents laboratoires de sciences humaines et sociales, et fédérés sous la bannière de la MSHE de Besançon, à apporter leur pierre à un édifice dont la construction ne fait que commencer.

Photo Mariya Muschard – Pixabay

Nouveaux indicateurs

En matière de développement territorial, ce sont des indicateurs socio-économiques qui traditionnellement sont convoqués pour caractériser les forces, et souvent encore, l’attractivité d’un territoire : la population, l’emploi, le logement, les solutions de mobilité, l’artificialisation du paysage, la gestion de l’énergie, des déchets… Dès lors qu’on valorise les atouts d’un territoire en termes de bonheur, il s’agit de prendre en considération des données d’un autre genre, comme l’apaisement apporté par un environnement peuplé d’oiseaux, la qualité de la relation avec les proches, ou la satisfaction de son niveau de vie et de santé.

La recherche de tels indicateurs, pour être peu ordinaire, n’est pas entièrement nouvelle. Mais si des initiatives sont prises dès les années 1970 pour tenter de considérer le bonheur sous un jour plus qualitatif, elles se rapportent généralement aux individus. « Ces études font le plus souvent la somme des ressentis individuels, qu’elles rapportent ensuite au territoire pour le caractériser », explique Laure Nuninger, chargée de recherche CNRS, responsable du pôle Dynamiques territoriales à la MSHE et copilote du projet avec Jérôme Bolot, chargé d’études et de prospective régionale à la Région. « Ici, nous souhaitons étudier ce que le territoire lui-même peut apporter aux individus en tant que collectifs, comment le bien-vivre peut se construire par ce qui relie l’ensemble des êtres, humains et non-humains, dans un milieu. »

Éplucher les études et rapports déjà publiés, se renseigner sur les initiatives prises dans d’autres régions, faire émerger des concepts théoriques, mettre au point des méthodes de recueil des informations sur le terrain…, le projet en est à sa phase exploratoire. Une étape préliminaire complexe, à partir de laquelle il deviendra possible de déterminer des indicateurs pertinents pour jauger le bonheur territorial en Bourgogne – Franche-Comté, selon son découpage en établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), des regroupements de communes de tailles variables. « À l’intérieur même d’un EPCI, comme Grand Besançon métropole qui rassemble la ville, ses différents quartiers et ses communautés péri-urbaines, les critères d’appréciation peuvent être très inégaux. C’est une des difficultés de l’étude. »

Les outils et recommandations issus de ce projet engagé jusqu’au printemps 2024 pourront servir à accompagner la mise en œuvre du schéma régional d’amé­nagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) Ici 2050, élaboré par la collectivité en faveur de la dynamisation du territoire.

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