L’annulation ou le report de grands événements sportifs comme les Jeux olympiques ou les championnats de football secouent le monde du sport, et sont de vrais casse-têtes pour les organisateurs qui essaient de préparer l’avenir. Une conférence organisée à distance en mai dernier par l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) avait pour thème Jeux olympiques paralympiques 2021, les instances bousculées 1. Les experts réunis à cette occasion se sont interrogés sur les répercussions possibles de la pandémie sur les prochains JO, et de façon plus large sur la possibilité d’organiser autrement ce challenge mondial par excellence.
Vice-président de l’UFC délégué à l’olympisme, Éric Monnin rappelait au cours de cet échange que si les Jeux ont été annulés pendant les deux guerres mondiales en 1916, 1940 et 1944, suspendus en 1972 à Munich sous la menace terroriste, ou fait l’objet de boycotts à plusieurs reprises, le report des JO 2020 est une première dans l’histoire de l’olympisme.
« Le coût du report est estimé à 5 milliards d’euros, contre 65 milliards en cas d’annulation. Il n’en reste pas moins que c’est une catastrophe économique pour le Japon, qui, comble d’ironie, avait pris toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection des participants contre les virus sévissant dans le pays. »
Mais c’est un autre virus qui a bouleversé la donne. Cependant le Japon comme les autres pays du Sud-est asiatique, leaders en matière de technologie, paraissent les mieux placés pour réagir à cette conjoncture sans précédent et contrôler l’impact ou la propagation du virus au sein de leurs équipes. Éric Monnin souligne « le préjudice qu’entraîne un délai plus court d’un an pour tirer profit des compétences et des expertises de Tokyo, en vue de la préparation des éditions suivantes, Paris en 2024 et avant elle, Pékin en 2022. Il faudra en outre s’astreindre à de nouvelles normes, à de nouvelles organisations pour prendre en compte le risque pandémique. » De là à s’interroger sur la remise en cause de l’organisation de la manifestation, il n’y a qu’un pas, auquel les protagonistes s’autorisent à réfléchir. « Déjà au début du siècle dernier, Pierre de Coubertin posait la question d’une sédentarisation des Jeux pour éviter les déplacements et limiter le gigantisme d’une organisation aux coûts énormes. » À la façon des jeux antiques originels, pourrait-on imaginer un jour, quelque part sur la planète, voir renaître une nouvelle Olympie ?