L'évolution des territoires (avec l'émergence des communautés de commune et des pays) donne l'occasion de repenser l'aménagement de l'espace et les outils qui permettent de le décrire. Parmi toutes les entrées possibles à cette problématique, celle du sport et des équipements sportifs se révèle tout à fait pertinente. Le fait sportif s'est avéré être un élément structurant du territoire, à la fois comme outil d'aménagement et d'intégration, support de développement local, service public dédié à la population et élément de visibilité médiatique. À tel point qu'il est reconnu et intégré dans la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire (LOADDT) de 1999. Si auparavant l'organisation du fait sportif était segmentée entre de multiples acteurs, il faut maintenant organiser son développement de manière plus globale en prenant en compte les interactions qui les lient. Comment dès lors élaborer concrètement des politiques d'aménagement qui tiennent compte de cet environnement ? Cela nécessite en premier lieu d'avoir une vision globale et exhaustive de l'existant, et pour cela de nouveaux outils sont indispensables.
• Spécialisée dans l'étude du phénomène sportif et dans le développement de méthodologies et d'outils spécifiques, l'équipe CERSO − Centre d'étude et de recherche sur le sport et l'olympisme − du laboratoire ThéMA − Théoriser et modéliser pour aménager − de l'université de Franche-Comté a logiquement été sollicitée. En 2002, SPODJ I − Sport département Jura − est né au sein du CERSO, suite à un contrat avec le Conseil général du Jura.
Cet outil logiciel permet un diagnostic du fait sportif. Continuellement développé depuis, il constitue maintenant un véritable observatoire, avec, en amont, la structuration des données au sein d'un modèle conceptuel, en fonction des acteurs identifiés autour d'une problématique donnée. L'ensemble est ensuite exploité par l'intermédiaire de requêtes adaptées aux différents utilisateurs.
• Ainsi, SPODJ III permet d'intégrer des données spatialisées, renouvelées régulièrement afin d'en suivre l'évolution dans le temps. Il peut donc produire des informations à différentes échelles, du département… à l'équipement sportif, en passant par tous les intermédiaires (communes, cantons, pays, communautés de communes…). Cette performance sous-entend une importante collecte de données (de quels équipements dispose tel gymnase ? Quels bus le desservent ? À quelles heures sont dispensés tels ou tels cours ?…). Autre atout de SPODJ : l'observatoire et ses logiciels sont mis en partage sur un site internet. Outre l'intérêt d'être utilisable par tous les acteurs, cette propriété permet une gestion totalement dynamique des données. Toute modification est immédiatement prise en compte et les restitutions sous forme de cartes se font en temps réel.
• Développé et mis en pratique pour le sport, cet observatoire, qui constitue une véritable innovation conceptuelle dans la gestion des données, peut être transféré à d'autres domaines. À titre d'exemple, une étude de faisabilité sera bientôt lancée, à la demande de la CTJ − Conférence trans-jurassienne − pour mettre en place un observatoire transfrontalier de l'Arc jurassien (circulation des personnes, impact des accords bilatéraux…).
Pascal Gillon – Alexandre Moine
Laboratoire ThéMA
Université de Franche-Comté
Tél. 03 81 66 54 07 / 54 96
pascal.gillon@univ-fcomte.fr
alexandre.moine@univ-fcomte.fr
