Dans un monde où la technologie tend à prendre le dessus, et dans lequel une suite de numéros nous est attribuée dès notre naissance, Antoine Rubin, ethnologue à l’université de Neuchâtel, est parti à la rencontre de trois « squatteurs des bois » dans la forêt suisse-romande.
Après des moments difficiles passés à la ville, Björn, Max et Johann ont tout quitté pour venir s’installer en plein cœur de la nature, afin d’échapper au stress et aux contraintes d’une société dans laquelle ils ne retrouvaient pas leurs valeurs. Même s’ils aiment retourner en ville de temps à autre pour passer du temps avec leurs proches et pallier l’isolement dans lequel ils se confinent au quotidien, ces hommes ne regrettent en rien leur choix de sortir des radars de la société, quitte à prendre le risque de ne pas se rendre à l’hôpital en cas de blessure, ou à ne pas bénéficier des aides sociales. Loin de tout ce qu’ils connaissaient il y a 10, voire 20 ans ; loin des technologies, des documents administratifs et de leur ancienne routine, chacun trouve de nouvelles racines dans cette vie jonchée d’obstacles : la crainte de se faire repérer par des marcheurs, voire l’incertitude de survivre au prochain hiver pour l’un d’eux, plus âgé. Si les profils des trois hommes comportaient au départ des similitudes, et bien que leurs chemins se soient croisés dans le passé, leurs convictions et leurs personnalités respectives ont aujourd’hui fait dériver leurs trajectoires sur les flancs de la même montagne.
Dans son ouvrage Et il y a ceux des forêts, Antoine Rubin propose un récit passionnant racontant son expérience ethnographique au cœur de la forêt suisse, dans laquelle il a observé les vies de Björn, Max et Johann, une histoire allant bien au-delà de la recherche même. D’une rencontre méfiante à des au revoir difficiles, l’expérience est humaine autant qu’elle est scientifique.