Université de Franche-Comté

Radiocontrol, une montre qui, au-delà de sa fonctionnalité première, mesure l’audience des stations de radio

En Suisse, plus de 18 000 personnes sont régulièrement interrogées pour savoir quelles stations de radio elles ont écoutées la veille. Cette pratique, totalement tributaire de la mémoire des auditeurs sondés, ne garantit pas une grande fiabilité. C’est de ce constat qu’est née la montre Radiocontrol mise au point par l’Institut de microtechnique (laboratoire d’électronique et traitement du signal) de l’Université de Neuchâtel, avec la collaboration de Microswiss, l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (Peripheral System Laboratory) et des sociétés LIECHTI, IBW, CREAHOLIC.

• Dotée d’un micro miniature, Radiocontrol enregistre et mémorise 4 secondes de bruits ambiants chaque minute. Au terme d’une semaine – c’est l’autonomie de la montre -, celle-ci est rendue afin que les données stockées soient décryptées : les séquences de 4 secondes sont comparées avec les émissions radio, toutes les radios ayant été simultanément enregistrées pendant 10 secondes.

• Le principal défi consistait à stocker dans la montre toutes les séquences de 4 secondes durant une semaine entière. Le problème a été résolu en développant un algorithme de compression d’avant-garde ayant un gain de 285 en terme de quantité de données à mémoriser. A noter que cette compression rend impossible la reconstitution des sons d’origine ce qui préserve la sphère privée des personnes sondées.

• Il fallut aussi miniaturiser à l’extrême tous les éléments constitutifs de ce dispositif : la montre, outre son propre mécanisme, devait contenir le microphone, un composant convertissant le signal sonore en signal numérique, un processeur pour réaliser la compression, une mémoire pour le stockage de toutes les données, et bien sûr la pile. Pour réaliser cette pile qui devrait avoir une autonomie suffisante (car il était exclu de demander aux porteurs de la montre de changer la pile tous les jours), il a été fait appel à tous les savoir-faire en matière de très faible consommation ainsi que dans le domaine des technologies électroniques.

• Le problème de la dernière étape, dédiée à la corrélation des données, fut la quantité considérable des données et des comparaisons à effectuer : en retenant un panel standard de 1 000 personnes, 100 radios et des séquences d’enregistrement une fois par minute pendant 24 heures, et en considérant que chaque séquence de montre doit être comparée à tous les sons radios enregistrés simultanément, on arrive à 244 000 000 de calculs de corrélation. Sur un seul ordinateur, ces 244 000 000 de corrélations auraient nécessité 270 heures. A ainsi été mise au point une machine parallèle rapide qui traite les 244 000 000 de calculs en moins de 15 heures en utilisant 5 ordinateurs simultanés et de façon totalement automatique.

• Outre sa fiabilité, le système présente d’autres avantages intéressants : les enregistrements de 10 secondes des radios (par rapport aux 4 secondes dans les montres) permettent de s’affranchir des décalages de temps suivant le mode de transmission du signal radio. Radiocontrol ne nécessite aucune connaissance de la personne sondée et fonctionne de façon entièrement automatique (pas de maniement de boutons, ni de réglages). le système est totalement indépendant des stations de radio qui n’ont aucun signal spécial à transmettre pour la mesure d’audience. Radiocontrol a l’apparence et le poids d’une montre bracelet standard.

• Radiocontrol, qui peut aussi mesurer l’audience de télévisions, rencontre un vif intérêt en Suisse et dans de nombreux autres pays de la part, notamment, des instituts de sondage auxquels est proposé le système complet : les montres et toute l’infrastructure matériel et logiciel.

 

Peter Balsiger
Université de Neuchâtel
tél. 41 32 718 34 04
fax 41 32 718 34 02
email peter.balsiger@imt.unine.ch
site www-imt.unine.ch/Radiocontrol/

 

 

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