Largent, on le sait, présente une sensibilité à laction de latmosphère et notamment à la sulfuration. De ce fait, son usage est limité, en particulier dans les utilisations décoratives, les objets argentés ayant tendance à présenter des variations de teinte qui passent par le jaune, le brun violacé puis le noir suite à une transformation de la couche superficielle. Cette transformation entraîne, en outre, une variation continue de la résistance électrique de contact qui est gênante dans les applications électriques et électroniques.
• Selon différentes études scientifiques, la couche superficielle formée serait composée principalement de sulfures et doxyde dargent. Lorsque largent est allié à un autre métal, comme le cuivre, apparaissent en surface des sulfures et des oxydes de cuivre.
• Pour empêcher ou retarder lapparition de ce phénomène, plusieurs voies ont été explorées. Lune delles consiste à ajouter à largent des éléments daddition qui modifient sa réactivité superficielle : principalement des éléments silicium, germanium et aluminium qui forment des oxydes stables et protecteurs. Cependant, des normes dans le domaine de la bijouterie et de lorfèvrerie limitent la teneur de ces éléments daddition à 7,5 %, or, à ce pourcentage, les effets de ces éléments daddition sont généralement insuffisants. Une autre voie consiste à recouvrir lobjet dun revêtement métallique ou organique, tel quun vernis. Cette pratique présente linconvénient de changer laspect et les propriétés superficielles de largent. De plus, lorsque le revêtement suse, la zone dargent non protégée subit à nouveau les agressions de latmosphère. Une troisième solution réside dans le traitement, dit de passivation, de la surface de lobjet : ce traitement consiste à réaliser une couche protectrice à la surface de louvrage, le plus souvent à base de chromates.
• Ces couches, toutefois, sont très fragiles et ne résistent pas aux diverses manipulations, telles que lassemblage ou le conditionnement des objets. De plus, elles ne sont généralement pas compatibles avec le contact alimentaire. Lusage dinhibiteurs de corrosion, une autre voie encore, ne peut être efficace quen milieu fermé pour le stockage des pièces.
• Le procédé dargentage par voie électrolytique en cours de développement, supprime de façon efficace et durable le ternissement et le noircissement du revêtement à base dargent. Le revêtement obtenu est propre à lusage alimentaire. Utilisable pour toute application — orfèvrerie, bijouterie, connectique… — , quelle que soit la nature de lobjet à argenter, il présente, en outre, un prix de revient raisonnable.
• Son principe repose sur lincorporation dans le bain dargentage de particules (de lordre du dixième ou du centième de micron) de polytétrafluoréthylène (PTFE) qui ralentissent la sulfuration de largent et améliorent sa tenue à lusure.
• Ce procédé a été mis au point dans le cadre des recherches développées à lInstitut des Traitements de Surface de Franche-Comté (ITSFC) pour le compte du CETEHOR et en partenariat avec plusieurs sociétés dorfèvrerie. Il a donné lieu à un dépôt de brevet qui, aujourdhui, est en voie dêtre élargi à dautres pays.
• Dans le prolongement de cette étude, lITSFC développe à présent des recherches sur les revêtements dargent pour, notamment, améliorer leur tenue à lusure par incorporation de particules céramiques.
Jacques Pagetti – Pierre-Antoine Gay
Institut des Traitements de Surface de Franche-Comté
Université de Franche-Comté
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