Relire une leçon juste avant de se coucher, une bonne idée pour la retenir ? Peut-être, mais d’autres techniques s’avèrent bien plus efficaces pour apprendre de manière durable. Pour établir la preuve de l’efficacité d’une méthode d’apprentissage, l’expérimentation est le leitmotiv des scientifiques impliqués dans NEXT 1, un programme de recherche axé sur l’apport du numérique en éducation.
Porté par la MSHE, le projet est développé à l’intérieur d’un écosystème favorable, d’une part avec la qualification du Doubs en Territoire numérique éducatif (TNE), l’un des dix départements français à avoir obtenu des financements de l’État au titre du PIA2 sur cette question, d’autre part grâce à la signature d’une convention avec une structure de portée nationale, la mission Monteil pour le numérique à l’école, portant sur le financement d’un post-doctorat, effectué par Lara Hoareau.
Débuté en septembre 2022, NEXT bénéficie d’apports disciplinaires croisés et s’appuie sur un socle solide, construit sur les résultats d’ores et déjà produits par les scientifiques impliqués : Denis Pasco, Marie Mazerolle et Gaël Chevallier sont enseignants-chercheurs à l’université de Franche-Comté, respectivement en sciences de l’éducation, psychologie cognitive et mécanique. Chacun d’eux mène une opération particulière du programme NEXT, en lien avec les deux autres, et qui concerne aussi bien les élèves que leurs pédagogues. « Notre objectif à terme est de fournir des outils numériques dont on a pu vérifier la pertinence par rapport à une problématique », explique Denis Pasco, responsable du programme.
Pour reprendre l’exemple de la leçon à retenir, la psychologie cognitive démontre que l’utilisation de stratégies d’encodage profond, comme associer des images à un contenu, permet de retenir durablement des informations. « Chacun peut réussir à mettre en place ces stratégies et améliorer ses capacités de mémorisation ; notre travail consiste non seulement à informer les élèves de l’efficacité des méthodes d’apprentissage, mais également à les motiver à les utiliser », souligne Marie Mazerolle. Dans les expériences menées dans les écoles primaires de la région, la chercheuse note que les élèves ont besoin de prendre conscience de ce potentiel et de le développer, pour qu’ils puissent mettre en œuvre ces stratégies. Une application numérique pour les aider dans cette voie est en cours d’élaboration, en vue d’une diffusion à l’échelle du territoire dans les années à venir.
Le numérique est également utile aux enseignants. La reproduction virtuelle d’une classe, qu’une caméra au rayon d’action de 360° saisit au préalable sous toutes les coutures, donne à l’enseignant la possibilité de se (re)plonger dans son univers de travail sous un nouveau jour, pour en découvrir toutes les facettes. C’est l’occasion pour de futurs enseignants en formation, encore sans expérience de l’école, de confronter leur représentation du métier à la réalité du terrain, et ainsi de s’en approprier les codes pour éviter d’être démunis lors de leurs premières rencontres avec une classe ; c’est aussi l’opportunité pour des enseignants en activité de relever des informations sur le comportement de leurs élèves, de capter des détails qui les aideront à les guider dans leurs apprentissages.
Selon l’expérience menée par Denis Pasco, « l’immersion virtuelle donne vraiment aux enseignants l’impression d’être dans la réalité, ce qui conditionne chez eux une présence et des réactions elles-mêmes en phase avec cette réalité ». L’échange et la collaboration entre chercheurs et enseignants sont des maîtres mots pour réussir à se rencontrer, se comprendre, et mener à bien de telles missions ; là encore, l’approche développée ne laisse pas place au hasard, elle s’inspire des protocoles méthodologiques régissant les partenariats entre la recherche et l’entreprise, dont Gaël Chevallier à l’Institut FEMTO-ST connaît parfaitement les rouages.
La mise en synergie de ces initiatives, avec l’expérimentation pour moteur, et la force de l’intelligence collective sont garantes d’une démarche qui veut documenter d’un point de vue scientifique les débats et battre en brèche les ressentis individuels et les croyances, pour une meilleure utilisation des ressources qu’offre le numérique en matière de pédagogie.