Université de Franche-Comté

Pleins feux sur l’art roman et le laboratoire des Sciences Historiques de l’université de Franche-Comté

Reconnaissance internationale pour 25 ans de recherches. La maison d’édition anglaise PINDAR PRESS, spécialisée dans la réédition de travaux d’Histoire de l’Art, vient de publier, sous le titre L’art monumental de la France romane. Le XIe siècle*, une sélection d’articles d’Eliane Vergnolle, responsable du laboratoire des Sciences Historiques. Il s’agit là du premier recueil consacré à un auteur de langue française dans un catalogue jusqu’à présent exclusivement anglo-saxon. Les études, complétées d’une mise à jour bibliographique, ont conservé leur texte et leur illustration d’origine, mais ont bénéficié d’une mise en page entièrement nouvelle qui en unifie la présentation.

•  Dans cet ouvrage, Eliane Vergnolle, qui depuis plus de 25 ans a consacré l’essentiel de ses publications à l’étude de l’art roman, a particulièrement étudié la période de formation de cet art, en s’interrogeant sur les processus qui, dès le début du XIe siècle, conduisirent au renouveau de la sculpture monumentale dans certaines régions. Elle a mené à ce propos une réflexion sur les méthodes d’analyse et proposé une nouvelle vision de la chronologie des premières expériences, notamment à partir de l’exemple du chantier exceptionnel que fut l’église abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire. L’étude du chapiteau corinthien et de ses multiples transformations a ainsi débouché sur un approfondissement de la notion de renaissance de l’Antiquité, récurrente tout au long de la période. D’autres travaux concernent le rôle du décor sculpté dans les édifices, ainsi que la genèse de certaines formes de la structure architecturale. Ces recherches concernent principalement la vallée de la Loire, le Berry, le Bourbonnais et la Bourgogne, et dessinent, touche par touche, le paysage artistique des régions qui furent parmi les plus précoces et les plus inventives du royaume capétien. Les églises comtoises du XIIe siècle. Depuis une dizaine d’années, le laboratoire développe, sous la direction d’Eliane Vergnolle, un programme de recherche sur les églises médiévales de l’ancien comté de Bourgogne. Premier résultat de ces recherches, l’ouvrage La création architecturale en Franche-Comté au XIIe siècle, s’attache à montrer, à travers l’étude de cinq monuments-clefs francs-comtois*, les grandes étapes de la mutation artistique qui, dans une région marquée par des particularismes forts, conduisit de l’art roman à l’art gothique.

 

Aucune étude d’ensemble n’avait été consacrée à ce sujet depuisle livre Les églises
comtoises des origines au XVIIIe siècle de RenéTournier (1954). Au-delà de la nécessaire actualisation desconnaissances apportées par les recherches des trente dernièresannées, les auteurs proposent une nouvelle approche grâce àl’étroite collaboration entre historiens et historiens de l’art. Laprise en compte des effets de l’esprit de réforme religieuse surles choix architecturaux explique ainsi la recherche de simplicitéqui caractérise la plupart des monuments comtois du XIIesiècle et qui les situe souvent à contre-courant des modes del’époque. L’aspiration d’un certain nombre de communautés dechanoines augustiniens à restaurer le mode de vie des premierstemps chrétiens provoqua, notamment, un refus de l’exploittechnique et du décor sculpté, au nom d’un idéal d’austéritébientôt relayé par les modèles cisterciens. Ce particularismerégional semble avoir été largement renforcé par la recherched’une certaine autonomie politique de la principauté et par lerenforcement du pouvoir comtal au temps de RenaudIII(1125-1148) et de Béatrice (1148-1189). Entre France et Empire, onvit ainsi se développer une résistance aux influencesextérieures, qui se traduisit par l’affirmation croissante d’uneoriginalité artistique et retarda pendant plusieurs décenniesl’ouverture à un style gothique perçu comme étranger.
Constitution d’une photothèque numérisée. Parallèlementà son activité éditoriale, l’équipe bisontine a entrepris depuis1998, grâce à l’aide du Conseil régional de Franche-Comté, laconstitution d’une photothèque numérisée sur l’art comtois. Cetteopération est l’une des rares à être menée dans les universitésfrançaises. A ce titre, ses responsables participent aux travaux dela commission mise en place par l’Institut National d’Histoire del’Art (INHA) en 2000 pour réfléchir sur les usages de lanumérisation des images dans l’enseignement et
la recherche en Histoire de l’Art. Cette commission sera amenée,notamment, à
proposer une harmonisation des méthodes et des matérielspermettant la mise en réseau de ces fonds documentaires, mais aussià
préciser les aspects juridiques de l’utilisation des images. Cedernier point est particulièrement sensible dans le cas dulaboratoire bisontin, puisque toutes les images numérisées sontissues de clichés originaux.
Frédérique Baehr – Marie-Claude Charles
Laboratoire des Sciences Historiques (EA 2273)
Université de Franche-Comté
Tél. 03 81 66 54 20 / 54 33
eliane.vergnolle@univ-fcomte.fr

 

 

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