Un paysage lunaire tout en nuances de gris, une étoile noire : le décor est planté. Un personnage dans lequel on ne tarde pas à reconnaître David Bowie : nul doute possible, le film d’animation Stardust Odyssey est un hommage à l’immense rock star, en même temps qu’il est un défi technologique à l’échelle du micromètre. Car la figurine évoluant dans ce paysage fait d’interactions électromagnétiques et de détails de matières insoupçonnés ne mesure que 0,3 mm. Une figurine parfaite jusqu’au bout des doigts, dont on ose d’ailleurs à peine imaginer la dimension.
Stardust Odyssey est le fruit d’une rencontre féconde entre un réalisateur, Tibo Pinsard, spécialiste en courts-métrages et documentaires, et des techniciens et chercheurs habiles à faire vivre des objets que nos yeux néophytes peuvent à peine distinguer. Pour le premier, il s’agit de mettre en scène une histoire selon un procédé hors du commun, pour les seconds d’éprouver et de valoriser des technologies dont ils sont passés maîtres.
C’est à l’intérieur de la chambre sous vide de la plateforme µROBOTEX, sous l’œil d’un microscope électronique à balayage (MEB) prenant pour l’occasion la fonction de caméra, que les scènes se jouent. Un œil fixe, obligeant à se servir de robots micrométriques pour manipuler, déplacer et positionner de façon adéquate les quelque 250 figurines représentant au final l’unique Bowie.
Le recours à l’animation en volume, ou Stop Motion, une technique remontant à l’invention du cinéma, n’est pas le moindre des paradoxes de cette aventure high tech. « La technique est la même que celle du dessin animé, mais avec des objets. Une scène constituée d’objets est filmée à l’aide d’une caméra, ici le MEB, capable d’enregistrer une seule photographie à la fois. Entre chaque prise de vue, les objets de la scène sont légèrement déplacés », explique Tibo Pinsard.
La microfigurine de David Bowie et ses multiples déclinaisons sont l’œuvre du laboratoire ULB-TIPs de Bruxelles, obtenues en impression 3D à partir d’une résine photosensible, selon le procédé de stéréolithographie.
Sous la direction technique de Jean-Yves Rauch et d’Olivier Lehmann, les moyens de la plateforme µROBOTEX, habituellement dévolus à la recherche et aux applications industrielles en microrobotique, se sont prêtés à cette application originale qui vaut à l’université de Franche-Comté et à l’Institut FEMTO-ST d’entrer dans le légendaire Livre Guinness des records aux côtés du plus petit personnage en 3D de film d’animation au monde. Une nouvelle prouesse après la fabrication l’an dernier de la plus petite maison du monde, qui, posée à l’extrémité d’une fibre optique, ne dépassait pas 200 µm² (voir l’article La micromaison de FEMTO : un origami en verre, en direct n° 277, juillet-août 2018).
Après une projection en avant-première au cinéma Mégarama à Besançon le 25 novembre, le film et son making-off sont disponibles en ligne sur http:\\stardust-odyssey.com.