Université de Franche-Comté

"Penser l'Amérique"

couverture livre

Découvrir l’Amérique, la raconter… l’interpréter ? Les XVIIe et XVIIIe siècles ont constitué la période la plus féconde pour alimenter la connaissance sur le Nouveau Monde, d’observations réalisées sur le terrain, puis transcrites sous forme de cartes, de gravures et d’écrits divers. À tel point que cette connaissance devint un enjeu essentiel de la colonisation.

La transcription des appréciations faites sur le territoire, les peuples, la nature, se heurte à l’époque à un double écueil : la difficulté à rendre compte d’une réalité totalement exotique, très éloignée des standards de compréhension européens, et la lecture arbitraire de ces observations, amenant à une transmission choisie de la connaissance. La première problématique est d’ordre technique tout autant que culturel : les méthodes et outils scientifiques ne sont pas adaptés à la complexité du territoire observé ; la méconnaissance des langues et des cultures indigènes, les préjugés aussi rendent compliquées les formulations de la pensée, formatées à l’européenne. Brouillant encore un peu plus la lisibilité des témoignages, les congrégations, les autorités coloniales et même les philosophes s’emparent du propos pour n’en retenir que ce qu’il est jugé souhaitable de communiquer à leurs contemporains et de léguer à la postérité. L’étude des archives, dans lesquelles cohabitent les fragments déjà portés à la connaissance et les informations passées sous silence, est à ce titre éloquente.

L’orientation donnée à la transcription et à la transmission des observations, qu’elle soit ou non volontaire, montre ainsi comment le Nouveau Monde devint partie du monde connu des Européens. C’est sous l’angle de ce « processus d’intégration » que les auteurs de l’ouvrage Penser l’Amérique proposent de relire le discours colonial sur l’Amérique, et de reconsidérer les testaments laissés par les observateurs des XVIIe et XVIIIe siècles.

Penser l’Amérique est un ouvrage collectif édité par Nathalie Vuillemin, enseignante-chercheure en littérature à l’université de Neuchâtel, et Thomas Wien, spécialiste de l’histoire de la Nouvelle-France et du monde atlantique français à l’université de Montréal.

 

Vuillemin N., Wien T., Penser l’Amérique : de l’observation à l’inscription, Oxford University Studies in the Enlightenment (Oxford, Voltaire Foundation, 2017)

 

retour