Université de Franche-Comté

Musées connectés à la recherche

À l’image de l’art et de la science, dont les chemins souvent se croisent, les musées et la recherche ont beaucoup à partager. L’Arc jurassien franco-suisse ne manque pas d’exemples de collaborations…

 

Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds

« L’Homme et le Temps » pour fil conducteur

 

Horloge de clocher © MIH, Jess Hoffman

À sa naissance au début du siècle dernier, le Musée international d’horlogerie (MIH) de La Chaux-de-Fonds est lui aussi partie prenante d’une structure d’enseignement : la création d’une école d’horlogerie dans la ville, en 1865, s’accompagne de la constitution de prestigieuses collections, à l’origine à visée pédagogique. C’est à partir de 1902 que les chefs-d’œuvre mécaniques et esthétiques qu’elles renferment commenceront à être dévoilés au public. Sur la frise chronologique de l’histoire du musée, l’année 1974 est une date d’importance : c’est celle de l’inauguration du bâtiment avant-gardiste où le MIH s’installe dans le parc des musées de la ville, et qui réunit le musée proprement dit, un Centre de restauration en horlogerie ancienne et un Centre d’études interdisciplinaires du temps, qualifié d’importance mondiale pour la recherche.

Le MIH possède de riches collections et fonds documentaires, à l’origine de la création d’expositions pour le musée. En 2019 par exemple, L’heure pour tous, une montre pour chacun, conçue en collaboration avec l’Institut d’histoire de l’UniNE, était consacrée à la publicité horlogère du XXe siècle. Les avancées scientifiques sont elles aussi portées à la connaissance du public, comme dans le domaine du temps-fréquence, l’aspect sans doute le moins connu de la mesure du temps et pourtant aussi essentiel à notre quotidien que la lecture de l’heure : actuellement, une exposition semi-permanente et évolutive explique les horloges atomiques et leur incroyable exactitude ; elle montre leur évolution depuis les premiers modèles des années 1950 jusqu’à un prototype de fontaine atomique de dernière génération n’affichant qu’une seconde de dérive après trente millions d’années, tout juste offerte au musée par le laboratoire Temps-fréquence de l’UniNE.

Trophées Gaïa © MIH, V. Savanyu

Les interactions entre le MIH et le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur prennent une nouvelle impulsion avec la création de l’Institut « L’Homme et le Temps » en 1989. Le prix Gaïa, lui, date de 1993. Il met à l’honneur des femmes et des hommes pour leur engagement dans le domaine de l’horlogerie, dans trois catégories : artisanat-création ; esprit d’entreprise ; histoire-recherche. Lui-même titulaire d’un doctorat en histoire, Régis Huguenin-Dumittan est le conservateur du MIH. Il précise : « Dans le domaine horloger, le prix Gaïa est la seule récompense qui distingue une personne. Il valorise les carrières, les recherches, les créations ou les savoir-faire contribuant à améliorer la connaissance et le rayonnement de l’horlogerie sous toutes ses facettes. Les candidatures ne peuvent être portées personnellement, elles sont généralement adressées par l’entourage professionnel du candidat, et appréciées par des pairs réunis sous la forme d’un jury. »

Pierre-Yves Donzé, Francesco Garufo, Pierre Thomann, Laurent Tissot et Nico de Rooij figurent parmi les récipiendaires de cette distinction ces dernières années, pour les travaux de recherche en histoire, en physique ou en microtechnique qu’ils ont chacun menés à l’UniNE. Une bourse Horizon Gaïa est depuis 2019 également décernée aux jeunes dans les trois catégories, afin de les encourager dans leurs projets. Dans le cadre de sa formation à la HE-Arc Conservation-restauration, Zoé Snijders a été sélectionnée par le jury en 2020 pour mener une étude d’une horloge astronomique, comprenant la modélisation 3D des 23 complications du mécanisme. Un outil de médiation aujourd’hui à disposition du public au sein de l’exposition de référence du MIH.

Julien Gressot, lui, a reçu cette même distinction en 2022 dans le cadre de sa thèse en histoire des techniques, qu’il achève à l’UniNE sur la culture de la précision à l’époque de l’Observatoire de Neuchâtel, sous la direction de Gianenrico Bernasconi. À noter : pour la prochaine édition du prix Gaïa, les candidatures sont attendues jusqu’au 21 mars 2024…

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