À l’image de l’art et de la science, dont les chemins souvent se croisent, les musées et la recherche ont beaucoup à partager. L’Arc jurassien franco-suisse ne manque pas d’exemples de collaborations…
Depuis tout juste cent ans, le Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds positionne ses activités autour du passé et du présent de la ville et de sa région. Il défend en parallèle une certaine idée de l’ouverture vers la société, un mouvement amorcé de longue date auprès du monde de la recherche. Ce n’est pas Francesco Garufo qui dira le contraire, lui qui a pris la direction du musée après avoir été historien à l’université de Neuchâtel. « Le musée s’appuyait sur des expertises scientifiques bien avant mon arrivée. Le fait d’être moi-même chercheur en histoire apporte un supplément en termes de propositions de sujets et de réseaux de collaboration. »
Le musée fonctionne en véritable écosystème autour d’un triptyque recherche, médiation scientifique et enseignement, comme en témoigne la récente exposition temporaire Enfants du placard à l’école de la clandestinité1, close en mars 2023. Issue d’un projet actuellement mené par Kristina Schulz à l’Institut d’histoire de l’UniNE, elle a été construite sur la base de textes émanant de chercheurs, d’étudiants de master et de l’équipe du musée.
Francesco Garufo raconte avoir invité d’anciens enfants du placard, aujourd’hui adultes, ainsi que leurs parents et leurs enfants, à témoigner sur place de leur vécu. « Les trois générations ont échangé dans l’enceinte de l’exposition sur ce phénomène de clandestinité, à la fois mémoire du passé et problématique actuelle. Les enfants d’aujourd’hui ne sont pas toujours au fait de l’histoire familiale, ou encore certaines personnes demandent réparation à l’État. Amener les publics à s’interroger à partir d’une dimension historique, privilégier le débat autour de thèmes ouverts, c’est notre ambition et c’est ce type de musées qui aujourd’hui fait sens pour la société. »
Cette conception est également utile à la recherche, qui peut profiter de nouvelles données, prises sur le vif. Le musée devient un vecteur d’information à double sens. Les colloques de recherche accueillis à la Villa Sandoz font germer des idées pour des expositions futures, comme le séminaire organisé fin septembre en ethnomusicologie, qui pourrait donner lieu à un projet sur les usages de la musique.
Fort de ces échanges permanents, le musée prend ses marques pour répondre aux attentes de l’ICOM, l’Association internationale des professionnels de musées, et pour s’interroger sur ses pratiques. En collaboration avec l’Institut d’histoire de l’art et de muséologie, et de l’Institut d’histoire, tous deux à l’UniNE, une nouvelle muséographie est prévue à l’horizon 2026. Elle confortera la vision d’un musée socialement inclusif et intégrera une dimension environnementale, dans le choix des sujets traités comme dans celui de l’aménagement des espaces, pour un musée durable et responsable.