Université de Franche-Comté

Musées connectés à la recherche

À l’image de l’art et de la science, dont les chemins souvent se croisent, les musées et la recherche ont beaucoup à partager. L’Arc jurassien franco-suisse ne manque pas d’exemples de collaborations…

 

Muséum de Besançon

Collections naturalistes héritées de l’université

 

En 2020, l’université de Franche-Comté cédait officiellement ses collections naturalistes au Muséum de Besançon. La fin d’une histoire vieille de plusieurs siècles ? Plutôt le début de nouvelles aventures scientifiques et muséales…

Dès l’apparition des cabinets de curiosité au XVIIIe siècle et au gré des mouvements de l’histoire locale, marquée à Besançon comme ailleurs par la Révolution, les échanges d’objets puis de collections sont courants entre la municipalité et l’université. Au XIXe siècle, les sciences naturelles prennent leur essor, ainsi que les musées et sociétés savantes qui leur sont consacrés. Les collections universitaires en botanique, géologie, zoologie et autres spécialités naturalistes s’étoffent ; certaines sont confiées pour exposition ou stockage au Muséum, que la ville a installé dans les murs de la Citadelle, acquise en 1959. L’abandon progressif des locaux universitaires de la place Leclerc donne lieu, au début des années 1990, au transfert de quelque 500 000 planches d’herbiers vers le Muséum, et jusqu’en 2017, date de la fermeture définitive du site, au dépôt de plusieurs milliers d’objets de toute nature.

Aujourd’hui, le Muséum ne recèle pas moins d’un million d’objets, dont 75 % proviennent de fonds universitaires. « L’acquisition officielle des collections par la ville de Besançon va permettre de clarifier leur statut au niveau réglementaire. C’est une démarche d’autant plus nécessaire que le Muséum, institué Musée de France lors de la création de ce label en 2002, doit répondre à de nouvelles obligations légales », explique Apolline Lefort, conservatrice du patrimoine chargée des collections d’histoire naturelle au Muséum.

Un inventaire global des objets s’avère indispensable, il donnera l’opportunité de redécouvrir les collections à la faveur de technologies développées ces quinze dernières années. Des squelettes de primates aux lichens, des planches de papillons aux instruments de physiologie, la première des priorités est d’assurer la conservation des collections dans le temps, tout en se montrant vigilant sur les questions de sécurité. « Les collections scientifiques naturalistes sont souvent toxiques. On trouve du mercure dans les herbiers, de l’arsenic chez les animaux naturalisés, de la créosote chez les insectes, du formol dans la plupart des flacons… Des mesures sont prises pour veiller à la santé des personnes qui les manipulent. »

Les objets réunis dans les sept réserves du Muséum sont pour certains les témoins d’avancées scientifiques essentielles. Ce sont des restes de dinosaures ou d’ammonites ayant aidé à caractériser la période géologique du Jurassique, ou des spécimens d’une espèce nouvellement décrite par des biologistes, ou encore des publications scientifiques qui ont fait date dans les progrès de la connaissance. « Entre le Muséum et l’université, le lien est ombilical ! », résume Apolline Lefort.

Et le cordon n’a pas été coupé au prétexte de la cession des collections : les interactions et les projets se poursuivent. Les chercheurs mettent leurs compétences au service de la science de la conservation autant qu’ils se réfèrent à des objets historiques pour leurs travaux ; les conservateurs apportent de nouveaux éclairages aux collections qu’ils étudient ou réexaminent ; les uns comme les autres sont intéressés à diffuser la connaissance auprès des scientifiques comme du grand public.

L’exposition permanente du Muséum est à ce titre un exemple réussi de médiation, qui met en scène le vivant selon une logique écosystémique en phase avec les dernières avancées de la science, et propose de manière ludique et concrète des solutions pour agir contre le bouleversement climatique.

À noter la mise en place prochaine de l’exposition Dessine-moi ta planète sur les liens unissant l’homme et la nature, et dont le Petit Prince sera un parfait ambassadeur… Un parcours en dix étapes, ponctué d’œuvres monumentales, où se rencontreront l’espace, le temps, la faune, la flore… et les visiteurs, dès 2024.

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