La démarche d’un conservateur-restaurateur d’objets anciens comporte un certain nombre d’étapes : il lui faut d’abord identifier les matériaux constitutifs de l’objet, établir un diagnostic des dégradations qu’il a subies, et à partir de là, décider ou non du traitement à lui donner. La recherche intervient dans ce fonctionnement schématique sous forme de projets très divers, comme à la Haute Ecole Arc, où la spécialisation « Objets scientifiques, techniques et horlogers » est unique en Suisse, et ne trouve de comparaison dans le monde qu’à Berlin. À l’intérieur de ce domaine, l’accent est mis sur la notion de patrimoine qui n’éveille l’attention générale que depuis une période récente, et pose des problématiques particulières.
Agnès Gelbert-Miermon est ethno-archéologue et coordinatrice de l’Unité de recherche en Conservation-restauration de la Haute Ecole Arc. Elle explique que « quand une activité économique s’arrête, les objets techniques qui lui sont associés, lorsqu’ils sont conservés, le sont souvent en d’autres lieux. Hors de leur contexte, ils perdent de leur importance patrimoniale car, contrairement à une œuvre d’art, leur valeur culturelle est plus liée à leur contexte fonctionnel qu’à leur qualité intrinsèque ». Ils peuvent même être dépossédés de leur identité car certaines informations sur leurs origines, leurs fonctions ou le savoir-faire qui va de pair sont perdues définitivement.
Lorsqu’il s’agit d’outils, de machines ou de véhicules, ils suscitent moins de précautions qu’un objet d’art ou archéologique, et sont parfois entreposés dans des hangars, voire à ciel ouvert, d’autant s’ils présentent des dimensions hors normes. Ils exigent alors des méthodes de conservation bien spécifiques. Au-delà de ce travail technique, l’aspect documentaire apporte ses enseignements et éclaire les choix du conservateur. « Préserver ces informations devient aussi important que l’objet lui-même, car elles lui donnent toute sa dimension patrimoniale. »
C’est dans cette logique que les chercheurs abordent actuellement une collection de l’Observatoire de Neuchâtel. Car si elle n’affiche aucune spécialisation géographique ni temporelle, l’équipe entend cependant privilégier le contexte national et local.
Pour sensibiliser à la sauvegarde et à la mise en valeur de cette mémoire, la Haute Ecole Arc a rejoint l’Association européenne E-Faith dans l’organisation en octobre dernier du 7e week-end européen du patrimoine industriel, qui a mené les participants sur la piste des particularismes de la région neuchâteloise, des mines de la Presta qui exportait son bitume dans toute l’Europe à la Cité Suchard dont la politique industrielle est un modèle du genre, avec un passage obligé vers les richesses de l’horlogerie.
Observatoire de Neuchâtel – Chronographe Hipp – Photo Célia Fontaine
Contact : Agnès Gelbert-Miermon
Haute école Arc Conservation-restauration
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