Université de Franche-Comté

MobyPost, un projet à plein régime

Le projet MobyPost passe à la vitesse supérieure et aborde une étape plus concrète après une période de recensement des besoins et des compétences, et de mise au point du cahier des charges. Dix véhicules fonctionnant à l’hydrogène, lui-même produit localement sur deux plateformes dédiées, seront mis en circulation en Franche-Comté début 2013 pour une distribution du courrier nouvelle génération. Pionnier dans le domaine de la mobilité décarbonnée, ce projet est coordonné à l’échelle européenne par l’Institut Pierre Vernier.

 

 

Un véhicule sur mesure

Pour adhérer pleinement au concept de développement durable, la mobilité doit aujourd’hui s’adapter le mieux possible à la réalité de terrain. MobyPost est un projet bâti sur ce modèle, et en deviendra un exemple concret dès sa mise en circulation à titre expérimental fin 2013. Voué à la distribution du courrier du Groupe La Poste, commanditaire et partenaire du projet, MobyPost est conçu pour répondre aux besoins de son utilisateur, le facteur, tout en satisfaisant aux critères d’exigence de La Poste, désireuse d’agrandir son parc de véhicules décarbonnés, et de la directive européenne « paquet énergie-climat » appelée aussi 3 x 20.

 

Le véhicule MobyPost peut être classé dans la catégorie des quadricycles électriques, à qui une carrosserie légère donne des allures de petite voiture. Il est dépourvu de portes pour faciliter la descente et la montée, un atout indé- niable compte tenu de la fréquence des arrêts.

 

Le pilote est installé au milieu du véhicule, d’une largeur de 1 mètre seulement, ce qui lui permet l’accès indifféremment à droite et à gauche. Mieux encore, il n’a qu’à tendre le bras si les boîtes aux lettres sont suffisamment accessibles pour y glisser le courrier sans bouger de son siège ! Un pare-brise le protège des intempéries et la structure métallique garantit la sécurité. L’autonomie du véhicule, de cinquante kilomètres, et la possibilité de charger quatre-vingts kilos de courrier — un vélo en porte une quinzaine — assurent une tournée entière sans ravitaillement.

 

Quant à la vitesse, pour l’instant acquise à 50 km/h, elle est largement suffisante pour un circuit de distribution dont la moyenne ne dépasse pas… 6 km/h !

 

 

Véhicule MobyPost

 

 

L’hydrogène, vecteur d’avenir

Mais l’innovation la plus marquante de MobyPost est bien évidemment le recours aux technologies de l’hydrogène énergie. Un scénario très étudié… Le moteur électrique du véhicule est alimenté par une pile à combustible (PAC) fonctionnant à l’hydrogène. Cet hydrogène est obtenu par électrolyse de molécules d’eau, grâce à des panneaux photovoltaïques générateurs d’électricité situés sur la plateforme de tri du courrier, propriété du Groupe La Poste.

 

Produire l’énergie localement pour fabriquer sur place le combustible : le système permet de limiter les pertes tout en donnant la possibilité d’exercer un véritable contrôle sur les flux d’énergie. L’hydrogène, stocké à basse pression (30 bars) dans une bonbonne, alimente le réservoir des véhicules, branchés sur leur station de recharge pendant la nuit. Le matin, le véhicule MobyPost est prêt à partir pour sa tournée. Rappelons le principe de sa chaîne de traction… Alimentée par l’hydrogène, la PAC fonctionne à régime continu et fournit la plus grande partie de la puissance électrique nécessaire au moteur. Des batteries prennent le relais pour assumer les pics d’énergie induits par les accélérations. L’électricité est produite par la PAC sur le véhicule lui-même, grâce à la réaction chimique obtenue par la combinaison interne de l’hydrogène avec de l’oxygène de l’air.

 

L’hydrogène est stocké dans un réservoir à hydrures métalliques embarqué dans le véhicule : certains métaux absorbent les atomes d’hydrogène sous certaines conditions de température et à basse pression, le transformant en solide.

 

Pour reprendre sa forme gazeuse et se libérer au moment d’alimenter la PAC, l’hydrogène a besoin de chaleur. « L’ensemble fonctionne comme un véritable écosystème, explique Michel Romand, directeur adjoint de l’IPV. Par exemple, la chaleur dégagée par la PAC est récupérée pour servir à la libération de l’hydrogène… la boucle est bouclée. »

 

Si l’ensemble de la conception fait l’objet d’une grande maîtrise, il n’en reste pas moins que les technologies mises en œuvre témoignent d’une réelle complexité. Le projet demande encore des efforts de recherche, comme celui du démarrage à froid, sur lequel se mobilisent les chercheurs et ingénieurs de l’UTBM réunis au sein du FC Lab, une plateforme de technologie unique en France, installée à Belfort (90). Dédié aux applications de la PAC et de l’hydrogène dans les transports terrestres, le FC Lab fait partie prenante du réseau de partenariat constitué autour du projet MobyPost.

 

 

Schéma de fonctionnement du véhicule MobyPost

 

 

Des partenaires soudés

Initié par le Pôle Véhicule du Futur, porté par l’IPV, le projet MobyPost recouvre une réelle dimension européenne et témoigne d’un bon équilibre entre les organismes publics et les entreprises privées qu’il réunit. L’institut allemand Steinbeis Europa Zentrum assure un support expérimenté pour la gestion administrative et financière spécifique au programme dont MobyPost fait partie. Pour l’apport scientifique, le projet bénéficie des compétences des spécialistes de l’UTBM et de l’Institut européen pour l’énergie (EIFER) établi en Allemagne.

 

Du côté des industriels, l’italien DUCATI ENERGIA a la responsabilité de la conception des moteurs électriques et du véhicule ; celle de l’électrolyseur est confiée à son compatriote H2NITIDOR. La jeune société MAHYTEC de Dole (39) prend en charge l’aspect stockage de l’hydrogène avec la mise au point des réservoirs pour le véhicule et sur le site de production. La fabrication des batteries et de la PAC entre dans le domaine de compétences de l’entreprise suisse MES. Au total, MobyPost mobilise l’équivalent de vingt-cinq personnes à temps plein sur un projet qui, officiellement démarré en février 2011, se concrétisera par la mise en service de dix véhicules à titre expérimental et de deux plateformes de production d’hydrogène sur le sol comtois dans moins de deux ans.

 

Nathalie Oriol, coordinatrice du projet à l’IPV, souligne « le très bon état d’esprit et la vraie coopération régnant entre les membres de l’équipe. »

 

Le budget global, de 8,2 M€, est financé à 50 % par la FCH JU (Fuel cells and hydrogen joint under taking), une structure européenne unique, à la fois publique et privée, visant le développement de la PAC et des technologies de l’hydrogène en Europe, ainsi que l’accélération de la mise sur le marché de leurs applications.

 

 

Contact : Susane Angers

Service communication 

Institut Pierre Vernier

Tél. (0033/0) 3 81 40 57 08

 

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