L'intitulé du diplôme donne le ton d'emblée. On ne parle pas ici de pays du Sud, mais de pays des suds. Derrière cette précision, une réalité multiple, à laquelle cette nouvelle formation veut donner toute sa place. En adaptant concepts et méthodologies de géographie à la réalité des terrains comme à celle des publics, en choisissant pour servir ce credo de l'enseigner à distance, c'est un double challenge que veut relever le master Aménagement et gouvernance dans les pays des suds (AGPS). Un projet pilote pour l'université de Franche-Comté, qui prendra corps dès la rentrée 2009.
Si la géographie relève de concepts et de méthodologies valables aux quatre coins du globe, les régions étudiées, elles, sont bien particulières et ne disposent pas toutes des mêmes informations. C'est sur ce schéma que se construit le master AGPS. Un tronc commun pour appréhender les méthodes et les outils de représentation, d'observation et de prospective inhérents à toute étude géographique, dans l'optique d'une approche globale de développement. Un enseignement à la carte, afin de mettre en pratique ces compétences en fonction des contraintes et des spécificités propres à la région étudiée. Au cœur du problème, l'accès à l'information. Dans les pays européens, les informations sont nombreuses et émanent de sources variées. Sous d'autres latitudes, et notamment en Afrique qui constitue d'ores et déjà la « cible » privilégiée du master, les données sont parfois inexistantes. « Nous apprenons en premier lieu aux étudiants à appréhender la réalité du pays, à effectuer des enquêtes pour obtenir des informations de base. Ils pourront ensuite se servir efficacement des outils propres aux analyses géographiques », explique Marie-Hélène de Sède- Marceau, professeure de géographie et responsable du master.
Projection de Peters, tentant de respecter la taille des continents
Le master AGPS ne comporte aucun cours en présentiel. Tout l'enseignement s'effectue à distance, c'est à la fois une force et une source de contraintes. Une force car c'est le moyen idéal de toucher des étudiants partout dans le monde, notamment ceux qui ne pourraient financièrement venir en France pour suivre de telles études. C'est aussi une façon simple, directe et efficace de maintenir un contact permanent entre enseignants et étudiants. Une plate-forme d'échanges via Moodle, le serveur universitaire, sera créée dans cet esprit et se nourrira des expériences des uns et des autres au fil des années pour constituer au sein de l'université une formidable base de données. Des géo-informaticiens seront mis à contribution pour élaborer un système performant financé en partie par un Bonus qualité formation attribué par l'université de Franche-Comté.
Cours, conférences filmées, travaux dirigés à distance se préparent pour le démarrage du master en novembre prochain, date de rentrée du CTU, le centre de télé-enseignement universitaire. Un exercice difficile et un casse-tête à résoudre à l'horizon des futurs partiels. Car les examens, eux, ne sauraient se passer à distance ! Pour simplifier au maximum l'organisation, il est envisagé de réunir les étudiants étrangers selon leur région d'origine. Un partenariat est à ce titre en cours de validation avec l'AUF — Agence universitaire de la francophonie —, qui entretient un réseau de centres de formation et d'examens à travers le monde dont pourrait bénéficier le master AGPS.
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L'objectif ? L'aménagement et la gouvernance de territoires. La gouvernance implique de mettre en scène tous les acteurs d'une même réalité géographique, entreprises, politiques, habitants, vers une volonté commune d'aménagement d'un territoire, dans les domaines du transport, du développement rural et urbain, du tourisme…
Le master comporte deux années de formation, dont six mois de stage en entreprise ou dans un laboratoire de recherches. Il s'adresse en priorité aux étudiants en géographie déjà munis de compétences particulières, désireux d'inscrire leur savoir dans une approche globale de développement. Ainsi cette étudiante en hydrologie, déjà titulaire d'un master, pourra acquérir des outils pour inscrire sa compétence première dans une vision plus complète. Et si la géographie est la voie de départ la plus naturelle, elle n'est pas la seule. Les disciplines voisines comme la sociologie, voire la philosophie, sont les bienvenues, tant leur représentation du monde peut enrichir la réflexion sur la notion de développement. Le master intéressera aussi tous les professionnels désireux d'ajouter à leur expérience cet ensemble de méthodes et d'outils au service du développement des territoires que l'on appelle l'intelligence territoriale. « Cela concerne aussi bien des Européens qui veulent rejoindre une ONG que des personnes travaillant dans leur pays », précise Marie-Hélène de Sède-Marceau. Une vingtaine d'étudiants seront sélectionnés pour cette première rentrée, sur la base de dossiers solides et de motivations bien argumentées. Pour l'instant, la sélection s'oriente à 50/50 entre Européens et étudiants des suds. À terme, la volonté est d'accueillir un plus grand nombre d'étudiants, notamment étrangers, pour favoriser les compétences au sein des pays concernés.
Pour répondre à ces objectifs, professionnels et universitaires sont recrutés pour offrir la palette la plus large d'expériences et de connaissances des pays des suds. Des savoirs acquis de l'Argentine à la Syrie, en passant par l'Afrique de l'Ouest, le Maghreb, l'Espagne… En arrière fond, le réseau européen d'intelligence territoriale (REIT) est un relais de vécus et de projets internationaux dans lequel puiser les compétences et les énergies.
Projet pilote de l'université de Franche-Comté, le master AGPS est le seul en France proposant cette thématique par enseignement à distance.
Contact : Marie-Hélène de Sède-Marceau – Alexandre Moine
Laboratoire ThéMA — Théoriser et modéliser pour aménager
Université de Franche-Comté
Tél. (0033/0) 3 81 66 54 97 / 54 96