Université de Franche-Comté

Lutte contre le cancer
L’autophagie, un étonnant mécanisme de survie des cellules

Les 10e journées de l’autophagie, du 31 mai au 2 juin 2022 à Besançon. Photo Laura Riefolo-Weiler

 

L’autophagie est un processus de survie qu’induisent les cellules pour résister à des stress internes ou produits par leur environnement. Les cellules sont ainsi capables de dégrader leurs propres constituants et de les recycler pour se nourrir en cas de déficit d’apport nutritionnel ; elles trouvent ainsi avec l’autophagie un moyen de se défendre contre des molécules toxiques intracellulaires ou véhiculées depuis l’extérieur, par des micro-organismes notamment.

Ce processus s’active de façon transitoire afin d’aider les cellules à survivre en attendant de meilleures conditions de fonctionnement, mais il peut aussi les épuiser et provoquer leur mort en cas de stress extrême. Si l’autophagie est connue depuis les années 1960, il faut attendre le milieu des années 1990 pour que ses mécanismes soient mis en évidence, d’abord dans la levure, puis chez les mammi­fères et plus spécifiquement chez l’être humain.

 

 

 

La protéine GABARAPL-1 en ligne de mire

Parallèlement à ces avancées scientifiques, des chercheurs en biologie cellulaire bisontins découvrent en 1993 un nouveau gène régulé par les estrogènes, qu’ils baptisent GEC1/GABARAPL­-­1, puis en 2010, démontrent que la protéine GABARAPL­-­1 codée par ce gène est impliquée dans le processus de l’autophagie, et constatent également que cette protéine est absente de nombreux tissus cancéreux.

L’équipe menée par Michaël Guittaut, professeur de biochimie à l’université de Franche-Comté et responsable du groupe AETIC (Autophagie, épigénétique et immunité T antitumorale) au sein de l’unité de recherche RIGHT, place dès lors GABARAPL­-­1 au centre de travaux orientés vers la compréhension du mécanisme de l’autophagie et de ses liens complexes avec le cancer. « Dans le cas des maladies neurodégénératives, l’autophagie est totalement et claire­ment défaillante. Mais dans le contexte du cancer, elle peut être absente, dérégulée, voire activée, en fonction des différentes phases de la maladie. Il est donc pour l’instant difficile de savoir si elle est une cause ou une conséquence de l’apparition et du développement de cancers, et la recherche doit encore progresser pour envisager la manière dont ses mécanismes pourraient être utilisés dans un objectif thérapeutique. »

De la cellule au tissu humain, les recherches développées au sein de l’unité RIGHT vont dans le sens d’une meilleure compréhension des processus à l’œuvre, y compris de leur rôle dans la réponse du système immunitaire face aux cancers. L’intensification des travaux menés sur l’autophagie depuis les années 2000 a donné lieu à la constitution de communautés de recherche comme le Club francophone de l’autophagie (CFATG), dont les 10­e journées scientifiques étaient organisées à Besançon fin mai par le comité local regroupant des chercheurs de Besançon et Dijon.

La manifestation a réuni au Kursaal et à la Citadelle quelque cent cinquante participants venus de toute la France, voire au-delà, autour de conférenciers de stature internationale. « Un franc succès, en même temps qu’une belle promotion pour l’université et la ville », souligne Michaël Guittaut.

Contact(s) :
Laboratoire RIGHT
Groupe AETIC
UFC / EFS / INSERM
Michaël Guittaut
Tél. +33 (0)3 81 66 69 58
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