Dans le domaine de l’agroalimentaire, au rayon lait et dérivés, l’innovation a plus souvent bénéficié aux produits qu’aux techniques. Mais depuis quelques années, des initiatives émergent pour aider la filière à aborder le virage de l’industrie du futur.
Des chercheurs de l’Institut FEMTO-ST participent activement à cette évolution. La mise au point de capteurs, l’un des axes de recherche historiques du laboratoire, se décline aujourd’hui au sein de l’UMT CAPPLAI 1, qui vise à améliorer la performance des process de fabrication des fromages, yaourts et autres produits laitiers des fromages, yaourts et autres produits laitiers, pour bien en maîtriser la qualité.
L’un des projets développés dans ce cadre concerne le suivi en ligne du processus de coagulation du lait nécessaire à l’élaboration de la plupart des produits laitiers, qui implique, de nos jours, une intervention humaine avec une expertise spécifique et régulière.
« Lors de la fabrication d’un fromage, l’étape de transformation du lait en caillé se joue parfois à quelques dizaines de secondes, et ce temps fluctue en fonction des variations saisonnières des propriétés du lait. Cela oblige à une inspection régulière et manuelle de la part des fromagers », explique Thérèse Leblois, professeure d’électronique à l’université de Franche-Comté et coordinatrice de l’UMT à l’Institut FEMTO-ST. Les chercheurs travaillent à la mise au point d’un capteur acoustique, à placer directement dans la cuve de lait, pour contrôler la visco-élasticité du produit, relayer l’information à distance et ainsi assister le fromager dans son travail.
Chimiquement neutre, l’acier inoxydable employé n’altère pas la qualité du lait, et sa résistance rend le capteur capable de supporter le nettoyage à haute pression de la cuve. Amorcé dans un précédent programme (UMT From’Capt), ce projet devrait rapidement atteindre sa maturité en vue d’un développement industriel. La biodétection spécifique de pathogènes constitue, elle, une recherche nouvelle. Prévu pour un an avec le soutien financier de la Région, le projet devrait à terme être relayé par une thèse CIFRE portée par le centre technique Actalia.
« Il s’agit ici d’optimiser les procédés de détection de Salmonella, de Listeria ou de toute autre bactérie pathogène dans le lait. La méthode de détection actuelle est longue, jusqu’à trois jours de traitement et d’analyse bactériologiques ; la solution sur laquelle nous travaillons permettrait de réduire ce temps de moitié. » Pour détecter des bactéries, celles-ci doivent être en nombre suffisant ; leur prolifération dans des échantillons mis en culture garantit cette condition. Pour augmenter la limite de détection et ainsi diminuer le temps d’analyse, les chercheurs proposent d’incorporer au lait des nanoparticules magnétiques fonctionnalisées : agissant comme des aimants, les nanoparticules attirent les bactéries, favorisant ainsi leur concentration.
Autre avantage de cette technique : les nanoparticules sont quarante fois plus lourdes que les bactéries qu’elles piègent (4,2 picogrammes vs 0,1 pg, 1 pg représentant un millionième de millionième de kilogramme !), un changement d’échelle qui les rendra beaucoup plus faciles à détecter par les capteurs acoustiques. Ces développements, et d’autres à venir dans le cadre de CAPPLAI, offrent l’opportunité à l’Institut FEMTO-ST de mettre les savoir-faire et les compétences de ses chercheurs au service de nouvelles applications dans le domaine agroalimentaire.