Une intuition à tester, une liste des produits potentiellement concurrents à établir rapidement, un contexte général à brosser dans les grandes largeurs : une étude de marché flash, ou préétude, peut s'avérer suffisante quand l'objectif premier est de conforter — ou non — une idée en gestation.
Ce type d'étude a uniquement pour objectif de dresser un rapide tableau du contexte global dans lequel s'inscrit le projet. Il ne s'agit donc pas de réfléchir à une stratégie marketing ou d'aller dans une description fine de la concurrence.
Le département Ingénierie de projet de l'Institut Pierre Vernier (IPV) a toutes les compétences pour mener à bien ce type d'étude, qui peut durer entre deux et cinq jours de travail.
Au moment de déposer une demande à l'ANR — Agence nationale de la recherche —, le laboratoire d'Ingénierie et biologie cutanée (LIBC) de l'université de Franche-Comté a fait appel à l'IPV pour une étude flash. Ce laboratoire a développé au cours de ses recherches un dispositif original de croissance de peau (derme et épiderme) qui pourrait être utilisée pour des greffes sur des patients, dans des conditions bien particulières. Un financement supplémentaire s'est avéré nécessaire pour continuer l'étude. L'ANR, avant de s'engager, souhaitait avoir davantage de précisions sur les potentialités de cette technique par rapport à celles existantes. Si les porteurs de projets en connaissaient bien les avantages scientifiques et technologiques, il leur manquait un regard extérieur et orienté « marché ».
Financée dans le cadre de la plate-forme Microtech Santé, l'étude flash a mobilisé pendant cinq jours Malua de Carvalho, responsable intelligence de marché à l'IPV. Comme fil directeur de son travail, elle utilise le même déroulé que pour une véritable étude de marché : une analyse de la problématique avec les commanditaires (état de l'art des greffes de peau, greffes autologues ou allogreffes, différents cas pour lesquels ces greffes sont préconisées…). Suit une analyse du marché proprement dit, avec ses caractéristiques propres — notamment le comportement des praticiens hospitaliers et les règles draconiennes inhérentes aux applications biomédicales. Enfin, une recherche des produits existants et un aperçu de la concurrence sont rapidement établis.
Au terme de ces quelques jours de travail, plusieurs conclusions sont venues affiner la représentation que se faisait le laboratoire du marché potentiel de son invention.
D'une part, si le nombre de produits déjà en vente paraît important, peu sont commercialisés et utilisés en France, pour des questions d'autorisation, mais aussi de pratiques médicales différentes d'un pays à l'autre.
D'autre part, la technologie du LIBC s'est révélée d'un positionnement nouveau au regard des produits existants. Ce qui conforte le laboratoire dans son idée d'introduire sur le marché un produit qui apporte de nouvelles fonctionnalités. Mais l'étude a aussi révélé des freins potentiels : les contraintes réglementaires et surtout les habitudes des praticiens hospitaliers.
« L'étude nous a confirmé qu'il existe bien une niche pour le produit que nous envisageons de développer » témoigne Delphine Binda, du LIBC.
L'équipe s'oriente maintenant, parallèlement à la mise au point du procédé, vers une seconde étude de marché, de taille standard celle-là, pour analyser la possibilité d'une commercialisation du produit en créant une entreprise dédiée ou en cédant la licence.
« La rapidité et la réactivité de l'IPV ont été cruciales pour nous ; la qualité des échanges, au début, à la fin, et surtout à mi-parcours, a permis de cibler l'étude de façon pertinente, entre les éléments nouveaux que Malua nous apportait et les réalités de notre « produit », se souvient Delphine Binda.
Ainsi, l'étude flash, comme sa grande sœur, a le mérite de mettre en forme les informations, de leur donner du sens. Et c'est bien ce travail d'analyse que fournit l'IPV, sous la forme d'échanges avec les porteurs et d'un rapport de dix pages, reprenant l'identification des opportunités et des menaces, des forces et des faiblesses du projet — selon la méthodologie SWOT.
Cet outil peut venir en aide aux structures telles que OSÉO ou l'Incubateur d'entreprises innovantes, qui doivent rapidement évaluer les chances de réussite d'un projet, en vue de le soutenir ou non. Mais l'intérêt pour une entreprise de recourir à une étude flash aux prémices d'un projet est également flagrant, notamment pour les entreprises innovantes qui doivent en permanence concevoir de nouveaux produits ou chercher de nouveaux débouchés. Les laboratoires également, qui mettent en œuvre de nouveaux concepts, peuvent faire appel à l'IPV pour réaliser une étude flash dans le but de trouver des applications potentielles à leurs inventions.