Université de Franche-Comté

Les relations homme / nature, révélatrices des relations entre les humains

Trouver les traces de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement ne demande aujourd’hui que peu d’efforts. Un impact malheureusement souvent délétère : effondrement de la biodiversité, explosion démographique, changement climatique, érosion des sols, destruction des habitats naturels, pollutions en tous genres… Ces bouleversements s’inscrivent dans une période récente de l’histoire de la Terre, qui méritait au vu de son caractère totalement inédit et exceptionnel d’être distinguée sous un nom particulier : l’Anthropocène est né avec la révolution industrielle au XIXᵉ siècle, se poursuit à partir des années 1950 dans une deuxième phase qualifiée de « Grande accélération », et aborde un virage depuis quelques années, celui d’une prise de conscience de la problématique environnementale qui peu à peu se généralise, et dont de nombreux scientifiques espèrent qu’elle pourrait enfin signer l’avènement d’une nouvelle gouvernance mondiale pour relever le défi posé.

 

 

 

 

 

Mais au-delà des symptômes et de l’analyse de leurs causes sur les deux derniers siècles, il faut, selon le paléo­climatologue Michel Magny, chercher plus loin dans l’histoire de l’humanité les raisons qui amènent aujourd’hui à un bilan de santé si désastreux de la planète. Directeur de recherche émérite au laboratoire Chrono-environnement, médaille d’argent du CNRS, Michel Magny dresse un parallèle sur des millénaires entre les relations homme/nature et l’évolution des sociétés. Il vient de publier L’Anthropocène, dans la fameuse collection Que sais-je ?, après avoir signé un ouvrage très étoffé sur le sujet, Aux racines de l’Anthropocène, paru en 2019 aux éditions Le Bord de l’eau.

Michel Magny montre que l’avènement de l’agriculture et de l’élevage au Néolithique marque les débuts de l’économie de production et la mise en place de nouveaux fonctionnements sociaux, qui verront s’affirmer domination politique et pouvoir économique au fil des siècles. L’évolution de sociétés fondées sur ce modèle, lui-même nourri par le développement de la démographie, le progrès technique et la mondialisation, met en évidence la hiérarchisation des rapports entre les êtres humains, en même temps que l’exploitation par l’homme de son environnement. « L’histoire des relations que les humains ont développées avec la nature n’est-elle pas un révélateur inattendu des modes de relation que les hommes ont adoptés entre eux ? » Une réflexion pour prendre conscience de l’impasse écologique et sociale que représente l’Anthropocène, et que Michel Magny met au service d’une philosophie à la fois nouvelle et ancestrale, celle d’une « destinée nourrie du désir de faire société ensemble, entre humains et avec tous les vivants ».

 

Magny M., L’Anthropocène, éditions Que sais-je ? / Humensis, 2021
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