Lors du colloque "L’évolution des protozoaires vue par des spécialistes" qui a eu lieu en août 2001 à l’université de Neuchâtel, des spécialistes internationaux ont présenté leurs connaissances sur la diversité et l’évolution des protozoaires et de leurs organelles, notamment les mitochondries et les hydrogénosomes.
• La définition de la notion de "protozaires" est en elle-même un sujet de débats animés en raison de la coexistence des notions de protozoaires, unicellulaires, protoctista, protista, microzoaires… Bütschli (1881) et Honigberg (1964) ont proposé que les protozoaires soient considérés comme un seul Phylum, et la proposition de Levine (1980) de séparer les protozoa en sept phyla est actuellement la base de discussions concernant la taxonomie de ces organismes très variés, non seulement dans leur taille, leur morphologie, leur complexité structurelle, mais aussi dans leur diversité écologique.
• La biologie moléculaire a apporté des informations qui bouleversent la taxonomie des protozoaires. Le docteur Mitchell Sogin, directeur du Josephine Bay Paul Center for Molecular Biology and Evolution (Marine Biological laboratories Woods Hole), a démontré, en outre, l’apport des ressources informatiques pour étudier la taxonomie et l’évolution des protozoaires. Il a souligné que ces recherches, qui n’ont pas un but appliqué immédiat, peuvent malgré tout révéler des résultats surprenants qui ont des conséquences directes : l’analyse moléculaire a ainsi permis d’identifier le Pneumocystis carinii comme organisme proche de champignons et non des Apicomplexa, ce qui a changé radicalement la thérapie des infections causées par ce pathogène.
• L’analyse moléculaire a aussi démontré que Giardia lamblia, qui n’a pas de mitochondries, est l’un des plus anciens protozoaires qui probablement n’ont jamais eu de mitochondries. Le génome de Giardia compte un seul gène mitochondrial qui ressemble à celui qui a été identifié dans l’amibe Entamoeba histolytica. La similarité des séquences des enzymes appelés hydrogénases confirme une relation proche entre ces deux protozoaires.
• L’évolution des organelles chez les protozoaires a été illustrée par des présentations sur l’évolution des mitochondries (docteur André Schneider, Fribourg) et des hydrogénosomes (docteur Katrin Henze, Düsseldorf).
• Les participants ont été fascinés par la diversité des informations et par l’émergence de l’image synthétique qui prend en considération des critères écologiques, morphologiques, biochimiques et moléculaires.
• Le professeur K. Hausmann (université libre de Berlin) a cité J.W. Goethe qui écrivait en 1809 : "Malheureusement, on ne peut plus apprendre pour sa vie entière. Nos ancêtres se sont appuyés sur l’enseignement qu’ils ont reçu pendant leur jeunesse. Nous, par contre, sommes obligés de nous réinformer tous les cinq ans pour éviter d’être dépassés". Que dire alors de l’évolution de la vitesse d’accumulation des connaissances en 2001 et de la difficulté de les cerner ?
Bruno Betschart
Institut de Zoologie
Université de Neuchâtel
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