Université de Franche-Comté

Les nouveaux atouts de l’enseignement

Innovations marathons

Classe laboratoire à l’ESPE de Besançon.

L’université de Franche-Comté est l’une des premières universités françaises à avoir développé des CMI, et en propose neuf en cette rentrée universitaire1 ; elle fait partie du réseau FIGURE2, qui élabore collectivement les maquettes des CMI en y intégrant des pratiques pédagogiques innovantes. « En deuxième année de licence, les Semaines R&D incitent les étudiants à travailler en groupe pour réfléchir à un concept ou un sujet d’innovation dont ils devront assurer la présentation, budget à l’appui », raconte à titre d’exemple Maxime Jacquot, responsable des CMI-FIGURE à l’UFC.

Autre expérience, menée cette fois en troisième année de licence : les marathons d’innovation, 2 à 3 jours non-stop pour proposer idées, concepts voire réalisations concrètes autour d’un défi relevé par des équipes souvent pluridisciplinaires. Le Hacking Health en est un exemple local dans le domaine de la santé ; Citamix en est un autre depuis cette année, avec un challenge investissant la Citadelle de Besançon pour des projets innovants en lien avec le patrimoine.La maîtrise d’une deuxième langue étrangère, l’anglais en tête, ainsi que l’ouverture à l’international, avec une période de stage obligatoire à l’étranger, figurent également dans les priorités des CMI-FIGURE UFC. Cette dimension internationale est par ailleurs inscrite dans l’ADN de la Graduate School EIPHI3, née en 2018 sous l’égide d’UBFC. EIPHI, pour Ingénierie et innovation pour les sciences physiques, les hautes technologies et la recherche interdisciplinaire, propose un parcours intégré de master-doctorat en anglais, adossé à une recherche de pointe développée dans trois laboratoires de la région (Institut FEMTO-ST, ICB et IMB), et reconnue à l’international.

1 Ingénierie de l’environnement et des territoires ; Information spatiale et aménagement ; Géologie appliquée ; Ingénierie systèmes et logiciels-systèmes intelligents distribués ; Information-communication ; Énergie, hydrogène et efficacité énergétique ; Structures et systèmes intelligents ; Photonique, micro-nanotechnologies et temps-fréquence ; Éditions numériques et patrimoines de l’Antiquité à nos jours (ouverture rentrée 2019-2020)

2 Formation à l’ingénierie par des universités de recherche, FIGURE est lauréate d’un projet PIA IDEFI (Initiatives d’excellence en formations innovantes), financé par l’ANR depuis 2012

3 La Graduate School EIPHI est financée par l’ANR dans le cadre de la troisième vague des PIA concernant les écoles universitaires de recherche (EUR)

 

Variations sur le thème du FabLab

Table de mixage, classe laboratoire INSPÉ de Besançon

Largement encouragée par les pouvoirs publics, la volonté est aujourd’hui de favoriser le partage d’expériences et de compétences, non seulement à l’échelle des établissements, mais aussi entre la sphère scientifique, le monde industriel et le grand public. Une ambition portée par la révolution numérique et l’émergence de nouvelles technologies, et qui voit éclore sur tout le territoire des structures de type FabLab. Le concept se décline en différentes variantes, mais toujours selon le même principe : mettre les pratiques en réseau et les compétences en synergie.

L’UTBM Innovation CRUNCH Time illustre ce concept sur le temps court, puisqu’il réunit des équipes hétérogènes d’étudiants autour de défis industriels lancés par des entreprises. Un temps cependant long pour ce marathon pédagogique puisqu’il se déroule, comme lors de sa dernière édition, sur cinq jours. Il fait par ailleurs plancher 1 600 étudiants en même temps et sur un même lieu, ce qui lui vaut d’être qualifié de « plus grand exercice pédagogique de ce type jamais organisé dans l’Hexagone. »

À la Haute Ecole Arc, l’esprit FabLab va prochainement investir les salles de cours. Jérôme Mizeret, coordinateur Recherche appliquée et développement, explique l’intérêt « d’introduire des pratiques de transmission de connaissance pair-à-pair dans les classes traditionnelles, permettant l’émergence de compétences, en groupe, par le « faire ensemble ». L’idée est de profiter, en cours aussi, du dynamisme et du plaisir à partager qui caractérisent le fonctionnement des FabLabs. Le souhait est de se diriger vers le concept de l’apprentissage par projets, incluant la réalisation de prototypes afin de rendre l’expérience définitivement concrète. Ce projet porté par Jérôme Mizeret et Nathalie Nyffeler (HEIG-VD 1) a été retenu par le Rectorat de la HES-SO 2 au titre de la promotion de l’expérimentation pédagogique, pour une durée d’une année (2019).

1 Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud

2 Haute Ecole spécialisée de Suisse Occidentale

 

 

Bouger pour apprendre mieux

Balise Learn-O

L’apprentissage par le corps est une autre expérience permettant de sortir du cadre habituel du cours. C’est le cas de Learn-O, une méthode que développent Arnaud Simard, enseignant à l’INSPÉ et chercheur au Laboratoire de mathématiques de Besançon (LMB), et Thierry Blondeau, éducateur sportif spécialisé dans la course d’orientation. Learn-O propose d’apprendre les mathématiques en courant sous le préau de l’école en mode jeu numérique immersif.

L’idée n’est pas pour déplaire aux élèves, et si la méthode ne saurait se substituer à l’enseignement traditionnel, elle est un complément pédagogique probant. Dans la cour ou dans une salle, des balises électroniques positionnées sur des supports type cônes de chantier jalonnent l’espace. Les balises délivrent des informations pour reconstituer une figure, un résultat, un calcul ou une image. Bref, elles se prêtent à mille jeux qui sont en réalité autant d’exercices pratiques pour se représenter concrètement des images mentales et assimiler des notions mathématiques sans y penser. Le passage à l’oral lors des mises en commun fait prendre conscience de ces notions.
De l’exercice physique, des cartes de jeu, des doigts électroniques bien plus drôles que des stylos pour biper les balises, des ordinateurs à l’arrivée pour vérifier ses réponses, pas de doute, Learn-O a tout pour plaire aux enfants.

« Le concept se décline à d’autres enseignements, comme la musique, la géographie ou l’orthographe, explique Arnaud Simard. Il est aussi transposable à des classes de collège ou de lycée, à l’université aussi, et s’adresse autant aux élèves en difficulté qu’aux bons éléments. »
Learn-O fait appel à différentes intelligences telles qu’identifiées par le psychologue américain Howard Gardner dans les années 1980, mobilise l’attention grâce au jeu et au mouvement, et rend les élèves autonomes par un retour d’information consultable immédiatement. Learn-O remporte tous les suffrages sur ses nombreux terrains d’expérimentation en région et fait désormais des émules dans toute la France.

 

Souder l’équipe

Difficile de rendre un groupe homogène et d’enseigner la finance, en anglais, à des étudiants d’origines et de cultures différentes. C’est pour pallier cette difficulté que David Ardia, à l’UniNE,
a adapté des solutions entre autres issues du Team Building en entreprise. « Pour construire une certaine uniformité dans ma classe, j’ai recours à des astuces pour casser les groupes qui se forment spontanément et favoriser de nouvelles relations entre les étudiants. » Dans des groupes recomposés sur la base d’un tirage au sort, les étudiants apprennent à se connaître par l’intermédiaire de ce que David Ardia nomme un « bingo humain expéditif ». À partir de questions du type « Qui parle une, deux, trois langues étrangères ? », « Quel pays avez-vous déjà visité ? », ils se découvrent des points communs, susceptibles de les rapprocher. Les méthodes de Team Building sont alors mises en œuvre pour assurer de la cohésion dans le groupe. « Il s’agit par exemple d’inventer des logos censés représenter la classe, puis d’en choisir un, vote à l’appui. »
Cette proposition de gestion des groupes, adoptée en cours de finance, s’est vue depuis diffusée auprès de toute la faculté des sciences économiques ; David Ardia souhaite également développer ces activités au sein d’HEC Montréal, qu’il a rejoint depuis peu.

 

 

Se voir de loin

De plus en plus utilisée aujourd’hui, la visioconférence donne la possibilité de suivre des cours à distance et de partager des enseignements. C’est le cas de certains cours de masters communs à l’UFC, l’UTBM et l’ENSMM, pour lesquels les étudiants n’ont pas à se déplacer d’un site universitaire à un autre. « Il s’agit de cours magistraux, le concept peut donc s’appliquer à toutes les disciplines, de l’ergonomie à l’histoire, de la mécanique au management. La seule contrainte est de disposer de salles parfaitement équipées », témoigne Sophie Bertonneau, ingénieure pédagogique à l’UTBM. En test actuellement pour rendre plus interactifs ces cours en visioconférence : des connexions établies avec les étudiants via leurs smartphones, afin qu’ils puissent poser des questions et interagir comme dans un cours classique.

Toujours dans l’idée de partager ses informations et de communiquer, les boîtiers de travail collaboratif permettent de connecter son ordinateur à l’écran d’une salle de cours pour une composition collective. Sophie Bertonneau explique que « les étudiants peuvent apporter des annotations sur les documents affichés et échanger leurs pratiques. Travailler en groupe est habituel pour nos étudiants ; ces outils sont un plus pour faciliter les échanges. » Si le dispositif évoque celui du tableau blanc interactif, ces boîtiers présentent l’avantage de se connecter à tout matériel et de fonctionner en wifi, des gages de simplicité et de réactivité.

L’innovation est de manière générale bien accueillie par les étudiants, notamment lorsqu’elle s’accompagne de technologie. Du côté des enseignants, l’innovation pédagogique fait aussi son chemin. Dans les deux cas, elle suscite parfois certaines réticences, car elle oblige à bousculer ses habitudes et à sortir de sa zone de confort. Auprès des étudiants comme des professeurs, la rénovation de l’enseignement ne saurait s’opérer sans évaluation : avancée de projets, perception des dispositifs mis en place, pérennité des actions entreprises… les résultats seront affichés au fil des années.

Bonne rentrée à tous !

 

Article extrait du n° 284, septembre-octobre 2019 de en direct.

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