Université de Franche-Comté

Les mécanismes de résistance de la vigne aux champignons pathogènes tels que la pourriture grise et le mildiou

La pourriture grise et le mildiou sont deux maladies de la vigne particulièrement répandues. Pourtant, certaines variétés de vignes résistent mieux que d'autres à leurs attaques. L'Institut de chimie de l'université de Neuchâtel, en partenariat avec la Station fédérale de recherches agronomiques de Changins (Agroscope RAC – Changins), dans le cadre du pôle de recherche national  survie des plantes Ÿ, cherche à mieux comprendre les mécanismes de défense mis en ¶uvre.

•  La pourriture grise est provoquée par un champignon, Botrytis cinerea qui libère une enzyme, la stilbene oxidase, dont l'action est d'oxyder les composés phénoliques des tissus des organismes hôtes. Comment la vigne parvient-elle parfois à inhiber cette enzyme ? C'est en étudiant les tannins des deux variétés de vigne, l'une résistante (Gamaret), l'autre sensible à la pourriture grise (Gamay), que les chercheurs ont réussi à décrypter le mécanisme de défense.

•  Les tannins contenus dans les baies de raisin sont connus pour leur pouvoir anti-oxydant (ils ont ainsi une action dans la protection des parois artérielles, par exemple). Ils ont, de la même façon, un pouvoir inhibiteur sur les enzymes du champignon. Si leur présence est détectée dans toutes les espèces de vignes, des différences dans la constitution de ces molécules semblent induire des résistances plus ou moins fortes. Les extraits de tannins purs sont constitués des tannins hydrolysables et des tannins condensés. Les premiers sont les proanthocyanidins épolymériques et les seconds les gallo-tannins.

• Pour caractériser ces molécules, opération rendue difficile par leur poids moléculaire important et leur polarité, l'équipe a mis au point une technique originale par spectrométrie de masse. Celle-ci a permis de fragmenter les extraits et de déterminer leur degré de polymérisation, exprimant la longueur et la complexité de la chaîne. Elle a ainsi découvert que les tannins de la variété résistante (Gamaret) sont 30 % plus polymérisés que ceux du Gamay, ceci quel que soit le degré de maturité des raisins.

•  La même équipe a également prouvé la présence d'une molécule, la d-viniferine, dans les feuilles infectées par le mildiou, autre fléau majeur de la vigne. Dimère du resveratrol (un composé phénolique connu pour ses propriétés anti-oxydantes et son effet préventif face à certains cancers), lui-même induit par les parasites, la d-viniferine est synthétisée par des peroxydases de la vigne. Elle présente de fortes activités anti-fongiques. Les recherches portent actuellement sur les mécanismes précis qui induisent la synthèse de cette molécule et sur son mode d'action.

•  Ces deux découvertes, en décryptant les mécanismes de défense propres à la vigne, participent à la lutte contre les champignons pathogènes chez les cépages résistants.

 

Raffaele Tabacchi
Institut de chimie
Université de Neuchâtel
Tél. 41 32 718 24 29
raphael.tabacchi@unine.ch

Roger Pezet
Agroscope RAC – Changins (Suisse)
Tél. 41 22 363 43 53
roger.pezet@rac.admin.ch

 

 

retour