Adeptes du loto, habitués des machines à sous ou fans de paris hippiques, qu’est-ce-qui fait courir les joueurs au bar du coin, au casino ou à l’hippodrome ? L’appât de gains hypothétiques ne serait qu’un prétexte, et le hasard et sa dimension sociale les véritables moteurs de la pratique du jeu. Une étude conduite par Audrey Valin dans sa thèse de doctorat en sociologie au laboratoire Culture, sport, santé, société (C3S), et qui lui a valu le prix Jeune docteur remis par l’université et la Région Franche-Comté en 2014. Cette récompense est à l’origine de la publication de l’ouvrage Les jeux de hasard et d’argent, paru en 2016 aux Presses universitaires de Franche-Comté.
Une enquête menée sur le terrain, une analyse poussée décortiquant l’univers de la Française des jeux, des casinos et du PMU : historique, part du marché, profil des joueurs, description des habitudes et rituels, significations sociologiques… Si l’on relève que les douze milliards d’euros bien pesés de recettes de la FDJ concernent plus de vingt-sept millions de français et vont toujours en augmentant, que les machines à sous représentent 91 % des gains des casinos ou encore que les moins de trente ans sont aujourd’hui gagnés par le virus du PMU, on apprend surtout comment le hasard peut ainsi motiver les foules.
Construction de l’imaginaire pour combattre l’angoisse de la mort et la conscience de la fragilité humaine, victoire d’une éthique qui prône l’immédiat et le ludique en opposition aux valeurs du long terme et de la raison prévalant dans la société, le hasard est tout cela à la fois. Le hasard, c’est la curiosité contre la routine, la pratique du jeu, un moteur d’action dans la vie quotidienne, et le joueur, une « incarnation de l’ambivalence humaine », qui à la fois a besoin d’ordre et de désordre.
Valin A., Les jeux de hasard et d’argent, étude sociologique autour de pratiques ludiques : Française des jeux, casinos, Pari Mutuel Urbain.
