Se déplacer prendra un tout nouveau sens à l'avenir. Entre la nécessaire protection de la planète et la fin annoncée de l'ère du pétrole, modifier les habitudes de mobilité professionnelle et trouver de nouveaux moyens de locomotion s'avèrent des priorités à court terme pour les flottes d'entreprises. Le projet européen MobyPost s'inscrit dans cette démarche. Initié et labellisé par le Pôle Véhicule du futur, porté par l'Institut Pierre Vernier (IPV) et impliquant les acteurs académiques et industriels de l'hydrogène en Franche-Comté, il a pour objet la mise au point de tricycles alimentés par une pile à combustible fonctionnant à l'hydrogène.
Concevoir de nouveaux véhicules capables d'utiliser des carburants non fossiles, tel est le défi que nous obligent à relever à la fois la nouvelle donne énergétique et les impératifs de protection de l'environnement. Promouvoir les véhicules du futur, une préoccupation essentielle du Groupe La Poste, qui, dressant un bilan carbone très négatif de son parc en particulier dû aux deux roues, souhaite s'orienter vers des véhicules moins polluants tout en restant adaptés à ses besoins. C'est ainsi que l'IPV, l'institut de transfert franc-comtois, se voit confier par la Commission européenne le pilotage d'un projet baptisé MobyPost, regroupant dix partenaires européens autour d'un contrat d'une durée de trois ans, pour un budget global initial de huit millions d'euros. L'idée : concevoir et fabriquer des tricycles n'émettant aucun CO2 pour la distribution du courrier quotidien. Des véhicules de nouvelle génération, puisqu'ils seront électriques, alimentés par une pile à combustible fonctionnant à l'hydrogène pur.
Imaginons le facteur du futur démarrer sa tournée… La veille, l'hydrogène a été produit par électrolyse de molécules d'eau via des panneaux photovoltaïques générateurs d'électricité, directement dans le périmètre des locaux du Groupe La Poste. Le tricycle est connecté durant la nuit aux réserves d'hydrogène ainsi accumulées pour remplir son propre réservoir qui alimentera en journée la pile à combustible (PAC) fournissant l'électricité nécessaire au moteur de traction. Le facteur rentre au terme d'une tournée à pollution zéro, sans émission de CO2 ni aucun bruit, il aura seulement produit quelques gouttes d'eau pure.
Si la mise en œuvre du système est viable, sa mise au point nécessite encore des travaux de recherche. Le réservoir du tricycle en premier lieu. Les conteneurs d'hydrogène imposent la contrainte de leur forme non conformable. Très lourds, ils sont constitués à 98 % de leur propre poids, 2 % seulement étant consacrés au gaz lui-même ! Ces réservoirs dits à hydrure métallique sont composés de métaux avides d'hydrogène, qu'ils absorbent sous certaines conditions de température et de pression. L'hydrogène est ensuite restitué et combiné à l'oxygène de l'air pour faire fonctionner la pile à combustible. Des défis technologiques de stockage que relèvera la jeune entreprise MaHyTech, récemment créée à Dole (39) et spécialisée dans les composites avancés dont le stockage des gaz et de l'hydrogène. L'Institut FC Lab de Belfort, dont les travaux sont dédiés entièrement aux systèmes de pile à combustible et leur intégration dans des conditions réelles d'usage pour le domaine des transports, est une référence en France et en Europe. Il interviendra pour MobyPost sur des paramètres fondamentaux de fluides, de démarrage à froid, de résistance aux vibrations de la pile… L'UTBM, quant à elle, s'attachera à une tâche essentielle pour l'acceptabilité des véhicules : l'ergonomie des tricycles, les dimensionnements énergétiques et l'instrumentation du véhicule.
Le contrat, qui devrait être finalisé en septembre, prévoit la fabrication de dix tricycles et de deux plates-formes de production et de recharge d'hydrogène sur le secteur comtois, pour un test en conditions réelles durant l'année 2013.
