Université de Franche-Comté

La manipulation met le sport KO  

Elle est en lice depuis les premières compétitions, mais ne doit pas l’emporter : en progression spectaculaire, la tricherie est un fléau dont le monde du sport entend bien triompher. Le point avec le CIES, en guise d’ouverture aux grandes rencontres programmées cet été.

 

Déjà les Jeux Olympiques de – 424 avaient vu les épreuves du pentathlon entachées par le comportement d’athlètes peu scrupuleux… La tricherie est vieille comme le monde antique, qui soumettait les fraudeurs à la vindicte populaire en érigeant des statues à leur effigie dans une « allée de la honte ». Deux mille cinq cents ans plus tard, elle nourrit des paris aux enjeux financièrement vertigineux, un phénomène devenu planétaire sous l’influence d’internet. Les sports les plus populaires sont les premiers touchés : football, tennis, courses hippiques, handball, cricket…, les paris représentaient une manne de cinquante milliards d’euros en 2012, tous sports… et sources confondus. Denis Oswald est directeur du Centre international d’études du sport (CIES) à Neuchâtel et membre du Comité international olympique (CIO). Il explique : « 80 % des sociétés de paris sont clandestines, installées dans des pays où il n’existe pas de réglementation. Or les paris sont à la base de la plupart des manipulations sportives, et les sociétés redoublent de créativité pour les multiplier ». Elles autorisent encore à parier au terme d’un premier set de tennis, et demandent quelle équipe de foot enverra la balle hors du terrain la première. Une surenchère qui se prête à toutes les malversations, un système dont les sportifs font aussi les frais.

Denis Oswald raconte l’histoire de ce footballeur d’origine africaine, jouant dans un club suisse de ligue 2. « Il connaissait des difficultés d’argent et n’a pas résisté aux 8 000 € qu’on lui a offerts pour mettre un corner dans les premières minutes de jeu, d’autant qu’il savait que cette action n’aurait pas d’incidence sur le résultat du match.

 

Le CIES, vingt ans en bref

Le CIES à Neuchâtel

Depuis son QG de Neuchâtel, le Centre international d’étude du sport rayonne dans le monde entier autour des activités de recherche, de formation et de conseil qu’il met au service de l’ensemble de la communauté sportive – Le CIES naît en 1995 d’un partenariat entre la FIFA, l’université de Neuchâtel, la ville et le canton de Neuchâtel – En 2000, il s’engage dans l’organisation d’un Master international en management, droit et sciences humaines du sport, qui entraîne une équipe de trente étudiants venus du monde entier à Leicester, Milan et Neuchâtel – En 2005, il se dote d’un Observatoire du football, qui, de rapports en statistiques, épluche le monde du ballon rond – Dix ans plus tard, le succès de l’observatoire est tel que le CIES accepte de le décliner au basket et au hockey sur glace – Pour marquer son vingtième anniversaire, le CIES organise début 2016 un colloque international sur la manipulation des compétitions sportives ; un rapport complet en sera publié dans les prochains mois.

 

Mais c’était mettre le doigt dans un engrenage qui allait le broyer. Sous le coup du chantage, il a dû accepter de commettre d’autres irrégularités. Il a fini par être confondu et condamné à une suspension définitive. »

D’après les enquêtes, nombre d’organisations de paris seraient infiltrées par le crime organisé, et se prêteraient, elles, aux jeux de l’évasion fiscale et du blanchiment d’argent. Devant l’ampleur du phénomène, le monde sportif réagit, et le politique lui emboîte le pas. Certains pays ont voté des lois spécifiques pour combler le vide juridique relatif à l’organisation de paris, et une convention proposée par le Conseil de l’Europe a déjà rassemblé plusieurs signataires autour d’un projet commun. Du côté de la prévention, les organisations sportives mettent en place des actions de sensibilisation, comme lors des Jeux Olympiques de la jeunesse où le CIO fait intervenir les plus grands noms du sport auprès des futurs athlètes. Un véritable challenge pour l’avenir.

Contact :

Denis Oswald

Centre international d’études du sport

Tél. +41 (0)32 718 39 00

www.cies.ch

 

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