Université de Franche-Comté

La LGV Rhin – Rhône, une nouvelle donne en Franche-Comté ?

Les cent quarante premiers kilomètres de la branche est de la LGV Rhin – Rhône s’apprêtent à prendre leur place dans la circulation ferroviaire. Cent quarante kilomètres favorisant les communications nord – sud en Europe, et l’accessibilité des villes de l’espace Rhin – Rhône entre elles, vers les métropoles du sillon rhéno-rhodanien et vers Paris.  

 

La LGV pose de nouveaux jalons sur le territoire comtois, et autant de questions quant à son impact sur le développement local. Des pistes suivies par le laboratoire ThéMA des universités de Bourgogne et de Franche-Comté grâce à un observatoire spécialement conçu à cet effet.

 

 

À l’échelle d’un aussi petit territoire que la région comtoise, la projection de modèles de cartographie pour comprendre une situation ou imaginer des scénarios de développement montre très vite ses limites. L’analyse se doit d’être plus fine que la mise en relation de différents paramètres par la superposition de cartes.

 

L’observatoire du laboratoire ThéMA est conçu pour apporter des réponses au plus près de la réalité de terrain. Il s’attache à évaluer les impacts de la LGV dans la région comtoise par le biais d’enquêtes qualitatives menées auprès des usagers et des acteurs du développement territorial, de l’exploitation de bases de données existantes ou constituées par des travaux de recherche propres, et de mesures spécifiques.

 

 

Gain de temps  : 8 minutes ou 1 h 12…

La mise au point d’outils de mesure permettra de calculer le temps global réel de transport entre deux villes : cette réflexion prend toute son importance pour les trajets ayant pour terminus des gares construites en périphérie des villes, en l’occurrence Auxon Dessous pour Besançon et Méroux-Moval pour Belfort. Elle tient compte du trajet gare / centre-ville, effectué par transports collectifs ou en automobile, et de l’incidence des données de trafic routier (majorations de temps aux heures de pointe). Il est d’ores et déjà possible d’estimer le meilleur moment pour voyager, en termes de temps, à l’intérieur d’une journée.

 

Ces analyses démontrent que les gains de temps, indiscutables, obtenus grâce à la grande vitesse, ne sauraient être un critère suffisant pour juger une situation. Les chercheurs illustrent ce postulat par un exemple à la fois explicite et étonnant : entre Besançon et Strasbourg, le gain de temps obtenu grâce à la LGV en 2012 par rapport à 2010 est estimé varier de 8 mn à… 1 h 12 ! Une telle amplitude s’explique selon que l’on prend en compte ou non le temps nécessaire en 2012 pour rejoindre la nouvelle gare TGV depuis Besançon, et si l’on se réfère au temps de trajet le meilleur ou le moins bon entre les deux villes en 2010 ou en 2012. Les scénarios demanderont donc à être évalués sinon au cas par cas, au moins autrement que dans une globalité trompeuse, pour pouvoir connaître les possibilités de la LGV et, par là même, mieux interpréter les modifications à venir dans les habitudes des Francs-Comtois. L’intérêt de la LGV Rhin – Rhône ne réside pas dans un abaissement puissant des temps de parcours (le gain entre Besançon et Paris est réel mais n’est pas spectaculaire), mais dans une mise en réseau effective de relations ferroviaires qui démultiplient les possibilités de déplacement par le train sur des destinations où, avant le TGV Rhin – Rhône, celles-ci étaient fortement concurrencées par l’emploi de l’automobile (Besançon – Lyon par exemple).  

 

 

La mobilité ferroviaire en examen

À la base de futures comparaisons, une enquête réalisée dans les gares de l’espace Rhin – Rhône auprès de 3 545 voyageurs dresse un état des lieux actuel de leur mobilité. Il met en avant l’importance des déplacements intérieurs à ce territoire, atteignant 61 % des flux. Cependant, 38 % des trajets sont effectués sur le reste de la France et sans surprise en majorité en direction de Paris (20 %), puis de Strasbourg (6 %) et de Lyon (4 %). Le 1 % restant concerne les destinations au-delà des frontières de l’hexagone.

 

 

Flux des voyageurs au sein de l'espace Rhin - Rhône 

 

 

Au sein de l’espace Rhin – Rhône, les flux de voyageurs suivent deux axes principaux. Le premier est formé des gares de Dijon, Dole, Besançon, Montbéliard et Belfort, le second s’établit entre Colmar, Mulhouse, Saint-Louis et Bâle. De nouvelles enquêtes sont programmées après la mise en place de la LGV pour étudier les éventuels changements de mobilité ferroviaire.

 

 

Du dynamisme pour les territoires  ?

La perspective de l’arrivée de la grande vitesse a-t-elle un impact sur la vie du territoire ? Les décisions prises par les acteurs économiques et politiques en sont-elles influencées ?

 

Des entretiens menés en Franche-Comté auprès des communautés d’agglomération, pays et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ont recensé plus de six cents projets. Ceux ayant trait aux transports, à la mobilité et à l’accessibilité révèlent naturellement un lien fort avec l’arrivée du TGV. À Besançon, les liaisons ferroviaires entre la gare du centre-ville et la nouvelle gare TGV, ainsi que les connexions au futur tramway constituent des dossiers d’importance.

 

Le désenclavement du territoire constitue pour le Nord Franche-Comté un enjeu majeur de l’arrivée du TGV. Sur les deux sites, la reconversion du quartier de la gare historique, tout comme les perspectives d’aménagement des espaces créés autour des nouvelles gares, sont aussi des points essentiels.

 

Les autres projets, initiés dans des domaines comme le développement économique, l’environnement, la culture et les loisirs et curieusement, même le tourisme, ne semblent que très peu prendre en compte les apports de la grande vitesse.

 

Enseignant-chercheur à ThéMA, Pascal Bérion en conclut que « les acteurs font preuve de pragmatisme et de prudence. Le TGV est un outil de transport, ce n’est pas lui qui crée le dynamisme du territoire… Mais c’est sur lui que s’appuiera le dynamisme existant. »

 

 

Contact : Pascal Bérion – Tél. (0033/0) 3 81 66 54 07 

Valérie Facchinetti-Mannone – Tél. (0033/0) 3 80 39 57 33

Laboratoire ThéMA

Université de Franche-Comté / Université de Bourgogne / CNRS

 

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