Amérique du Nord, milieu du XVIIIe siècle. Les deux jeunes puissances coloniales que sont la Grande-Bretagne et la France s’affrontent pour l’affirmation de leur suprématie sur fond de jalousie, de mensonge et de trahison, et déclenchent les hostilités avec une désinvolture manifeste. C’est le début de « la guerre de Sept Ans », qu’Edmond Dziembowski relate avec brio dans un ouvrage éponyme. L’épopée met en scène des colons et des Amérindiens, des souverains d’Europe et un futur président des États-Unis dans une pièce meurtrière et lourde de conséquences historiques que Churchill, avant d’autres, qualifiera de « première guerre mondiale ».
En 1754, l’officier français Jumonville succombe au coup de tomahawk que lui assène un Amérindien à la solde de George Washington, qui n’est encore que lieutenant-colonel dans l’armée de Virginie. La hache de guerre est déterrée entre la Grande-Bretagne et la France. Le conflit, dont les origines américaines sont officiellement datées de 1756, traverse ensuite l’Atlantique pour s’étendre à l’Europe, où il occasionne une savante recomposition d’alliances et voit Français, Autrichiens et Russes se mesurer aux Anglais et aux Prussiens avant de gagner le monde entier, et surtout l’Asie.
En 1763, la France capitule et perd son empire colonial, qui, du Canada à l’Inde, passe presque entièrement sous contrôle des Anglais. La suprématie navale et politique de la Grande-Bretagne devient indiscutable et préfigure le « XIXe siècle britannique ». La guerre de Sept Ans est aussi un déclic. Elle conduit les colonies d’Amérique vers le chemin de l’indépendance et contribue à l’affirmation de l’idée de citoyenneté dans la culture française, en réponse au discrédit des élites politiques ; 1789 n’est plus très loin… Et plus d’un siècle plus tard, les cinq puissances européennes alors en lice, toujours accompagnées de leurs rivalités, se retrouveront sur le théâtre de la Première Guerre mondiale, celle que l’Histoire retiendra sous ce nom…
« La guerre de Sept Ans » a valu le prix Chateaubriand 2015 et le prix Guizot 2015 de l’Académie française à son auteur, Edmond Dziembowski, enseignant d’histoire moderne à l’université de Franche-Comté et membre du Laboratoire des sciences historiques.
Dziembowski E., La guerre de Sept Ans, 1756-1763, éd. Perrin, 2015.