Université de Franche-Comté

La famille Chifflet, du Moyen Âge aux Temps Modernes


Au sein du laboratoire des Sciences historiques de l’université de Franche-Comté, un groupe de chercheurs étudie l’héritage laissé par les Chifflet. Ceux-ci n’ont pas seulement légué à Besançon le nom d’une rue, bien connue de l’université. Originaires du Comté de Bourgogne, actifs dans l’entourage des souverains à partir du XVIe siècle, farouchement opposés à la monarchie française, les membres de cette famille personnifient les liens qui unissent la Franche-Comté et les anciens Pays-Bas, Besançon et Bruxelles. Ils sont surtout célèbres pour leur très grande érudition, autre spécificité familiale. Ils se sont intéressés en effet à des domaines aussi variés que le droit, la médecine, l’histoire − l’un d’eux est l’auteur du Vesontio* −, la numismatique ou la grammaire et ont rassemblé une bibliothèque (manuscrits, archives, livres) d’une ampleur considérable. Le réseau de chercheurs qui s’est constitué a une vocation européenne, à l’image des liens tissés par les Chifflet, notamment avec les anciens Pays-Bas et les États italiens et espagnols.
• Six axes de recherche sont proposés :
– la famille Chifflet. Il s’agira d’étudier les alliances matrimoniales, le rôle des femmes, l’implantation des Chifflet à Besançon et à Bruxelles, les Chifflet par eux-mêmes à travers les représentations iconographiques, les discours, la cohésion et les stratégies familiales (le choix des parrains, accessible par les registres de baptême, peut en donner une idée)
– érudition et humanisme. Les Chifflet sont représentatifs d’un certain esprit de curiosité qui les porte vers l’archéologie (en étudiant la tombe de Childéric, ils ont inauguré les fouilles archéologiques), l’épigraphie, la numismatique et la bibliophilie. Les publications familiales, correspondances, collections, bibliothèques, relations avec les imprimeurs (cf. Plantin à Anvers), avec les humanistes, avec les Bollandistes, avec la congrégation de Saint-Vanne (abbayes de Faverney, de Saint-Vincent de Besançon…) permettront de comprendre la diffusion et la transmission du savoir au sein et à partir de cette famille
– les Chifflet juristes et médecins. Comment les arts libéraux ont-ils permis la promotion sociale d’une famille ? Les lieux de formation (Dole, Padoue, Louvain…), les lieux d’exercice et le rôle au sein du Parlement seront étudiés, ainsi que la publication des textes des coutumes (Comté de Bourgogne, Besançon, Saint-Claude, Luxeuil…) et le droit canon

– la religion des Chifflet. Leur sensibilité (le choix de la Société de Jésus), ainsi que leur production religieuse (ouvrages de piété, ouvrages relatifs aux reliques, au Saint Suaire) seront analysées pour éclairer le rôle qu’ils ont tenu dans l’Église (aumôniers, chapelains, prieurs, chanoines, moniales…)
– les Chifflet et le pouvoir. Quels impacts ont-ils eu dans l’entourage des souverains : fonctions, rôles, missions diplomatiques ? Comment s’expriment le sentiment d’identité comtoise, leur rapport à la cité impériale de Besançon et en même temps la fidélité aux Habsbourg ?
– les Chifflet et l’histoire. Il s’agit ici d’étudier la perception du passé (l’Antiquité et le Moyen Âge à travers les oeuvres et les collections) mais aussi l’écriture de l’histoire : les oeuvres historiques écrites et publiées, les pérégrinations des oeuvres et des collections, ainsi que la méthode historique de Pierre-François Chifflet.
• Les actions envisagées prennent plusieurs formes et concernent d’abord l’inventaire des sources manuscrites, le catalogue des sources imprimées et le repérage des sources iconographiques. Des approches prosopographiques** des érudits, des religieux et religieuses pourraient constituer un dictionnaire. Les bibliothèques et services d’archives partenaires du projet pourront organiser des expositions. Les visites des lieux de mémoire Chifflet sont proposées dans le cadre des journées d’étude et des colloques.
• Le laboratoire des Sciences historiques organise les différentes activités en partenariat avec la Bibliothèque d’étude et de conservation de Besançon, les Archives municipales de Dole, de Besançon et de Saint-Claude, la Bibliothèque Mgr de Grammont, les Archives départementales du Doubs, l’université de Bourgogne, le Séminaire épiscopal de Tournai, l’université libre de Bruxelles, l’Institut des sources chrétiennes (Lyon), les Archives générales du Royaume de Belgique, les Archives diocésaines de Besançon et de Lons-le-Saunier, l’université catholique de Louvain, et d’autres institutions publiques ou organismes privés qui souhaiteraient participer. Deux journées d’étude ont déjà eu lieu, en mars, à l’UFR des Sciences du langage, de l’homme et de la société de Besançon, pour définir le programme d’activité, et en juin, au château de Montmirey (Jura). La prochaine rencontre sera organisée à la Bibliothèque diocésaine de Besançon, rue Mégevand, le samedi 13 novembre 2004.
Les différents exposés prévus seront centrés sur les deux Philippe Chifflet, à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle. La participation est accessible à toutes et à tous mais l’inscription est obligatoire.

 

Paul Delsalle – Laurence Delobette
Laboratoire des Sciences historiques
Université de Franche-Comté
Tél. 03 81 66 54 33 / 06 85 33 91 81
paul.delsalle@univ-fcomte.fr

 

 

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