L'éco-conception définit une certaine façon de concevoir des produits qui intègre une dimension environnementale. Elle est fondée sur la prise en compte de toutes les étapes du cycle de vie d'un produit : matières premières, fabrication des composants et du produit, distribution, utilisation, recyclage ou valorisation du produit usagé… Pour chacune des situations de vie, l'ensemble des impacts environnementaux (consommations de matières premières et d'énergie ; rejets dans l'eau, l'air, le sol, production de déchets ; transformations des milieux naturels et du cadre de vie) est analysé. Plusieurs outils existent pour déterminer un profil environnemental, le plus abouti étant l'analyse de cycle de vie (norme ISO 1404x). Différentes étapes sont nécessaires à sa mise en oeuvre : définition de l'objectif (amélioration d'un produit existant ou conception d'un nouveau produit) et du périmètre de l'étude ; identification des étapes du cycle de vie du produit ; inventaire des flux de matière et d'énergie entrants et sortants ; évaluation ou traduction de ces flux en terme d'impact potentiel sur l'environnement ; proposition de pistes d'améliorations. Un cas pratique, appliqué aux professions du « froid » et du « conditionnement d'air », a été réalisé. Périmètre de l'étude. Deux produits génériques ont été retenus pour l'étude : une cassette et une pompe à chaleur. Analyse du cycle de vie (ACV). Elle considère les matériaux utilisés, l'impact lors de la fabrication des fluides frigorigènes et des huiles, la consommation d'énergie, l'utilisation et la fin de vie de l'appareil ainsi que la destruction des fluides et des huiles. Identification des impacts et de leur origine. Les évaluations concluent que si l'on prend en compte l'ensemble du cycle de vie des produits et les impacts « consommation de ressources énergétiques », « effet de serre » et « destruction de la couche d'ozone stratosphérique », la phase d'utilisation (consommation des fluides et de l'énergie) est la principale source d'impact environnemental. L'autre enjeu est lié à la fin de vie et au recyclage des produits. Approfondir ces deux thèmes devrait donc permettre de couvrir l'ensemble des impacts environnementaux significatifs pour le secteur de la climatisation et d'élaborer des outils pertinents et simples d'utilisation pour les concepteurs. Pistes de conception pour réduire l'effet indirect, lié à l'énergie consommée en phase d'utilisation du produit. La nature du fluide frigorigène utilisé est essentielle pour l'optimisation du coefficient de performance (COP = Production thermique / Consommation électrique). Le passage du fluide R22 au R407C s'accompagne d'une dégradation du COP de 5 % pour un climatiseur récent. Un nouveau changement de fluide peut avoir des conséquences encore plus fâcheuses. Exemple de pistes pour réduire l'effet direct, lié aux émissions de gaz réfrigérants dans l'atmosphère. À la conception, il est possible d'agir sur les quantités de réfrigérants, en améliorant les rendements thermiques des échangeurs de chaleur, et sur les longueurs de conduites nécessitant une purge. À l'assemblage, le mode de soudure (brasures sous flux d'azote, avec un fort pourcentage d'argent, de l'ordre de 35 %) a une influence. La récupération de fluides sur l'installation (recharge ou collecte en fin de vie) peut être améliorée techniquement et en formant des techniciens qualifiés pour cette tâche. Cette étude a apporté un éclairage nouveau aux industriels et leur a fait prendre conscience de la position qu'ils occupent dans le cycle de vie de leur produit. De nouvelles perspectives se sont ouvertes pour intégrer des considérations environnementales dès la conception, au moment où le champ des possibilités techniques est le plus grand.
Stéphane Leclercq
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