Du printemps arabe vécu via les réseaux sociaux aux dernières rumeurs de liaison de Carla Bruni en passant par une prise d’otage live, internet est partout, se saisit de tout et relate tout… et n’importe quoi ? Informations, témoignages, commentaires, photos sont assenés en temps réel sur la toile, des coups portés parfois trop vite. Dans un contexte de concurrence exacerbée, de facilité et de liberté d’expression, la bagarre est rude. C’est à celui qui frappera le premier, parfois au prix de la valeur de l’information. Une situation que décrypte Luc Debraine, journaliste à L’Hebdo (Lausanne) et enseignant à l’Académie du journalisme et des médias de l’université de Neuchâtel. « C’est formidable de recevoir une photo de Damas, même en mauvaise définition, car elle constitue un témoignage capital et répond à un véritable besoin de connaissance. À côté de cela, il faut ralentir la course effrénée qui régente le net et prendre le temps de vérifier l’information ! »
Ce principe de base du métier pourrait sembler intouchable quels que soient les médias, qui ne sont que des instruments de diffusion au service d’un contenu. « Mais le web n’est pas rentable, ce qui incite à lui assigner des rédactions avec peu de moyens, des journalistes peu formés, des équipes réduites. » Même les grands noms de la presse présents sur le net font deux poids deux mesures et n’appliquent pas le même code de déontologie d’un média à l’autre, avec des informations contrôlées pour leur publication papier, diffusion télévisée ou radio, et d’autres proches du ragot sur le web. « Cet état de fait a cependant tendance à s’améliorer, car les titres commencent à adopter des rédactions uniques. » Il n’en reste pas moins que de nombreux vecteurs de communication complètent désormais celui du journalisme professionnel, à qui ils s’opposent parfois. « Chacun peut communiquer sur un sujet qui le passionne. Le problème est que tout est mis au même niveau, la parole de l’expert comme le commentaire du blogger ou l’information du journaliste. » Cependant, nombre de sites se sont déjà fait un nom, et défendent une qualité journalistique certaine, comme le Huffington Post, récompensé par un prix Pulitzer en avril dernier.
À n’en pas douter, le monde de l’information change. Mais Luc Debraine insiste sur le fait que, même si quelques expériences navrantes sont à déplorer, notamment provenant de journaux et de sites gratuits, même si pour attirer et fidéliser le consommateur, l’information s’enrobe parfois de faits divers et de sujets people racoleurs, la qualité est toujours d’actualité. Tout comme, parallèlement au vent de fronde que représente le net, la liberté éditoriale de la presse traditionnelle continue d’exister, et la vente d’espaces publicitaires n’empêche pas d’égratigner leurs annonceurs en rédaction ; tout comme des magazines peuvent naître d’une collaboration avec des institutions sans en être la vitrine publicitaire ; tout comme, enfin, le talent, le courage et l’impertinence s’affichent toujours à la une de journaux qui n’ont rien à envier à leurs collègues dissidents du net. De quoi désavouer les détracteurs de la presse traditionnelle affirmant que le quatrième pouvoir a vécu.
Par ailleurs, la concurrence des amateurs bénévoles peut se montrer positive, car elle oblige le professionnel à aller vers plus d’exigence. Et c’est là qu’il peut faire valoir sa plus-value, à travers sa faculté d’écriture et la qualité de sa recherche d’informations. « Le journalisme d’investigation est inaccessible à l’amateur et de manière générale à la plupart des sites gratuits, car il faut du temps et des moyens » souligne Luc Debraine. Malgré quelques exemples de financement aux USA par des mouvements philanthropiques, il reste l’apanage des professionnels de la presse prêts à investir dans ce créneau, et des consommateurs décidés à payer le prix d’une information jugée essentielle pour le débat démocratique.
Le journalisme d’investigation pourrait bien marquer une fracture sur un marché de plus en plus segmenté, avec, pour schématiser, d’un côté une information de base, gratuite, et de l’autre une information de qualité, payante, à laquelle seule une fraction de la population aura accès. Le monde de l’information change, certes. Peut-être s’oriente-t-il vers une information à deux vitesses…
Pionnier dans son domaine lorsqu’il naît en juin 1987 en France, en direct tisse des liens depuis vingt-cinq ans entre la sphère académique et le monde socio-économique. Journal de transfert scientifique et technique, sa vocation première est de faire connaître aux industries et collectivités locales les travaux de recherche menés dans les laboratoires, et diverses actualités de ses partenaires.
Édité par l’université de Franche-Comté, en direct bénéficie de la collaboration de l’école nationale supérieure de mécanique et des microtechniques de Besançon (ENSMM), de l’université de technologie de Belfort – Montbéliard (UTBM), de l’université de Neuchâtel et de l’institut de transfert Pierre Vernier. Il reçoit par ailleurs le soutien de la Région Franche-Comté, du Conseil général du Territoire de Belfort, de la DIRECCTE et de la DRRT.
De la fabrication rapide de pièces métalliques massives à la production de vitamines par les plantes, en passant par la traduction automatique des langues, les répercussions de la LGV sur l’aménagement du territoire, la réalisation de panneaux solaires à colorants ou l’intégration de systèmes intelligents dans la matière…, l’innovation, la qualité et la richesse de l’ensemble des travaux scientifiques trouvent leur place dans ses pages. Les articles sont relus et validés par les chercheurs, les ingénieurs, les techniciens et les enseignants concernés, garants de leur contenu scientifique. Le journal en direct est édité à 6 700 exemplaires dans sa forme papier, et décliné à l’identique dans sa version électronique.
Contact : Luc Debraine
Académie du journalisme et des médias
Université de Neuchâtel
Tél. +41 (0)22 799 58 77