Concilier talents d’ingénieur et passion de la musique dans son activité professionnelle ? Un rêve pour certains, une réalité pour Yann Cherdo qui, « musicien depuis toujours », bientôt au terme de ses études à l’ENSMM, vient de créer une société avec le luthier bisontin Hervé Prudent.
Avec un double objectif : donner un coup d’accélérateur à la production de l’artisan grâce à de nouvelles techniques de fabrication, et améliorer la connaissance des instruments pour augmenter leurs performances acoustiques. L’art et la technologie mêlés au plus haut niveau d’exigence…
Héritiers d’un patrimoine séculaire en Europe de l’Ouest, trois cents luthiers continuent à fabriquer violons et autres guitares en France.
Dans cet univers dédié à l’harmonie, les instruments à cordes frottées comme le violon sont restés en marge des évolutions artistiques. Alors que les musiciens combinent différents styles et que les cordes s’invitent sur la scène électro-pop, le violon de facture classique né dans les ateliers traditionnels n’est plus au diapason.
Luthier à Besançon, Hervé Prudent, sans doute grâce à un parcours sortant des sentiers académiques, a, lui, créé plusieurs modèles de violons en phase avec les inspirations des dernières décennies, mais dans une production restée confidentielle. C’était sans compter sur l’ambition de Yann Cherdo, qui croise un jour sa route.
Le violon MIDI, une création du luthier bisontin Hervé Prudent
Étudiant à l’ENSMM où il prépare un diplôme d’ingénieur, option vibroacoustique, Yann Cherdo est aussi passionné de musique, pianiste et guitariste. Cette conjonction lui donne les moyens d’imaginer de nouveaux procédés de fabrication pour développer la production du luthier, alimenter le marché français et enfin gagner l’international.
L’idée fait son chemin jusqu’à la plateforme partenariale de l’ENSMM, où le jeune étudiant et le maître artisan disposent des moyens nécessaires pour élaborer leur projet, concrétisé en juillet dernier par la création de la société BECARRE SAS qui développe la marque HP Lutherie.
Ce parcours pour le moins original est remarqué et soutenu par diverses institutions, il a notamment été récompensé par un prix jeune espoir de la fondation Norbert Ségard et a obtenu un prix Émergence de la part de Bpifrance.
Mais rationaliser la production n’est pas le seul objectif de la toute nouvelle société.
« Nous voulons développer de nouveaux instruments, travailler leur acoustique et toujours mieux comprendre leur architecture vibrante. » Des procédés innovants sont dans les tiroirs, comme l’étude de nouveaux matériaux composites, ainsi que la réalisation de collages du bois par friction.
L’art et la technique au plus haut niveau d’exigence… une ambition et un credo partagés, sur lequel construire et poursuivre la belle aventure de l’ingénieur et du luthier.