Université de Franche-Comté

Faire un peu de ménage dans l’espace

Les débris spatiaux en orbite autour de la Terre

Depuis 1957 et le lancement du premier Spoutnik dans l’espace, des fragments de fusées, des morceaux de panneaux solaires, des outils oubliés traînent autour de la Terre. A priori ces débris ne dérangent pas grand monde, sauf que, lancés à une vitesse de 30 000 km/h, ils peuvent endommager des capsules en mission ou même la Station spatiale internationale, qui régulièrement revoit sa trajectoire pour éviter les plus gros et doit parfois colmater quelques brèches de carrosserie. Et de tels débris, pas toujours détruits lors de leur passage dans l’atmosphère, peuvent faire craindre aux Terriens que le ciel leur tombe sur la tête : 5 gros morceaux d’un lanceur Delta 2, dont un réservoir de 250 kg, sont tombés à proximité d’une ferme au Texas, un morceau de l’étage supérieur de Falcon 9 a traversé un toit au Mexique, un autre a démoli une cabane en Indonésie, une sphère en titane d’Ariane a atterri dans un jardin en Ouganda après avoir passé 19 ans dans l’espace…

 

Toujours plus de déchets en orbite

Par ailleurs, le nombre croissant de satellites envoyés autour de la Terre, à la fois motivé par une connectivité toujours plus grande de notre monde et par l’accès de grandes sociétés privées à l’espace, auparavant terrain de jeux exclusif des États, laisse augurer d’une augmentation des déchets. Tous ces constats ont été dressés notamment par Christophe Bonnal, expert au CNES ; ils ont conduit une équipe d’économistes, dont Sylvain Béal et Marc Deschamps au CRESE, à analyser des solutions pour contrôler la prolifération des déchets dans l’espace et à anticiper leur coût : « Il s’agit de mettre un savoir constitué par les économistes au service de cette cause, un domaine d’application qui jusqu’à maintenant n’a que peu été exploré. »

Rentrée d’un étage Delta 2 au Texas (réservoir) – Janvier 1997

Actuellement, plusieurs options sont possibles pour se débarrasser des résidus indésirables. Les satellites devenus inutiles, par exemple, peuvent être redirigés vers la Terre dès lors que du carburant a été prévu pour cette opération : ils seront désintégrés lors de leur passage dans l’atmosphère. À l’inverse, les repousser vers des orbites poubelles est évoqué, avec le risque sous-jacent de déplacer le problème plutôt que le solutionner. Une telle option n’est autorisée aujourd’hui que pour l’orbite géostationnaire. Créer une usine spatiale de traitement des déchets semble également concevable, de même que récupérer certains débris par des filets ou à l’aide de pinces. Pour démontrer la faisabilité économique de ces propositions, les économistes mettent au point des modèles tenant compte du nombre de déchets répertoriés dans l’espace et de leur taille. Une tâche complexe : rien que dans leur catégorie, les satellites peuvent varier de quelques dizaines de cm3 à la taille d’un bus… Les chercheurs élaborent des scénarios à partir de deux grandes options possibles, l’une s’appuyant sur l’intervention d’une structure internationale neutre pour gérer les envois dans l’espace, l’autre préconisant la mise en place de droits à polluer, et donc de taxes à payer proportionnellement à ce qui est envoyé, dans une organisation plus libérale. La viabilité économique de ces scénarios entre pleinement dans une réflexion qui n’en est qu’à ses balbutiements, alors même qu’il n’existe pas encore de véritable convention internationale impérative sur la gestion des déchets dans l’espace.

Contact(s) : CRESE - Centre de recherche sur les stratégies économiques - UFC
Sylvain Béal / Marc Deschamps
Tél. : +33 (0)3 81 66 68 91
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