Université de Franche-Comté

Faciliter les dépistages des cancers de la peau


On s'attend, en France, à ce qu'une personne sur cinquante soit confrontée à un mélanome d'ici 2010*. Or, un dépistage précoce des mélanomes malins augmente considérablement les chances de guérison. Parmi les techniques de dépistage, la surveillance des grains de beauté (nævus) est précieuse, puisque 30 % des mélanomes sont dus à leur évolution. Rendre le suivi des grains de beauté plus aisé est donc une voie prometteuse pour réduire l'incidence des tumeurs malines.
Aujourd'hui, un rendez-vous chez le dermatologue, avec un délai de quelques mois, est le seul moyen pour faire examiner un nævus inquiétant. Bientôt, des appareils spécifiques pourront être installés dans les pharmacies ou chez le généraliste. Ils prendront une photo du grain de beauté pour l'envoyer dans une base de données, où elle sera consultée par un spécialiste.
• Tel est l'objectif du projet DECOPREME (pour dépistage collaboratif précoce des mélanomes), fruit d'une collaboration entre les services de dermatologie des CHU de Besançon et du canton de Vaud (Suisse), du laboratoire d'informatique (LIFC) et du laboratoire d'ingénierie et de biologie cutanée de l'université de Franche-Comté. Ils sont actuellement réunis au sein d'un projet Interreg (financement européen), qui doit étudier la faisabilité d'un tel concept. Si l'idée est séduisante et simple, la mise en ¶uvre présente de nombreux challenges qui relèvent tant d'aspects techniques que de questions médicales et déontologiques.
• Le premier verrou à lever concerne la prise d'image. Pour qu'elle soit exploitable ensuite par des traitements numériques, elle doit respecter des conditions spécifiques en termes de résolution, de prise de vue, de cadrage, de luminosité…

Comment s'assurer que les critères soient bien respectés alors que les photographes sont nombreux et disséminés sur le territoire ? En créant une lentille spécifique rétroéclairée pour permettre une lumière à la fois suffisante et constante. STATICE SANTÉ a en charge de concevoir ce dispositif.
Une fois l'image du grain de beauté prise, elle est envoyée, via un réseau sécurisé, sur une plate-forme de travail collaboratif développée par le LIFC. Intégré à celle-ci, un logiciel de traitement de l'image, créé par le CHUV de Lausanne, permet d'établir une aide au diagnostic. Il analyse en effet les caractéristiques du grain de beauté, son contour, sa couleur, sa grosseur, sa forme, critères qui peuvent discriminer un nævus inoffensif d'un mélanome malin. Parallèlement au diagnostic, une base de données se constituera progressivement pour assurer un suivi régulier et important des mélanomes et aider ainsi la recherche médicale. Le stockage de cette masse de données est assuré par ID — Informatique et Développement nouvelles technologies SA —, une société spécialisée dans les solutions logicielles. Les dermatologues peuvent alors établir rapidement un diagnostic sur la base de ces premières informations.
• Si, de l'étude de faisabilité, qui va également apprécier les problèmes déontologiques, il ressort que ce système est souhaitable, un nouveau programme verra le jour pour la réalisation, très certainement porté par COVALIA INTERACTIVE, une future entreprise en phase d'incubation émanant du LIFC et valorisant les travaux du laboratoire sur le travail collaboratif.

* Si des facteurs de risques génétiques ou phénotypiques existent,  l'exposition aux UV, notamment pendant la petite enfance, est reconnue comme un élément déclencheur sur lequel il est possible d'intervenir.

 

Jean-Christophe Lapayre
Laboratoire d'informatique de Franche-Comté
Université de Franche-Comté
Tél. 03 81 66 64 56
jean-christophe.lapayre@univ-fcomte.fr

 

 

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