Université de Franche-Comté

Enseignement supérieur et territoires. L'exemple de l'université de Franche-Comté


Quelles interactions existent entre une université et les territoires dans lesquels elle s'inscrit ? Quel est le rôle d'un tel établissement d'enseignement supérieur dans l'aménagement et le développement du territoire régional ? Pour répondre à ces questions, une thèse a été menée au laboratoire ThéMA − Théoriser et modéliser pour aménager − en s'appuyant sur l'exemple de l'université de Franche-Comté.
• L'analyse débute par une présentation générale de la construction de l'espace universitaire français puis précise l'évolution historique et géographique de l'université de Franche-Comté. Celle-ci accueille aujourd'hui près de 20 000 étudiants, soit presque dix fois plus qu'en 1960. Pour faire face à cette puissante augmentation des effectifs, elle a dû accroître ses capacités d'accueil. L'extension du patrimoine immobilier s'est traduite par une diversification des sites à Besançon et par un essaimage géographique de certains enseignements au profit des autres villes de la région : Belfort, Montbéliard, Vesoul et plus récemment Lons-le-Saunier.
• Une deuxième partie étudie les mobilités étudiantes. L'université de Franche-Comté se définit prioritairement par un recrutement local. En moyenne, 80 % de l'effectif provient des départements comtois, mais cette proportion se réduit avec l'avancement dans les études (elle n'est plus que de 68 % en troisième cycle). Malgré la présence de cet établissement d'enseignement supérieur, les jeunes originaires de Franche-Comté n'étudient pas tous en région. Le degré de polarisation régionale est d'ailleurs assez faible ; le taux de sédentarité est inférieur à 75 %. Ce constat n'est guère surprenant, l'université étant implantée dans une région à vocation industrielle soumise à une forte attraction des territoires voisins. Ce contexte a invité à mettre en évidence les facteurs susceptibles d'expliquer les départs de jeunes comtois et l'arrivée d'étudiants en Franche-Comté. Quelle que soit la destination, la décision de migrer est étroitement liée à la conjugaison de facteurs socio-démographiques et de caractéristiques relatives à la carte des formations et au maillage territorial. Toutefois, l'analyse fine des mobilités montre que le profil des arrivants en terre comtoise n'est aucunement comparable à celui des partants*.
• Le rôle de l'université sur le territoire ne se limite pas à une offre localisée de formations supérieures. Elle est également un acteur de l'économie locale. À travers l'étude de deux facettes de l'impact socio-économique de cet établissement, la troisième partie de ce travail a permis de montrer l'intensité des relations qu'une université entretient avec son territoire. Dans un premier temps, le rayonnement de ses laboratoires a été étudié à partir des caractéristiques des contrats de recherche qu'ils ont engagés entre 1997 et 1999. Ces données ont été mises à disposition par les institutions qui en assurent la gestion (l'université de Franche-Comté, le CNRS et l'association Inter-Unec). Cette recherche contractuelle, reflet des engagements de l'université dans le monde socio-économique, peut s'opérer avec des partenaires publics ou des entreprises privées.

D'un point de vue financier, les collaborations avec les structures publiques occupent la place la plus importante (60 % des ressources**). L'Union européenne, les collectivités locales et territoriales ainsi que l'État et les ministères figurent parmi les principaux partenaires. Les relations avec le secteur privé sont, quant à elles, particulièrement développées avec les fabricants de matériel de transport, les industries chimiques et les fabricants d'équipements électriques et électroniques. Qu'ils soient publics ou privés, la plupart des commanditaires sont localisés en Île-de-France***, en Franche-Comté et à l'étranger. D'un point de vue disciplinaire, l'origine des sommes contractualisées est très variable d'un secteur de recherche à l'autre. La répartition des montants publics et privés est plus ou moins équilibrée dans les secteurs de recherche des  sciences dures Ÿ, alors qu'en sciences humaines, les relations se tissent quasi-exclusivement avec des structures publiques.
• L'étude des retombées des modes de vie des étudiants sur l'économie régionale est une autre façon de mesurer l'impact d'une université dans sa région. Aussi, une enquête a-t-elle été réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 2 600 étudiants. Une caractéristique majeure de la population estudiantine tient dans le phénomène de décohabitation, c'est-à-dire l'installation dans un logement autonome par rapport au domicile parental. À l'université, 68 % des étudiants décohabitants résident dans un logement indépendant, ce qui conduit à une demande locative théorique de 22 millions d'euros. La distance du lieu de formation au domicile familial est l'un des facteurs prépondérants à la décohabitation, avec des retours fréquents à la ville d'origine, qui s'espacent au fur et à mesure de l'avancée en âge. Comment se déplacent ces étudiants, à quel rythme fréquentent-ils les commerces, quelles sont leurs pratiques alimentaires, culturelles, sportives et de loisir ? Si la ville universitaire attire de nombreux étudiants, ceux-ci en retour modèlent et influencent la dynamique de cet espace. Bien que l'automobile soit le mode de locomotion le plus emprunté pour se rendre à l'université, les transports en commun sont également bien utilisés. D'ailleurs, la formule  Campus Ÿ, proposée par la Compagnie des transports bisontins au public étudiant, enregistre 30 % des recettes abonnements en 2000. Leur consommation se fait de façon privilégiée, mais non exclusive, dans la ville universitaire − et surtout le centre-ville − participant ainsi à son dynamisme, alors qu'elle est désertée par les ménages qui préfèrent les commerces péri-urbains. Enfin, les sorties et activités sportives, pratiquées par plus de la moitié des étudiants au moins une fois par semaine, procurent à la ville des ressources économiques et des animations socio-culturelles. Indéniablement, la population étudiante a un impact positif sur les villes l'hébergeant ; en terme socio-économique bien sûr, mais aussi en répercutant une richesse culturelle propre aux universités.

 

Florence Cuney
Laboratoire ThéMA
Université de Franche-Comté
Tél. 03 81 66 53 49
florence.cuney@univ-fcomte.fr

 

 

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